L’univers nous présente parfois avec un panneau nous indiquant le chemin à suivre. C’est du moins le cas dans le parcours professionnel de Amy Eligh. Sa vocation d’éditrice de musique est une combinaison d’intervention divine, d’un problème de santé et d’une conférence inspirante.

Retour en arrière d’une douzaine d’années. Eligh, alors étudiante en interprétation jazz au Humber College, rêvait d’une carrière professionnelle en musique. Son instrument : le trombone. Après avoir reçu son diplôme, elle découvre qu’elle souffre du syndrome algodysfonctionnel de l’appareil manducateur (SADAM) — un trouble qui cause de la douleur dans la jointure de la mâchoire et des muscles qui contrôlent celle-ci. Son rêve de devenir une musicienne professionnelle s’étant ainsi évanoui, elle souhaite néanmoins demeurer dans le domaine de la musique. Ne sachant pas encore quel parcours choisir, elle s’inscrit au programme des arts de l’industrie de la musique du Fanshawe College.

« Durant ma première semaine à Fanshawe, le professeur Terry McManus m’a parlé de l’édition et m’a expliqué que tout s’articule autour des chansons ; qu’elles sont la première étape d’une longue carrière pour les artistes », raconte Eligh. « Ça m’a beaucoup plu, car ça signifie que je suis là dès le début — alors qu’il ne s’agit encore que d’une idée — et que je travaille en étroite collaboration avec un auteur-compositeur pour créer quelque chose de merveilleux. »

Dans la foulée de cette épiphanie, le deuxième signe s’est manifesté lorsqu’une ancienne étudiante de Fanshawe, Angela Fex, désormais gestionnaire du service à la clientèle pour FACTOR, a prononcé une conférence au collège. Eligh raconte : « Après sa conférence, je lui ai dit que je souhaitais me diriger vers l’édition et que j’aimerais un stage. Je lui ai demandé ce que je devais faire à partir de là. »

Fex lui a suggéré de communiquer avec Ed Glinert chez Casablanca Media Publishing. Elle a obtenu un stage et un emploi à plein temps après avoir terminé ses études en 2005. « Casablanca m’a offert un emploi en septembre », poursuit-elle. « Immédiatement à la fin de mon stage, alors que je commençais ma deuxième année. Ils m’ont dit que je pouvais commencer en mai, lorsque je recevrais mon diplôme. Je suis vraiment chanceuse d’avoir trouvé un emploi dans le domaine qui m’intéressait. »

Une douzaine d’années plus tard, le parcours professionnel d’Eligh est couronné de succès. Elle a passé la majorité de ces douze années chez Casablanca Media/Red Brick Songs, d’abord comme coordonnatrice des droits d’auteurs/redevances — où elle était responsable de la saisie des données et de la résolution de différends —, puis comme directrice des synchronisations et des services créatifs. Puis, il y a six mois, elle a fait le saut vers la maison de disques Arts & Crafts où elle dirige la division de l’édition et des licences. FACTOR a également récemment nommé Eligh à son conseil d’administration.

La décision de passer de Casablanca à Arts & Crafts fut une des plus difficiles de sa carrière, mais le temps lui semblait venu de passer à autre chose. Pendant son séjour chez Casablanca, elle a appris son métier auprès de Jana Cleland et de Jennifer Mitchell, qui siège actuellement au conseil d’administration de la SOCAN.

« Jana et Jennifer ont joué un rôle de mentorat indispensable dans mon ascension », confie-t-elle. « J’ai eu la chance de travailler pour une entreprise où j’avais toute la liberté de me surpasser… j’avais très peu de restrictions. On favorisait beaucoup les nouvelles idées, ce qui ouvrait toute grande la porte à la croissance. »

« J’ai choisi ce métier afin d’aider les artistes à s’épanouir, à réussir et à grandir avec eux. »

« Changer d’emploi a été une des décisions les plus difficiles de ma vie », poursuit-elle. « Red Brick m’a élevée, tous mes amis sont là, et j’adore leur écurie de talent, que j’ai contribué à bâtir. Mais après douze années dans cette entreprise incroyable, le temps était venu de changer de vitesse. »

Durant ces nombreuses années chez Casablanca/Red Brick Songs, Eligh a été responsable de nombreux placements télé satisfaisants. On pense entre autres à une pub de Canadian Tire, une autre pour Interac mettant en vedette « Back in Black » d’AC/DC, ou encore à la synchro de la chanson « Advice on Bears » de Boats dans la série comico-dramatique Roadies de Cameron Crowe.

Au fil des ans, elle a également organisé des vitrines pour ses artistes à Los Angeles et New York en plus d’animer des camps d’écriture pour son écurie de vedettes.

Amy Eligh : l’histoire d’un succès
L’un des premiers artistes qu’Eligh a mis sous contrat pour Red Brick Songs est Dan Davidson. L’ex-rockeur s’étant tourné vers le country a connu un immense succès en 2017 avec le simple « Found ». Il a partagé ce succès avec Eligh, car ils travaillaient ensemble depuis de nombreuses années. « Juste avant Noël, Dan et son réalisateur Jeff Dalziel m’ont envoyé une plaque de certification Or pour ce simple avec mon nom dessus », raconte l’éditrice. « C’était vraiment excitant de voir son succès et sa croissance. [Une disque d’or,] c’est quelque chose que je ne m’attendais pas à voir. J’ai accroché cette plaque au-dessus de mon foyer à la maison. »

Une partie de l’attrait d’Arts & Crafts provenait de l’opportunité unique de voir comment fonctionne le côté maison de disque et gérance de l’industrie. Une de ses premières réussites fut la synchro de « War Face », par Lowell, dans l’épisode 1401 de Grey’s Anatomy. En novembre dernier, elle a également organisé une vitrine privée pour des superviseurs musicaux, des réalisateurs et des monteurs mettant en vedette Taylor Knox et Cold Specks.

Lorsqu’elle réfléchit à sa croissance professionnelle, Eligh constate que les raisons qui l’ont poussée à devenir éditrice depuis Fanshawe n’ont pas changé. Elle aime son métier autant qu’au premier jour.

« J’ai choisi ce métier afin d’aider les artistes à s’épanouir, à réussir et à grandir avec eux », affirme-t-elle. « Chaque fois que je travaille avec un nouvel auteur-compositeur, j’apprends quelque chose de nouveau. Mon père disait toujours que le jour où tu cesses d’apprendre dans le cadre de ton travail ou de ton domaine, c’est le jour où il est temps de le quitter — c’est impossible de tout savoir au sujet de son travail. »

« Je saute en bas de mon lit tous les matins à 6 h 30 et je dois voyager 90 minutes pour me rendre au travail, mais ça ne me paraît pas comme du travail. Après tout, nous sommes dans l’industrie de la musique. Difficile de faire mieux, non ? »