L’année 2009-2010 aura été riche et faste pour le compositeur, pianiste et éminent pédagogue Gilles Tremblay. Pour ses 50 ans de créations, c’est toute la communauté de la musique contemporaine québécoise, créateurs et interprètes, qui soulignait l’importance de l’œuvre de ce pilier dans une grande Série Hommage  initiée par la SMCQ et ses partenaires. Au fil des quelque 55 concerts et événements qui mettaient tous au programme une œuvre de Gilles Tremblay, plus de 40 000 personnes auront entendu sa musique, un véritable cadeau ! La SOCAN soulignait aussi cet anniversaire en remettant à Gilles Tremblay le Prix Jan V. Matejcek pour la nouvelle musique classique à son récent gala.

Comment donc s’est senti Gilles Tremblay en réentendant les œuvres qui ont jalonné sa carrière ? « J’étais très heureux de pouvoir entendre à nouveau des pièces récentes, mais aussi plus anciennes, qui ont été composées il y a plus de 30 ans !, explique Gilles Tremblay. Mais ce qui m’a réconforté le plus, c’est d’avoir été joué par d’extraordinaires interprètes, et de constater que mes œuvres ont bien traversé le temps. » Mais ne venez pas lui parler de bilan, bien que ces anniversaires puissent inciter à le faire. Gilles Tremblay est peu nostalgique. « Je préfère continuer à chercher et à développer ce que j’ai fait. »

Le riche parcours de Gilles Tremblay s’inscrit en effet dans la continuité : ses débuts sous l’enseignement des maîtres du Québec (Claude Champagne, Jean Papineau-Couture, Isabelle Delorme, Jean Vallerand et Germaine Malépart), son passage marquant en Europe auprès d’Olivier Messiaen, Pierre Boulez, Iannis Xenakis, Karlheinz Stockhausen et Pierre Schaeffer, ses séjours au Moyen-Orient et le choc des sonorités balinaises. Entre autres. Et c’est sans compter les 35 années où il a enseigné la composition et l’analyse musicales au Conservatoire de musique du Québec à Montréal, transmettant du même coup aux compositeurs qui forment aujourd’hui la relève, un héritage des désormais anciens, ceux qui ont forgé l’éclectique musique du XXe siècle.

Tradition et modernité

« Il est vrai que j’ai toujours eu beaucoup d’affinités avec la musique de Messiaen. Ce qui extraordinaire, c’est qu’il a ouvert les portes de son jardin intérieur à ses élèves en les laissant absolument libres. Ces élèves n’ont pas fait ensuite du sous-Messiaen, au contraire, ils ont fait leur musique, mieux, plus largement. Et Messiaen vibrait à cette dimension essentielle où s’édifiait un amour profond pour la spiritualité, la nature et le son, ce qui rejoignait plusieurs de mes propres fondements. » Gilles Tremblay explique aussi, qu’à l’instar de Messiaen, il a fait musicalement, sans vouloir techniquement le faire, le lien entre la tradition et la modernité. « Ce lien s’est imposé de lui-même parce que j’aime profondément ces musiques du passé. Le chant grégorien, par exemple, est un modèle pour la mélodie, et à mon avis, c’est là qu’on retrouve la plus belle mélodie créée en Occident. Messiaen lui-même était très amoureux de plusieurs musiciens du passé, Bach, Mozart et le chant grégorien, et les faisait connaître aussi, tout en écrivant de la musique foncièrement moderne. »

 

La vie qui bat

Quand on demande à Gilles Tremblay à quoi il est resté fidèle toute sa vie dans son acte de création, au fil de ses quelque 60 œuvres en carrière, la réponse relève d’une sagesse qui traduit la grande lucidité de l’homme de 78 ans : « Quand on compose, on est témoin de la vie. C’est la vie elle-même qui est toujours présente et qui ressort différemment dans l’acte créateur selon les compositeurs et les époques. Prenez l’exemple de John Cage qui a été très contesté parce que les gens n’ont pas compris tout de suite sa musique. Il a pourtant toujours été un grand témoin de la vie… C’est le moteur de mon inspiration. J’ai voulu faire des œuvres qui étaient témoins de la vie qui nous entoure. Je ne sais pas si j’ai réussi, mais c’est toujours ce que j’ai eu en tête. »

Gilles Tremblay a connu, dans la dernière année, un ennui de santé alors qu’il a subi un accident vasculaire cérébral. Il s’est voulu rassurant : « Je vais bien. Évidemment, ça m’a un peu ralenti, et j’ai dû repousser plusieurs projets. Mais j’ai recommencé à jouer du piano; je reprends depuis quelque temps la musique de Debussy que je redécouvre avec un grand plaisir : les Préludes notamment, comme Voiles, Le vent dans la plaine ou Des pas sur la neige. Il y a quelque chose de très grand dans sa musique. Voilà un compositeur qui était vraiment à l’écoute de la vie. »

Bien que l’année hommage à Gilles Tremblay tire à sa fin, on pourra réentendre des extraits de son opéra L’eau qui danse, la pomme qui chante, et l’oiseau qui dit la vérité (2009) le 14 mai 2011 alors que le Nouvel Ensemble Moderne donnera un concert explorant les 20 ans de créations de l’organisme Chants Libres.

 

 

 



La SOCAN se bat pour une utilisation légale et éthique de la musique, et elle est en faveur des nouveaux modèles numériques. Nous estimons que notre feuille de route à cet égard est éloquente. Toutefois, il ne faut pas oublier qu’une licence de la SOCAN n’est qu’une des étapes nécessaires au lancement d’un nouveau service numérique au pays.

Bien sûr, la SOCAN se bat pour les droits des créateurs de musique. Mais nous travaillons également avec les fournisseurs de musique numérique pour nous assurer que ceux qui la créent soient rémunérés équitablement pour leur dur labeur et leur talent extraordinaire. La SOCAN cherche sans relâche à réconcilier les modèles numériques durables – dont l’existence bénéficiera ultimement à nos membres – avec le paiement des redevances auxquelles les créateurs de la musique, matière première de ces services, ont droit.

La SOCAN considère les organisations utilisant de la musique, incluant les fournisseurs de musique numérique, comme des partenaires. Elles sont nos clients, un lien essentiel entre nos membres et leur audience. Nous voulons que les entreprises ayant une licence pour jouer de la musique fassent plaisir à leurs auditeurs – leurs clients consommateurs de musique  – et leur permettent de créer leur propre expérience grâce à leurs listes musicales, choix d’écoute en continu, de téléchargements, de trames sonores de leurs vidéos YouTube maison, etc. Nous voulons que les auditeurs aient accès à toute la musique qu’ils veulent entendre, en tout temps et lieu et sur tout support, en autant que les créateurs soient rémunérés équitablement. C’est la signification du slogan Musique.Monde.Connectés. qui accompagne notre logo. C’est simple, nous voulons de l’équité pour tous : entreprises utilisant de la musique, leurs auditeurs et les créateurs.

Nous travaillons avec les fournisseurs de musique numérique pour nous assurer que ceux qui la créent soient rémunérés équitablement

Ces derniers, qu’ils soient auteurs-compositeurs ou paroliers, apportent beaucoup de valeur à notre pays. Ils amènent de la croissance économique, renforcent les valeurs sociales et l’influence de notre pays à l’étranger, et travaillent dans un environnement numérique écologique, créateur d’emplois.

Les activités des créateurs de musique ajoutent directement et indirectement des milliards de dollars à l’économie canadienne chaque année, donnent de l’emploi dans l’industrie musicale – ce qui a des retombées dans l’économie plus générale – et réduit notre dépendance aux divertissements importés. Cette industrie a produit des icônes de la créativité, reconnues mondialement. Notre « capital » culturel est enrichi par le travail des créateurs de musique et des entreprises qui les entourent. Ce n’est donc que justice qu’ils soient rémunérés pour leur travail comme tout professionnel. Les redevances d’exécution publique que la SOCAN perçoit et distribue sont d’ailleurs une partie importante de leurs revenus.

Ces redevances sont d’autant plus essentielles aux auteurs-compositeurs que les budgets d’enregistrement de musique et de trames sonores diminuent sans cesse, sans compter que pour les créateurs de musique qui ne sont pas interprètes, elles peuvent être leur seul salaire. Il n’existe pas de salaire minimum ou d’avantages sociaux pour les créateurs de musique indépendants. Souvent, ils ne font pas un cent avant que leurs œuvres fassent l’objet d’une licence et soient jouée en public.

Pourtant, la valeur que ces créateurs apportent à nos vies est inestimable, elle nous enrichit et elle enrichit les entreprises qui utilisent leurs musiques, ici ou dans le monde. La SOCAN est heureuse et fière de se battre pour leurs droits.