On dit que les gens sont soit plutôt cerveau droit, soit plutôt cerveau gauche, mais la Canadienne d’origine marocaine de 21 ans Faouzia est plutôt les deux : à la fois créative et intellectuelle.

Cette chanteuse exceptionnelle qui vient de lancer huit chansons sur Citizens, son second recueil de dance-pop et de ballades à saveur moyen-orientale, est également autrice-compositrice, productrice, guitariste, pianiste et violoniste, et elle parle anglais, français et arabe, sans mentionner qu’elle écrit des nouvelles, crée ses propres films et dessine des croquis de mode. Elle fait actuellement des études en génie informatique à l’Université du Manitoba.

« Oui, » dit-elle en riant, j’ai toujours eu un pied dans chaque univers, ce qui me complique un peu l’existence, c’est sûr, mais j’ai toujours aimé lire et apprendre, et, bien entendu, la création est un de mes points forts aussi. J’ai envie de réussir dans les deux domaines, et j’espère y parvenir. »

Faouzia tient à obtenir son diplôme, mais il y a longtemps qu’elle « n’essaie plus » de faire de la musique : elle en fait. À l’âge de 15 ans en 2015, elle a lancé « Knock On My Door », une toute première chanson qui lui a valu un million de diffusions sur Spotify. En 2017, alors qu’elle n’avait encore que 16 ans, elle et Matt Epp sont devenus les premiers Canadiens à remporter le prix de l’ISC (International Songwriting Competition). La chanson gagnante, « The Sound », composée par Matt Epp et mettant en vedette Faouzia, s’est hissée au faîte du Top 20 du palmarès radio de la CBC pour ensuite remporter un Prix No. 1 de la SOCAN. En 2018, on entendait la voix de Faouzia sur « Battle », une chanson de l’album 7 de David Guetta ; en 2019, sur le simple « Money » de Ninho ; en 2020, sur le version Arabe marocain de la chanson « I Dare You » de Kelly Clarkson (qu’elle avait traduite de l’anglais) ainsi que sur « I Fly » de Galantis.

Sans parler de ses propres chansons! Celle qui se fait connaître sous le prénom de Faouzia — son nom de famille est Ouihya — a plus de deux millions d’abonnés sur YouTube, et c’est par dizaines de millions que certains de ses vidéoclips se diffusent : 30 millions d’écoutes pour « Tears of Gold », son tube de 2019 ; 81 millions en 2020 pour « Minefields » avec John Legend ; 22 millions pour le clip « You Don’t Even Know » et 21 millions pour le clip lyrique « RIP, Love ». Et il ne s’agit que de YouTube : Faouzia a accumulé plus de 570 millions d’écoutes sur YT, Spotify, Apple Music, Amazon Music, TikTok et autres services de diffusion en continu en plus de lancer un  « EP prolongé  » en août 2020, Stripped.

Confiante, amicale et humble, Faouzia écrit seule — la ballade archi dramatique « I Know » et les paroles éloquentes de « Don’t Tell Me I’m Pretty » de Citizens sont d’elle, et c’est elle qui a réalisé la seconde chanson — mais elle compose également en collaboration. Le nom de Johnny Goldstein et des frères Andre et Sean Davidson apparaît fréquemment dans les génériques de chansons. Faouzia mentionne toutefois qu’on la prend très au sérieux malgré son jeune âge et le fait qu’elle est une femme, et elle explique que l’écriture de son dernier groupe de chansons a été une « merveilleuse expérience ».

« C’est encore là un côté formidable de mon équipe, qui m’amène toujours à participer à des séances d’écriture avec des gens susceptibles d’être très respectueux », ajoute-t-elle. « Je dirais même qu’ils font des pieds et des mains pour s’en assurer. Ils ont toujours hâte de voir mes idées et mes apports, et me font voir qu’ils m’apprécient, qu’ils me comprennent et qu’ils partagent ma vision.

« Je pense que c’est avec ce genre de personnes que les auteurs-compositeurs devraient collaborer, surtout si vous êtes artiste et auteur-compositeur, parce que c’est votre genre de monde. Mon âge ne m’a jamais nui et n’a jamais empêché personne de me comprendre. En fait, c’est exactement le contraire. J’ai l’impression que les gens n’ont aucune idée de mon âge avant qu’on le mentionne. On me dit souvent : “Oh, vous êtes née en 2000, j’avais complètement oublié.” »

La famille de Faouzia a immigré au Canada à partir du Maroc alors qu’elle avait à peine un an, et s’est établie à Notre-Dame-de-Loures, au Manitoba, une communauté rurale située non loin de la petite ville de Carman. Elle n’est pas retournée depuis l’âge de 17 ans au Maroc, où elle a encore de la famille, mais ses parents ont toujours vu à ce que Faouzia et ses deux petites sœurs s’imprègnent de leur culture d’origine.

« Dès que je suis entrée dans notre maison, je me suis crue au Maroc », affirme-t-elle. « On avait même un salon marocain et on écoutait de la musique marocaine et arabe, en fait des tas de musique venue de divers pays. En plus, je parlais arabe à la maison. » Il n’est donc pas étonnant que les mélodies moyen-orientales fassent partie de nombreuses chansons pop de Faouzia, et pas seulement sur le plan musical, comme dans « RIP, Love », mais également dans sa façon de chanter –  parfois en faisant des trilles ou en étirant un mot comme thin sur la ballade « Thick & Thin ».

Lorsqu’elle fait la connaissance d’une nouvelle collaboratrice ou d’un nouveau collaborateur, Faouzia utilise des expressions comme « une touche de, genre, mélodie ou réalisation moyen-orientale », « vraiment dramatique et puissant » ou « très émotif » pour indiquer le genre de son qu’elle recherche. « Ce que je fais normalement, c’est de fredonner une chanson de mon catalogue que j’aime vraiment ou des chansons encore inédites que j’aime réellement et qui correspondent au thème du projet, et j’essaie de donner le ton de cette manière-là », explique-t-elle. « J’utilise des tas de termes descriptifs pour faire imaginer le son que je veux créer.

« Par la suite, je leur dis ce que j’aimerais faire au cours de la journée, des rythmes plus rapides ou plus lents, ou je leur donne des idées de paroles ou d’atmosphères. »

Contrairement à la collection de six chansons Stripped, il est également important pour Faouzia que Citizens ne soit pas considéré comme un EP, mais plutôt comme un « projet » ou une « œuvre ». « Citizens représente beaucoup plus qu’un EP pour moi, particulièrement à ce stade-ci de ma carrière », explique-t-elle. « Je sens que c’est plus qu’un EP du fait qu’il s’agit d’une collection qui comprend des chansons comme « Minefields » et « Puppet » en plus de tellement d’autres choses sur lesquelles je travaille depuis si longtemps. C’est véritablement un avant-goût de mon prochain projet, mais en même temps j’ai l’impression que c’est une création qui doit être vue comme une œuvre en bonne et due forme. C’est pour cette raison qu’elle représente davantage pour moi que le ferait un EP. »

« Je pense que ‘RIP, Love’ et ‘Anybody Else’ sont les deux chansons de ce projet qui donnent la meilleure idée de la direction dans laquelle j’oriente présentement ma musique. »