Il y a un moment durant « Keep the Light On », le nouveau simple de James Baley, où on dirait que les portes du paradis vont s’ouvrir devant nos yeux. Il faut dire que c’est une ballade gospel/R&B, après tout, sauf que Baley n’a pas besoin d’un immense crescendo orchestral pour nous faire sentir ce qu’il ressent. Non. Il a simplement besoin de cinq petites minutes pendant lesquelles nous sommes bercés par sa voix remplie de subtilité, d’émotion et de grâce. C’est un magnifique exemple de ce qui peut arriver quand on laisse une chanson être ce qu’elle est vraiment.

On a eu la chance d’entendre la voix de James Baley sur une grande variété de chanson au cours des dernières années. Il a notamment touché au rock avec July Talk et U.S. Girls, à la musique électronique avec Azari & III et au jazz et R&B plus expérimental avec Badge Époque Ensemble et Zaki Ibrahim. Le temps est maintenant venu de se mettre lui-même à l’avant-plan.

Cet automne, donc, Baley lancera son premier album solo, A Story. C’est une histoire que plusieurs d’entre-nous connaissons, mais que peu de gens ont racontée avec autant d’audace : le désir d’appartenance et de fierté dans la découverte de qui nous sommes vraiment.

Ayant grandi dans une famille qui encourageait le chant, il a découvert très tôt la puissance de sa voix. « Dès que j’ai découvert la musique et que je pouvais créer des sons avec mon corps, j’étais accro », confie Baley. « Mes deux frères et moi sommes chanteurs et ma mère nous a appris à chanter en harmonie. C’était un de ses trucs pour qu’on ne s’épivarde pas trop, surtout à l’église quand elle dirigeait la louange et le culte. Au final, je voyais ça comme un défi très amusant. »

Parmi ses influences, il cite la musique de Motown, le hip-hop et le R&B des années 90 ainsi que des chanteuses comme Tori Amos et Björk. Mais plus que tout, le fil d’Ariane de sa vie musicale est le gospel. Le hic, c’est qu’en tant qu’homme noir et queer, ça n’a pas toujours été facile de faire partie de cette communauté musicale.

« Disons simplement que pendant longtemps, je ne voulais pas être étiqueté gospel », explique-t-il. « Je savais que j’étais gai et je ne voulais pas être « l’artiste gospel gai ». Il y a quelque chose qui cloche dans cette description. Je ne voulais pas me sentir mal dans ma peau à cause des étiquettes qu’on m’imposait. Aujourd’hui, je ne me sens plus comme ça parce que je sais au plus profond de moi tout le bonheur que la musique m’apporte. »

« Le house est comme la musique d’église des pistes de danse »

Cette complexité est magnifiquement illustrée sur « Banishment », un autre extrait de A Story. Cette énergique pièce dance où gospel et house se fusionnent voit Baley s’imaginer être Ève, bannie du jardin d’Eden. Baley explique que la chanson a connu de nombreuses transfigurations au fil des ans, allant d’une ambiance disco « I Feel Love » à une autre plus inspirée par la scène « ballroom » contemporaine.

« J’aime vraiment beaucoup la musique ballroom », avoue-t-il. « Elle prend racine dans le house et le house est comme la musique d’église des pistes de danse et du nightlife », ajoute-t-il. C’est comme ces chansons gospel qu’on entend quand les gens reçoivent l’Esprit saint à l’église. Ils sont pris de convulsions et crient « Alleluia! » Je ressens la même chose quand j’entends du house. »

« Banishment » met en vedette le chanteur invité Twysted Miyake-Mugler, le confondateur du Toronto Kiki Ballroom Alliance où Baley se produit régulièrement. Il avoue que la scène est l’endroit où il donne le meilleur de lui-même et que la communauté « ballroom » a été pour lui un espace de guérison. Comme bien d’autres chansons sur A Story, c’est un hommage aux racines ecclésiastiques de Baley tout en laissant derrière les parties de ce monde dont il n’a plus besoin.

« Ça revient à dire qu’on ne retournera jamais à cet état honteux et craintif dans lequel on se sentait quand on faisait partie de cette communauté qui ont déjà été très bonnes à notre égard, mais qui ont aussi été dangereuses quand on a réalisé qu’on était gais », dit-il. Mon message est tout simple : tu es magnifique, tu es important, tu es beau et tu es bourré de talent. N’ait pas honte de qui tu es. »

Baley et l’Incubateur TD de la Fondation SOCAN

James Baley a été l’un des premiers participants de l’incubateur de créativité entrepreneuriale TD organisé par la Fondation SOCAN. Le programme lancé en 2018 donne un élan aux jeunes créateurs de musique grâce à des bourses, du mentorat et à des webinaires sur la littératie financière, les médias numériques, la gestion, l’édition, et bien d’autres sujets.

« Quand j’ai soumis ma candidature, j’avais vraiment besoin de ça pour aider ma carrière », dit-il. « Une des choses les plus importantes que j’ai retenues de ces webinaires, c’est de ne pas avoir peur de poursuivre notre rêve. Il ne faut pas avoir peur de demander les choses dont on a besoin, parce que si on ne le fait pas, personne ne va le faire pour nous. »

Dans le cadre de ce programme, Baley a été sélectionné pour participer à une résidence co-présentée par le Panthéon des auteurs-compositeurs canadiens où il a eu l’occasion d’écrire avec des auteurs-compositeurs de tout le pays et avec lesquels il est resté en contact. Il n’a que de bons mots pour le programme qui ne se contente pas de « cocher les bonnes cases » et qui offre un cadre naturel et authentique d’apprentissage.

« Je crois que l’Incubateur permet aux artistes qui souhaitent vraiment faire passer leur carrière à un niveau supérieur de le faire pour vrai », dit-il. « Ç’a vraiment été une expérience fantastique. Ils veulent vraiment que les participants réussissent. »

Le 22 octobre, James Baley prendra possession du Great Hall au centre-ville de Toronto avec une exploration multimédia de sa multitude de communautés et de mondes créatifs, et une expérience live conceptuelle avec deux performances, produit par somewherelse.