En quelques années, le pianiste, percussionniste et compositeur d’origine cubaine Rafael Zaldivar s’est forgé une solide réputation en collaborant avec des grands noms du jazz d’ici et d’ailleurs. Sa démarche est instinctive mais également très rigoureuse et en fait un musicien unique en son genre.
Né au sein d’une famille d’intellectuels, Rafael baigne dans la musique depuis sa tendre enfance : « Deux de mes grands-parents étaient musiciens et ont été mes premiers professeurs dès l’âge de six ans. » Il bénéficie donc très jeune d’un environnement favorable au développement de son talent, lui qui fera, au-delà de ses études primaires en musique, des études musicales poussées en piano et percussions au Conservatoire de sa ville natale de Camaguey ainsi qu’à l’Institut supérieur des arts de la Havane et finalement à l’Université de Montréal et à McGill.

En plus du piano, il est formé aux percussions symphoniques et aux percussions traditionnelles cubaines, ce qui lui confère une vision rythmique très personnelle. Ses influences? « Depuis toujours, une de mes grandes influences au niveau du piano, c’est un membre de l’école nationaliste de musique cubaine : Ernesto Lecuona. » Lecuona était entre autres connu comme compositeur de zarzuelas, une forme de spectacle lyrique ou d’opérette. Zaldivar souligne également son grand intérêt pour le compositeur québécois François Morel en plus de mentionner plusieurs pianistes parmi lesquels Jelly Roll Morton, Art Tatum et Thelonious Monk.

« J’ai eu la chance de rapidement participer à plein de projets qui ont marqué ma carrière. C’est important de créer des liens avec d’autres musiciens. »

La musique occupe une place centrale dans la culture cubaine, permettant aussi aux musiciens d’aider leurs familles : « Dans mon pays d’origine, la musique est une façon de s’échapper du quotidien et parfois une possibilité de se sortir des difficultés financières. C’est un peu le monde à l’envers, à Cuba les professionnels éduqués ne gagnent pas nécessairement bien leur vie. »
Après deux tournées en Europe au sein de groupes de musique cubaine et la rencontre de différents musiciens de jazz américains venus donner des ateliers ou tout simplement jouer à La Havane, Rafael décide de s’orienter vers le jazz et commence à développer son propre projet. « Je me suis donné comme premier défi de connaître vraiment toute l’histoire du jazz. »

Rafael rencontre alors la violoniste québécoise Lisanne Tremblay, venue étudier la musique cubaine, qui deviendra par la suite son épouse. À son arrivée au Québec en 2003, il s’installe dans la région de Sherbrooke et s’inscrit dans un programme de francisation. Il trouve par la suite un premier emploi de professeur de piano dans une école du coin pour finalement venir s’installer à Montréal et compléter dans l’année suivante un baccalauréat en interprétation jazz à l’Université de Montréal.
Puis c’est la maîtrise à l’Université McGill et le début d’une série de collaborations toutes plus intéressantes les unes que les autres : « J’avais un plan, je voulais jouer avec les meilleurs musiciens d’ici. » C’est ainsi qu’il participe à une multitude de projets et partage la scène avec des incontournables tels que Rémi Bolduc, Yannick Rieu ou encore Jean-Pierre Zanella. « J’ai eu la chance de rapidement participer à plein de projets qui ont marqué ma carrière. C’est important de créer des liens avec d’autres musiciens. »

En plus de nombreuses autres reconnaissances, il remporte en 2009 le premier prix du Concours de la Relève Jazz en Rafale, ce qui l’amène à signer avec la prestigieuse maison Effendi avec laquelle il a fait paraître deux albums jusqu’à présent. Un excellent premier opus, Life Directions, sorti en 2010, sera suivi par le récent Drawing, sur lequel il bénéficie de la présence du saxophoniste Greg Osby. Les deux albums, dont la majorité des titres sont ses compositions originales, nous font découvrir son univers créatif.

« Dans mon cas, le processus de création se déroule sur plusieurs niveaux. Le premier niveau est intuitif, c’est là que l’inspiration entre en jeu et que je définis le thème ou le motif qui m’intéresse. Le second niveau est une démarche de recherche et d’organisation du son, et c’est en quelque sorte au troisième niveau que je combine les deux. » Sa discipline et son souci du détail sont indéniables et il ajoute : « Je vois la musique comme une science et le côté organisationnel est central pour moi. C’est pourquoi c’est cette étape qui est la plus longue. J’aime aller en profondeur des choses. »

Rafael Zaldivar s’impose comme un musicien à la démarche sérieuse et réfléchie mais qui ne manque pas non plus de spontanéité, lui qui dit aimer utiliser l’ensemble des outils qui s’offrent à lui.
Dès ce mois de septembre, Rafael devient professeur-assistant de piano jazz à l’Université Laval, en plus de poursuivre des recherches doctorales à l’Université McGill et d’avoir plusieurs concerts à son agenda, en lien avec ses différents projets. Pour plus de détails sur ses prochaines dates, consultez www.rafaelzaldivarmusic.com