Paraphraser l’immortelle chanson d’Adamo n’est pas une lubie lorsqu’on évoque le parcours de Sara Dufour. À l’aube de la quarantaine, la fille de Dolbeau-Mistassini fait preuve d’intégrité et de grandeur d’âme.

Sara DufourNotre rencontre a eu lieu le 1er mars dernier au MTelus, à Montréal, là où en soirée, elle a médusé de sa contagieuse empreinte country le public de Montréal en Lumière. « Cette fois-ci, je voulais du neuf, de l’inédit », explique-t-elle, question de ressasser son répertoire et sa mise en scène. « Les enchaînements, c’est important ».

Exposée au grand public depuis sa performance à La Voix, et à En direct de l’univers – avec l’audimat canon qui vient avec – Sara Dufour a saisi la balle au vol. « Ça va vite, on est en pleine excitation parce que la tournée a commencé la semaine passée, J’ai fait 284 spectacles lors de ma précédente tournée sur une période de quatre ans et demi. En 2022, j’avais tellement de spectacles que j’étais suivie par un orthophoniste ».

Flanquée de sept musiciens, la ‘’fille du Lac’’ a conclu son escale montréalaise avec une finale coulée dans le rock de sa chanson Chic-Chocs. « C’est plus énergique, nous avait-elle prévenus. Quand j’ai découvert l’électricité comme Bob Dylan l’a fait (en 1966, soulevant l’ire de ses disciples), je voulais moi aussi goûter à ça, déjà sur mon deuxième album, j’ai dit à Placard (Dany, son collaborateur à la composition) : je veux des tonnes de guitares et un éventail de sonorités ».

Récoltant quelques accolades, Chanson de l’année SOCAN au Gala Country 2017 (Johnny) coécrite avec Vanessa Borduas, Prix Musique Country au Gala de la SOCAN au mois de mai 2023, l’auteure-compositrice préconise l’improvisation au moment de peaufiner ses chansons. Avec tout le groupe.

On vas-tu prendre une marche? (Coyote Records), nouvel album de douze titres, évoque moins sa maman au firmament que son exode de la grande ville vers son patelin, comme un recommencement, une renaissance. « De toute façon, je suis encore en train d’apprivoiser mon public. J’ai joué le 22 février à Dolbeau-Mistassini. Je viens de là. J’habite là ! Et pourtant, en sondant la salle, près des trois quarts des gens me voyaient pour la première fois ».

Sa chaîne YouTube offre d’alléchantes pépites déposées en vrac depuis huit ans : La tourtière à ma grand-mère, Le père Noël c’tun québécois, J’m’en va dans l’bois, Baseball, Chez nous c’est ski doo, Chez Té Mille… « Je suis quelqu’un qui prend des notes tout le long de l’année. J’écris ce que je fais au quotidien, ce que je vis. Et j’utilise mon téléphone pour ajouter des mémos vocaux, des mémos audios, des notes. Pour y arriver, des fois, il faut que je sois dans un autre état, faut que je sois seule. L’inspiration ne vient pas nécessairement dans l’action. Des fois, j’arrive au Lac et ça peut prendre une semaine ».

Son timbre de voix, quelque part entre ceux de Patsy Cline et Daphnée Brissette de Bon enfant est d’une intégrité assumée, ça coule de source.

Sous l’égide des Cowboys Fringants

Dufour a été l’invitée du célèbre groupe huit fois depuis 2018, dont au Centre Bell et au FEQ l’an passé, juste avant Robert Charlebois ! « J’étais en mission, confie-t-elle, comme un cheval de course qui attend que la barrière s’ouvre. En fin de spectacle, les Cowboys m’ont invité à jouer Marine marchande puis je suis restée pour Les étoiles filantes. C’est cool, là, tsé ! Au Festival des Montgolfières, Karl m’a présenté à la toute fin en disant : accueillez une des chanteuses les plus extraordinaires du Québec ! »

Puis, il y a eu la fête à Karl en octobre au Vieux Palais de l’Assomption, salle gérée par Marie-Annick (Lépine, veuve de Karl). « Sa chanson Pub Royal était sa préférée des CB, à la fin, il s’est levé et m’a enveloppé dans ses bras », raconte-t-elle.

« En juin, ça va faire douze ans que je suis sorti de l’École Nationale de la chanson de Granby, et dans mon périple, surtout depuis trois ans, je réalise que chaque petite affaire est importante ».

Prochaine étape : la Chine ! Une dizaine de concerts printaniers sont confirmés.