The Weeknd a remporté trois prix lors de la 35e édition des ASCAP Pop Music Awards qui avait lieu le 23 avril dernier au Beverly Hilton Hotel de Los Angeles. Il a été récompensé pour l’écriture de ses succès « Starboy » et « I Feel It Coming » ainsi que pour « Unforgettable », interprétée par French Montana mettant en vedette Swae Lee.

Voici la liste complète des membres de la SOCAN qui ont reçu un ASCAP Pop Award lors de l’édition 2018 :

« I Feel It Coming » par The Weeknd mettant en vedette Daft Punk
Créateurs : Abel « The Weeknd » Tesfaye, Doc McKinney, Henry « Cirkut » Walter
Éditeurs : Cirkut Breaker, Prescription Songs, Kobalt Music Publishing Canada

« Starboy » par The Weeknd mettant en vedette Daft Punk
Créateurs : Abel « The Weeknd » Tesfaye, Doc McKinney, Henry « Cirkut » Walter, Jason « Daheala » Quenneville
Éditeurs : Cirkut Breaker LLC, Prescription Songs, Kobalt Music, Universal Music Publishing Group

« Unforgettable » par French Montana mettant en vedette Swae Lee
Créateurs : Abel « The WeekndÉ Tesfaye, Jaegen
Éditeurs : Concord Copyrights Canada, Kobalt Music Publishing Canada

“Fake Love” par Drake
Créateurs : Frank Dukes
Éditeur : Nyan King Music

“Stay” par Zedd mettant en vedette Alessia Cara
Créatrice : Alessia Cara
Éditeurs : EMI Blackwood Music Canada, Kobalt Music Publishing Canada

“Closer” par The Chainsmokers mettant en vedette Halsey
Créateur : Shaun Frank
Éditeurs : Universal Music Publishing Canada, EMI April Music Canada

“Wild Thoughts” par DJ Khaled mettant en vedette Rihanna & Bryson Tiller
Créateur : PARTYNEXTDOOR
Éditeur : Warner Chappell Music Canada

La SOCAN félicite tous ces lauréats pour leurs réussites !



Everything that’s bad for the world is good for rock’n’roll, observa un jour le sage. Il aurait pu ajouter que tout ce qui est mauvais pour le monde – Trump, les tentatives de d’autocrédibilisation réussies de l’extrême-droite, la désignation de faux ennemis collectifs – est paradoxalement bon pour GrimSkunk (et leurs fans). La colère propulsant Unreason In the Age of Madness, le neuvième album des pères du rock alternatif québécois, se chauffe des brasiers nombreux constellant une planète sur laquelle règnent des puissants ayant tout intérêt à diviser pour mieux dominer.

GrimSkunk« Protestors are anarchists, dissenters are terrorists, you have no right, no right to resist », hurle d’emblée la formation sur Let’s Start a War, faux appel aux armes épousant, pour mieux le subvertir, un discours assimilant à des enfantillages le désir de manifester dans la rue son désaccord avec les diktats du néolibéralisme. Des raccourcis intellectuels avec lesquelles vous êtes sans doute familiers si vous avez un jour jeté un œil morbidement curieux aux commentaires s’empilant sous une publication Facebook d’une grande chaîne de télé, ou d’un tabloïd.

« Il y a malheureusement de plus en plus de gens qui avalent la bullshit totale que la droite leur sert depuis Reagan, qui prétendait que la fortune des riches allait bénéficier à tout le monde », observe le chanteur et guitariste Franz Schuller, pas exactement le genre de gars que vous avez à supplier afin d’obtenir une généreuse tranche d’éditorial au vitriol.

« La réalité, c’est que des tas de gens dans certains médias ont intérêt à ce que le 1% demeure en place et ils sont là pour prétendre que des mensonges sont des vérités, puis diviser la classe ouvrière, les gens moins instruits, les pauvres, en essayant de leur faire croire que leurs véritables ennemis, ce sont les élites intellectuelles ou les stars d’Hollywood. »

Enregistré à Gibsons en Colombie-Britannique avec Garth Richardson (le réalisateur derrière le premier album de Rage Against the Machine), le successeur de Set Fire! (2012) imagine toujours, en se jouant des limites entre les genres musicaux, une planète sur laquelle toutes les frontières auraient été abolies. Du reggae de Same Mistake, au vol plané très pinkfloydien de Starlight, jusqu’au punk bras-dessus-bras-dessous de Gimme Revolution, le caméléon GrimSkunk demeure fidèle à ses polyvalentes habitudes.

« Le but du band, c’est plus que jamais de faire réfléchir », explique Franz, au nom de ses compagnons de lutte, le claviériste et chanteur Joe Evil, le bassiste Vincent Peake, le batteur Ben Shatskoff et le guitariste Peter Edwards (qui balance sur Hanging Out in the Rain et Computeur Screen des solos trahissant l’amour jamais parfaitement camouflé du groupe pour le prog rock).

« Certains pensent qu’on est des sermonneurs, mais on ne dit pas aux gens ce qu’ils ont le droit de faire ou pas. T’as le droit de ne pas être d’accord avec ce qu’on pense. On veut juste mettre en valeur des idées différentes de celles qu’on utilise partout pour brainwasher les gens et les faire rentrer dans le rang comme des moutons. On veut les exposer à des idées différentes, qui vont peut-être éventuellement leur donner le goût de prendre des décisions citoyennes et politiques différentes. »

C’est l’évidence: le groupe qui célébrera son trentième anniversaire en novembre n’en est pas encore à la création du proverbial album folk pour punks pantouflards.

« Non, parce qu’on a encore les mêmes valeurs que lorsqu’on était jeunes et qu’on n’a pas envie de tourner le dos aux opprimés, qui ont besoin d’être soutenus », plaide celui qui chante sur Same Mistake le « redneck revival » de La Meute et autres groupuscules identitaires, vingt ans après avoir fustigé le nationalisme niais sur Lâchez vos drapeaux (extrait du mythique album Fieldtrip).

Autrement dit: comment décolérer quand les raisons de la colère, elles, restent les mêmes? « C’est pas parce que tu deviens plus vieux ou plus confortable que tu devrais cesser de te soucier des autres, surtout quand autant d’entre eux sont exploités, persécutés, tués, méprisés. On a une responsabilité humaine face aux autres êtres vivants sur cette planète. »

« Fuck the NRA », gueule d’ailleurs GrimSkunk sur The Right to Bear Harm, rageur pamphlet anti-armes. « Je pense que lorsqu’on sent de la colère face à quelque chose qui nous désole, il faut l’exprimer de la manière la plus naturelle et vraie possible. L’idée de base du punk, c’est que de dire les choses doucement, ça a une efficacité limitée. Dire les choses fortement, ça permet d’ouvrir un débat et de créer du questionnement. Regarde les kids qui ont pris la parole contre la NRA après la tuerie de Parkland. On les a traités de pathétiques, de juvéniles, mais ils ont fait bouger les choses. La colère peut être un bon moteur si elle est dirigée vers un but positif. »

Mais la colère du punk permet aussi plus simplement – c’est déjà beaucoup – de se délester de celle que fait bouillir en nous un monde où les injustices se multiplient. « Pendant un show de GrimSkunk, les gens trashent, ils se lançant de tous les bords, ils sortent de là avec des bleus parce qu’ils sont tombés par terre, mais ils ont aussi un smile gros comme le soleil dans la face. Ils ont été libérés de toutes leurs frustrations. » Jusqu’au journal du lendemain, du moins.



Leurs chansons ne parlent peut-être pas de notre amour du hockey, de Sault-Ste-Marie ou de Bobcaygeon, mais KUNÉ est tout aussi authentiquement canadien que le « méchant vent des prairies » évoqué par The Tragically Hip dans la chanson « The Darkest One ».

Tandis que la carnation du Canada change rapidement, des fusions musicales aussi excitantes qu’impossibles à catégoriser sont créées dans nos centres urbains. Et il ne s’agit pas seulement de groupes comme So Long Seven, de Toronto, composé d’un guitariste, d’un mandoliniste, d’un violoniste, d’un banjoïste et d’un joueur de… tablas. On peut également penser à Jessie Reyez et Lido Pimienta, qui ont toutes deux des racines colombiennes et qui ont gagné un JUNO et le Prix Polaris, respectivement, pour leur musique sans compromis bien ancrée dans leurs traditions.

Voici donc KUNÉ – L’orchestre global du Canada, qui réside dans une classe à part.

Mervon Mehta

Mervon Mehta

Le Canada, et particulièrement Toronto, a déjà connu des super-groupes africains et cubains, mais jamais comme celui-ci où évoluent 12 musiciens virtuoses arrivés au Canada des quatre coins du monde et un Canadien métis dont les ancêtres y vivent depuis des siècles. Le groupe est l’idée de Mervon Mehta, directeur général des arts de la scène au Royal Conservatory of Music de Toronto et il a est devenu réalité en décembre 2016 sous la direction artistique de David Buchbinder.

En l’espace de deux ans, KUNÉ a signé un contrat de disque avec Universal Music Canada et une entente de gérance avec Opus 3 Artists, qui représente également de grands noms de la musique comme Yo-Yo Ma et son Silk Road Project, Roseanne Cash et Béla Fleck.

Musicalement, le groupe joue un intriguant amalgame de musiques du monde : « Cante a la Tierra » (« Song for the Earth »), par exemple, propose un savoureux mélange d’instrumentation africaine et de chants brésiliens, tandis que « Lahzeye Sokut » met en vedette le sitar d’Anwar Kurshid, le tar (un luth iranien à long manche) de Padideh Ahrarnejad, le flûtiste Lasso du Burkina Fasso, et Dora Wang à la flûte de bambou chinoise. La musique qui en résulte ne semble pas forcée et demeure totalement accessible et agréable, véritable testament de la virtuosité des membres de KUNÉ.

Mehta dit avoir eu l’inspiration de former KUNÉ lors des dernières élections fédérales lorsque l’ancien premier ministre, Stephen Harper, a utilisé l’expression « Canadiens de souche » (« old stock Canadians ») en réponse à une question concernant son soutien d’une couverture d’assurance maladie réduite pour les réfugiés. Comme bien des gens, Mehta a trouvé la déclaration de Harper déroutante et diviseuse.

« Je suis un immigrant arrivé ici en 1961 », dit-il. « Alors, je suis de souche ou pas ? Ça me situe où, ça situe mon enfant où, lui qui est issu d’un mélange d’ethnicités ? J’ai donc réfléchi et je me suis demandé ce que nous faisons vraiment, en tant que pays multiculturel, pour refléter cette diversité, que ce soit dans les salles de presse, les conseils d’administration ou sur scène. »

Alyssa Delbaere-Sawchuk

Alyssa Delbaere-Sawchuk (Photo: Kyle Burton)

La chanteuse et violoniste Métis Alyssa Delbaere-Sawchuk affirme que pour quelqu’un provenant de la tradition classique et qui a toujours été intéressée par les musiques traditionnelles de partout dans le monde, la chance de jouer avec KUNÉ arrivait à point nommé.

« Je cherchais une idée pour mon prochain projet et cette opportunité répondait à mon désir de collaborer et d’apprendre des autres traditions musicales du monde », explique-t-elle. « L’autre avantage était que je n’avais pas d’attentes et pas de pression pour réussir. »

Lorsqu’on lui demande ce qu’elle apporte à ce festin de musiques du monde, Delbaere-Sawchuk répond : « j’essaie toujours d’aller au-delà des notes et d’être présente sur scène. J’ai étudié avec plusieurs maîtres musiciens qui m’ont appris comment penser les harmonies et la tension, et c’est ce que je veux apporter dans ce cadre de musique traditionnelle. »

Le directeur artistique de KUNÉ, David Buchbinder, explique que lui et Mehta se relançaient des idées musicales depuis quelques années lorsque ce dernier lui a parlé de son rêve de mettre sur pied un orchestre canadien de musique globale.

« Quand Mervon m’a parlé de ce qu’il souhaitait faire, une des premières choses qu’il m’a dites c’est : “nous devons créer de la musique originale, car autrement nous allons nous retrouver avec 12 groupes médiocres composés d’une seule vedette par groupe” », se souvient en riant le trompettiste et compositeur primé. « Je crois que lorsque vous faites quelque chose d’original, vous exprimez la voix du compositeur. C’est très important pour moi. »

David Buchbinder

David Buchbinder

On pourrait être tenté d’imaginer Buchbinder et Mehta enfermant 12 compositeurs dans une grande pièce pendant des semaines avec une date butoir pour produire un album, mais ça ne s’est pas passé ainsi. « Il y a eu de longues discussions afin que tout le monde apprenne à se connaître lors de notre première rencontre, et David a fait un travail remarquable pour que nous nous sentions tous comme les membres d’une grande famille », raconte Delbaere-Sawchuk. « Des conflits sont inévitables lorsque vous réunissez 12 personnalités fortes, mais ça ne s’est pas produit. Nous sommes réellement comme une grande famille heureuse et unie. »

Buchbinder attribue la musique organique et sans frontière du groupe — qui est réellement à l’image de la mosaïque culturelle canadienne — à la confiance qui s’est établie entre les membres du groupe et l’esprit de famille décrit par Delbaere-Sawchuk.

Mais tout ça ne s’est toutefois pas produit du jour au lendemain, et c’est là que Buchbinder a élargi son rôle de directeur artistique. « Je forme des groupes depuis longtemps, et j’utilise une technique que j’ai développé qui implique de travailler avec les histoires des gens », explique-t-il. « On a discuté, chanté, mangé, on a même passé une journée à la ferme en plein milieu de l’hiver » raconte le musicien. « C’était magnifiquement canadien et nous avons tissé des liens solides. »

Pour tout émouvant que cela soit, on n’échappe pas au fait que créer de la musique pour un groupe de 12 musiciens représente un défi de taille. Les auditions pour trouver chacun des musiciens ont duré des mois durant lesquels plus de 150 candidats ont été entendus. Buchbinder raconte qu’il cherchait des réponses à quatre questions durant ces auditions : « Savez-vous jouer ? Pouvez-vous apprendre quelque chose, une composition jazz, par exemple, qui n’est pas de votre tradition musicale ? Pouvez-vous apprendre une pièce traditionnelle d’une autre culture ? Êtes-vous capable de travailler en équipe ? »

« À la fin de ce processus, nous savions qui seraient les bons candidats », se souvient-il. En raison de la taille du groupe, poursuit Buchbinder, c’était impossible d’effectuer le chemin entre l’écriture, les répétitions, l’enregistrement et les prestations de manière collective.

Durant tout ce processus, « certains d’entre eux écrivaient leurs pièces, mais avaient besoin d’aide pour les arrangements. D’autres arrangeaient leurs propres pièces. Les musiciens ont participé à des ateliers de composition et ils ont tous écouté les mélodies des autres. C’était une leçon sur la façon de passer de quelque chose de traditionnel à quelque chose d’unique. À mesure que les arrangements évoluaient, la question devenait “comment pouvons-nous continuer à peaufiner tout ça ?”

“Ils travaillent magnifiquement bien ensemble et nous sommes tous curieux de voir jusqu’où tout ça peut aller”, raconte-t-il.

Et Delbaere-Sawchuk d’ajouter : “Il y a tant de possibilités que nous n’avons pas encore explorées. J’ai très hâte à la prochaine phase de création.”

Les membres de KUNÉ
Padideh Ahrarnejad (Iran): Tar & Vocals
Sasha Boychouk (Ukraine): Woodwinds & flûtes ethniques ukrainien
Alyssa Delbaere-Sawchuk (Canada – Métis): Violon, Viola & Voix
Luis Deniz (Cuba): Saxophone
Anwar Khurshid (Pakistan): Sitar & Voix
Lasso (Salif Sanou) (Burkina Faso): Flûte fulani, N’goni, tambour parlant, DjembeDoum-Doum & Voix
Paco Luviano (Mexique): Basses acoustique & électrique
Aline Morales (Brésil): Percussion Brésilien & Voix
Demetrios Petsalakis (Grèce): OudLyra, guitares acoustique & électrique
Matias Recharte (Pérou): Cajón,  batterie & percussion
Selcuk Suna (Turquie): Clarinette
Dorjee Tsering (Tibet): Dranyen, Flûte, Piwang & Voix
Dora Wang (La Chine): Flûte bambou, flûte , Hulusi & Xiao

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La musique de KUNÉ