Tout est une question d’équité.

Il faudrait vraiment avoir vécu en ermite pour ne pas être au courant du débat qui fait rage au sujet des taux de redevances et de la valeur de la musique dans le monde en constante évolution de la musique numérique et en ligne. En fin de compte, la question est simple: «Qu’est-ce qui est équitable?» De toute évidence, la chaîne de valeur du monde de la musique comprend de nombreux maillons importants et, dans un écosystème où règne le respect, toutes les parties doivent se partager équitablement les revenus qui sont générés. Sans les artistes et leurs chansons, les maisons de disque et les services musicaux qui distribuent et facilitent l’accès à cette musique, notre monde serait un endroit bien triste et silencieux.

L’importance de la musique dans notre évolution et nos civilisations remonte à l’aube de l’humanité. En d’autres mots, la musique existait bien avant l’industrie de la musique, et elle existera encore bien après que les méthodes actuelles de diffusion seront devenues archaïques et primitives.

Tout comme la musique et son industrie ont survécu à toutes ces transitions, nous survivrons aussi, en innovant et en nous réinventant.

L’industrie telle que nous la connaissons est née et a évolué au cours du dernier siècle, même si les droits d’exécution et l’édition musicale ont vu le jour vers la fin du 16e siècle. Tout au long du 20e siècle, des modèles d’affaires ont pris forme et les rôles respectifs des créateurs, des musiciens, des éditeurs, des radiodiffuseurs et des maisons de disque sont devenus ce que nous connaissons aujourd’hui, pour le meilleur et pour le pire. Il n’en demeure pas moins que nous reconnaissons à peine cette industrie, aujourd’hui, tout comme nous l’avons fait à chaque changement technologique majeur qu’elle a traversé, que ce soit du passage des pianos mécaniques aux enregistrements phonographiques ou de l’ère de la radio à l’ère d’Internet.

Mais tout comme la musique et son industrie ont survécu à toutes ces transitions, nous survivrons aussi, en innovant et en nous réinventant, en bâtissant sur ce que les systèmes en place ont de meilleur tout en trouvant de nouvelles voies qui puissent, espérons-le, traiter tous les ayants droit équitablement, de manière transparente et respectueuse.

La plupart de ces nouveaux services de diffusion musicale numérique, bien qu’ils ne soient pas encore profitables — ou très peu —, génèrent malgré tout des millions de dollars pour leurs actionnaires et leurs hauts dirigeants, mais alimentent très peu la chaîne de valeur en faveur des créateurs. De même, les fournisseurs majeurs de service Internet, qui sont instrumentaux à la libre circulation de la musique et des autres propriétés intellectuelles, profitent grassement de cette circulation et ne contribuent rien en retour.

Il ne fait aucun doute que la situation actuelle doit changer. Lors d’un récent congrès du CIAM (Conseil international des créateurs de musique) à Nashville, un rapport intitulé Fair Compensation for Music Creators in the Digital Age commandité par Music Creators North America (MCNA) ainsi que d’autres alliances internationales de créateurs et avec le soutien de la SOCAN, a été déposé. Ce rapport, qui s’inscrivait dans l’initiative Fair Trade Music, a immédiatement été entériné par la CISAC (Confédération internationale des sociétés d’auteurs et compositeur). Ses principales conclusions démontraient que jusqu’à 80 pour cent des revenus générés par les services de diffusion en continu devraient être versés de manière transparente aux ayants droit, et il recommandait également une répartition 50-50 en ce qui a trait aux compositions et aux enregistrements. Bref, ce rapport pointait sans ambiguïté vers une approche juste et irréprochable de la redéfinition du concept d’équité.

Alors que ce débat continue, il est désormais grand temps que tous regardent dans la même direction afin que nous retrouvions notre chemin.