« Sois cool. »

Cette phrase, Rich Walter aime se la répéter. «Quand ça chie, sois cool, prends les choses comme elles viennent, et tout va bien se passer», dit-il. « Jusqu’à maintenant, ça m’a toujours bien servi. »

Difficile, en effet, d’argumenter que ce n’est pas le cas. Étoile montante de la composition pour la télé et le cinéma, ses oeuvres ont été entendues au grand et au petit écran, ainsi qu’à la radio, dans des émissions de télé canadiennes au succès international telles que Cold Squad, Falcon Beach et The L Word. Il a reçu de nombreuses mises en nomination aux prix Emmy et Gemini et il est lauréat d’un prix LEO pour son travail sur la minisérie télé Ring of Fire.

« Il faut être prêt à sacrifier beaucoup si c’est le métier que vous désirez faire. »

Au début de l’hiver 2014, il planchait sur des musiques pour une nouvelle série intitulée Olympus (imaginez un croisement entre mythologie grecque et Game of Thrones) qui sera diffusée en mars sur la chaîne américaine Syfy. Il s’est également rendu à Los Angeles à l’invitation personnelle du multilauréat des Grammy et des Oscars, Hans Zimmer (The Lion King, Gladiator, The Dark Knight, 12 Years a Slave) afin de co-composer la musique du nouveau film de Neill Blomkamp (District 9, Elysium) intitulé Chappie, et mettant en vedette Hugh Jackman et Sigourney Weaver.

Avec une telle réputation hollywoodienne à la clé, pas surprenant que Walters, 46 ans, partage son temps entre L.A. et sa demeure de Vancouver, en plus d’avoir souvent eu à travailler à Londres (aux studios Abbey Road et Air, rien de moins!) ainsi qu’à Prague.

Malgré cela, il est arrivé dans le monde de la musique à l’écran  de manière plutôt indirecte. Après avoir étudié la théorie musicale et la composition à l’école qui est aujourd’hui l’Université Capilano de North Vancouver, Walters a passé de nombreuses années comme percussionniste dans des groupes de musique électronique et rock. Puis, il y a une quinzaine d’années, il s’est trouvé un boulot d’aide monteur de dialogues dans une importante boîte de postproduction de Vancouver. Une fois en poste, ce fut un jeu d’enfant pour lui de mettre son talent sur Pro Tools au profit d’une nouvelle carrière.

« J’ai commencé par me présenter en tant que monteur musique, et j’avais déjà une ligne de communication directe avec plein de gens de l’industrie », explique le compositeur. « Ainsi, ce boulot « alimentaire » a fini par devenir le point de départ de ma nouvelle carrière. »

C’est un travail exigeant – de 12 à 14 heures par jour, sept jours sur sept –, mais il ne s’en plaint pas. « J’adore ça », s’exclame-t-il. « J’ai un studio génial, je suis mon propre patron et je compose de la musique à longueur de journée! »

Alors quel est son secret?

« Il faut être prêt à sacrifier beaucoup si c’est le métier que vous désirez faire », confie-t-il. « Il faut être prêt à travailler encore plus fort que vos collègues et prêt à tout pour y arriver.» «Prenez soin de vos clients et travaillez d’arrache-pied. »

Et n’oubliez pas de rester cool.

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« Ça s’est produit quand je travaillais dans un studio de postproduction et que je voyais tous ces compositeurs défiler dans nos studios. C’est là que le déclic s’est produit: je suis formé en composition, en théorie de la musique, je joue de plusieurs instruments, et je connais les logiciels. Je me suis donc dit « si ces mecs peuvent y arriver, je peux y arriver aussi. C’est ça que je veux faire comme métier. »

Faits saillants
Éditeur
N/A
Filmographie sélectionnée Compositeur (film/télé): Olympus (2015), Ring of Fire (minisérie télé 2012), The L Word (saisons 1 & 2), Neverland (minisérie télé 2011), Falcon Beach (saison 2) Monteur musique (film): Chappie (2014), Elysium (2013), Capote (2005), Tin Man (2007), Riverworld (2010) Monteur musique (télé): Continuum (saison 1), Missing (saison 1), Cold Squad (saisons 3 & 4), The Outer Limits (saison 5)
Site Web: richwaltersmusic.com
Membre de la SOCAN depuis 1997



Opter pour la médiation plutôt que le procès

David Basskin est avocat depuis assez longtemps pour savoir que le tribunal est le dernier endroit où vous voulez vous retrouver, quelle que soit la façon dont vous avez été traité dans une affaire au civil.

« Faire face aux coûts d’une action en justice, c’est un peu comme s’ouvrir les veines. C’est tout simplement horrible », dit Basskin. « Et dans le cas d’un petit marché comme celui du Canada, le jeu n’en vaut le plus souvent pas la chandelle. »

Si Baskin a pris quelques mois de congé après sa « retraite » en tant que président et directeur général de l’Agence canadienne des droits de reproduction musicaux ltée (CMRRA) en 2013, il n’a aucune intention de s’éloigner de l’industrie de la musique et du domaine du droit d’auteur où il a fait carrière.

« Prendre ma retraite ne m’intéresse tout simplement pas », précise celui qui a récemment créé DBCI (David Basskin Consulting Inc.) dont la raison d’être est la médiation, et dans certains cas, l’arbitrage de différends pour le compte d’une clientèle privée.

Heureusement, les actions en justice liées au droit d’auteur dans le domaine de la musique ne sont pas monnaie courante au Canada, et de nombreuses juridictions exigent la mise en place d’un processus de médiation avant que la cause soit entendue par un juge.

« La médiation obligatoire a été imposée par les tribunaux dans le cadre d’une série de mesures destinées à réduire le nombre de causes en attente qui sont endémiques dans notre système », note Basskin. « Une grosse poursuite au civil peut  prendre plus de cinq ans. La vie est trop courte. »

Les griefs les plus communs dans le domaine de la musique concernent la répartition des revenus liés aux droits d’auteur, à la participation sur le revenu et au marchandisage.

« Il est reconnu dans l’industrie de la musique que tout succès peut finir en procès», observe Basskin. «Si une chanson ne fait pas d’argent, le risque d’action en justice ou de médiation est nul. »

« La médiation ou l’arbitrage ne génèreront probablement pas un résultat idéal » admet-il, « mais croyez-moi, si la cause va jusqu’en cour, le résultat ne sera pas parfait non plus. Autre avantage: ce sera fait et vous pourrez passer à autre chose. »

« Les parties qui s‘entendent en médiation et parviennent à résoudre leur différend demeurent souvent en bons termes», ajoute-t-il «alors qu’il est très rare que des gens qui ont été engagés dans une lutte à mort au tribunal souhaitent encore travailler ensemble après coup. Notre industrie est basée sur la collaboration, après tout. »

« Il est reconnu dans l’industrie de la musique que tout succès peut finir en procès. »

Ses années d’expérience en tant que spécialiste du droit d’auteur, en plus de ses efforts constants de formation continue dans le domaine de la médiation, font de Baskin quelqu’un de particulièrement qualifié quand vient le temps d’aider les parties belligérantes à s’entendre.

« À la CMRRA, j’avais le rôle de la Suisse», dit-il. «Jamais je n’ai choisi le camp de qui que ce soit. L’idée ici est de parvenir à une solution plus rapidement, à coûts moindres et sans les inconvénients liés à toute publicité négative. Le véritable enjeu du médiateur est de s’assurer que chacun soit entendu et fasse un effort honnête dans le processus de règlement du problème. Tout exercice de médiation ne conduit pas nécessairement à une résolution complète, mais il peut contribuer à éliminer plusieurs points de désaccord pour permettre aux parties de se concentrer sur le vrai problème. »



Pour son troisième album, Geneviève Toupin adopte le sobriquet Willows. Nom de scène, mais aussi de projet. Si le mot fait référence à l’arbre (le saule), il évoque également (et surtout) une ville sur la Côte Ouest de la Californie de même qu’un village fantôme dans les plaines de l’Ouest canadien. « J’aimais beaucoup le parallèle entre ces deux endroits qui sont présents dans les textes de l’album, » avance la longiligne brunette aux yeux bleus perçants. « Et j’aimais le mot, tout simplement. Ça me permettait d’aborder à la fois mes racines anglophones et métis, mais aussi franco-manitobaines. Il y a quelque chose d’imagé dans ce mot. Puis, j’aimais cette idée de mettre de l’avant une identité musicale et visuelle. »

Un long chemin

Coréalisé avec la chanteuse et guitariste Émilie Proulx, son « âme sœur musicale » qui l’accompagne sur scène depuis 2009, cet opus folk homonyme à la fois personnel et lumineux recèle de délicats arrangements et devait initialement voir le jour l’an dernier avec une toute autre équipe. « J’ai fait un long chemin. Il y a tellement eu de détours avant d’arriver au résultat final. J’ai quitté ma maison de disques en 2013, puis fait des tests avec quelques réalisateurs, mais je n’étais pas prête. J’ai composé une trentaine de morceaux et j’ai tout jeté à la poubelle. Lorsque j’ai découvert que ça fittait au boutte avec Émilie, je savais qu’elle était la bonne personne pour réaliser avec moi. À partir de ce moment, tout est allé très vite, » raconte Toupin, installée à Montréal depuis 2003.

En tendant l’oreille aux 11 pièces du compact, on découvre que les lieux semblent définitivement avoir eu un impact considérable sur la jeune femme. Elle explique : « En mode création pour ce disque, j’ai découvert à quel point j’étais habitée par les paysages, les plaines, les grands espaces, le ciel ouvert. J’ai débuté la période de création en Californie et je l’ai terminée à Montréal. Puis, le fait d’avoir grandi dans un petit village, dans la campagne du sud-ouest manitobain m’a aussi marquée. Je pense que ce lien avec la nature et les espaces m’est rentré dedans quand j’étais petite. C’est devenu un élément qui influence mon écriture et qui me touche encore aujourd’hui. C’est profondément ancré en moi. »

Héritage culturel

Si Geneviève a grandi dans une famille où l’on parlait français, adolescente, elle se gave de musique anglophone et doit se tailler une place dans un environnement majoritairement anglo. Pour ce nouveau projet, la dame a modifié sa façon de travailler afin d’assumer pleinement cette dualité culturelle. « Au début du mode création pour ce disque, je venais de faire un album en anglais (The Ocean Pictures Project) et je n’étais plus capable d’écrire en français. Pour débloquer, il a fallu que j’accepte cette dualité et que je me permette d’écrire comme je parle. C’est-à-dire mélanger les deux langues. Les premières chansons que j’ai écrites furent “Valley of Fire”, “Bill Murray” et “Stardust Motel. ” Les trois qui renferment le plus de mots en anglais. Je me suis permis d’écrire comme ça se passait dans ma tête. »

Malgré ses racines métis et cette dualité qui a toujours marqué son parcours, Geneviève n’a pas l’impression de faire bande à part. La jeune femme se considère membre à part entière d’une nouvelle communauté de jeunes auteurs-compositeurs-interprètes. Elle précise : « À Montréal, mais aussi dans la francophonie canadienne. Je me sens chanceuse de faire partie de ces deux scènes là et d’avoir beaucoup d’amis artistes qui m’inspirent au quotidien. Ça c’est vraiment précieux. »

Faire confiance à la magie

C’est suite à l’expérience concluante du projet de websérie La Tournée des cafés (nominée à l’ADISQ en 2012) que la trentenaire a développé un goût pour les collaborations. Résultat : une dizaine de musiciens et de compositeurs se sont greffés au projet Willows dont André Papanicolaou (Monsieur Mono) et Marianne Houle (Monogrenade). Tout de même, une question s’impose : comment sélectionner les gens avec qui on veut travailler lorsque notre univers musical est si intime, feutré et délicat? « Je choisis toujours des collaborateurs qui ont une sensibilité semblable à la mienne. Comme l’univers de Sébastien Lacombe qui me rejoint totalement. Je veux m’entourer de gens qui comprennent naturellement ce type d’écriture. Il faut faire confiance à la magie du moment. J’ai vu qu’il pouvait y avoir une chimie qui s’installe entre les artistes et qu’il fallait faire confiance à ça aussi. »

Après trois semaines en France, et la tournée Coup de cœur francophone en 2014, elle souhaite maintenant poursuivre sa série de spectacles au Québec ainsi qu’à travers le Canada (Vancouver, l’Ontario et la Saskatchewan sont notamment à l’agenda en 2015), en plus d’accompagner Chloé Lacasse dans son projet musical. Bref, peu de moments de répit pour l’artiste franco-manitobaine. Elle conclut : « Tu sais, j’ai la chance de voyager. Juste ça c’est immense. Je ne changerais pas de place avec personne! »

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« Quand j’avais 19 ans, j’ai fait un voyage en France. J’étudiais en sciences à l’université et je pensais me diriger en médecine, mais j’ai pris une année off. J’avais d’excellents résultats, mais je m’ennuyais de la musique, alors je suis allée travailler à Paris. J’ai décidé qu’à mon retour chez moi, au Manitoba, j’allais tout faire pour faire carrière avec mes chansons. Abandonner tous mes autres projets. Et c’est ce que j’ai fait. »