Sophie Pelletier

Se distinguer dans un paysage musical aussi dense de talents que celui du Québec n’est pas une chose simple, mais c’est certainement plus facile lorsqu’on sait où l’on s’en va et ce qu’on veut accomplir. L’auteure-compositrice-interprète Sophie Pelletier est de celles dont le chemin est tracé tout droit dans la musique depuis son enfance.

Si le Québec tout entier l’a connue en 2012 alors qu’elle se rendait en finale de la populaire émission Star Académie, chantant avec des pointures telles Lionel Richie, Johnny Hallyday ou Mika, ce sont des années passées à écouter sa famille performer sur scène et à éplucher la collection de CD de son grand frère qui ont façonné son art. Ce sont déjà deux décennies d’expérience que la jeune femme de Rivière-Ouelle accumule depuis ses premiers vers et ses premiers essais sur la guitare de son père.

Sophie Pelletier sait ce qu’elle veut, comment elle veut l’entendre et comment elle veut que ça sonne. Dans sa tête, tout est clair. Après l’expérience enivrante de Star Académie, de laquelle elle est ressortie confiante et grandie, elle prend son temps pour dénicher des collaborateurs qui la comprendront. C’est chez André Papanicolaou, le guitariste attitré de Vincent Vallières, qu’elle trouve l’oreille recherchée.

Elle apprécie les encouragements de celui qu’elle a choisi pour réaliser son premier album. « C’est lui qui m’a fait saisir que mes chansons étaient bonnes et que je devais poursuivre dans cette veine. Il a agi comme déclencheur dans mon processus de création. » Le désert, la tempête parait en 2015 et contient les succès radio Sans remords et Accroche-toi, dans un format folk-pop épuré.

Deux ans plus tard, c’est vers Gaële qu’elle s’est tournée pour peaufiner les textes de son second opus, Les météores lancé le 24 avril 2017. « Elle a été extraordinaire! Elle m’a appris deux choses essentielles : comment avoir du fun à écrire, et comment structurer le processus de création. » Fille organisée qu’elle est, Sophie s’est donné une discipline de travail qui l’aide à amener une idée de chanson jusqu’au bout. Les phrases qui apparaissent en journée sont davantage explorées en soirée (« avec un ou deux verres de vin », avoue-t-elle en riant) alors que le lendemain, elle réattaque la structure, fignole les rimes, puise dans son champ lexical pour amener la chanson à sa finalité.

Il lui faut toutefois avoir « la tête à écrire » pour générer de nouveaux morceaux. Se décrivant comme une créatrice intermittente, la musicienne de 30 ans a besoin de calme. Lorsque la frénésie des concerts ou de tournées de promotion ralentit, elle revient à un état d’esprit plus propice à l’écriture.

Pour ce second disque, elle s’est entourée d’une équipe de collaborateurs toute étoile : Dumas (qui lui a écrit un titre), Fred St-Gelais, Marc Dupré et Samuel Joly ainsi que Gautier Marinof à la réalisation. Ce dernier a récemment travaillé avec Jérôme Couture, Renée Wilkin, Étienne Drapeau et a coréalisé un des albums de Dupré.

Sophie Pelletier tient aussi les rênes de sa destinée. « On m’a encouragée à garder le contrôle de ma carrière, à gérer mes droits d’auteure, à conserver la propriété des bandes maîtresses et l’édition de mes chansons. C’est pour cela que j’ai fondé ma propre boîte, Uniforce Production, avec Geneviève Morin qui est ma gérante, mon associée, et à qui je peux confier les aspects administratifs et marketing de ma carrière. »

Il y a longtemps, elle a réalisé que ses chansons faisaient du bien. À elle, mais aussi aux autres. Que la musique pouvait panser les blessures. À une certaine époque moins rose de sa vie, c’est ce qui lui a permis d’y voir plus clair. Aujourd’hui, elle transmet ce savoir-faire à travers le Projet Victoire Musique. « J’ai créé des ateliers ouverts à tous, pour permettre aux gens d’apprendre à utiliser la musique comme support moral, pour le bien que ça fait. Les enfants apprécient particulièrement cette approche. » Son expérience et ses études en éducation spécialisée lui servent encore aujourd’hui.

Aider les autres est d’ailleurs un thème qui revient dans ses plans à plus ou moins long terme : « J’aimerais écrire et composer pour d’autres artistes, devenir mentor à mon tour pour les plus jeunes, tout en continuant à faire évoluer ma propre carrière. » Cette artiste curieuse et ambitieuse a envie de découvrir l’Europe et la France, mais également d’explorer la création dans la langue de Shakespeare, question de jouer avec sa voix, sa musique et approfondir cette nouvelle avenue.

 

Elle a certainement tous les atouts pour réussir.