Il semble approprié que notre conversation avec Alex Cuba ait lieu exactement un an et un jour après que l’auteur-compositeur-interprète originaire de Smithers, en Colombie-Britannique, ait remporté son premier Grammy. C’était celui de la Meilleure performance pop latino pour son album Mendo et il l’a remporté après avoir été en nomination trois autres fois.

« J’ai appris que j’avais gagné le Grammy de la façon la plus canadienne qui soit : je rentrais chez moi au beau milieu d’une tempête de neige », raconte Cuba. « Je venais de jouer deux concerts symphoniques dans l’Okanagan, des spectacles magnifiques qui m’ont permis de me sentir réellement de retour sur scène après le confinement. Il n’y a pas de signal cellulaire dans certains secteurs, alors mon publiciste américain n’arrivait pas à me joindre. Quand il a finalement réussi à me joindre, il a dit “j’ai besoin d’une déclaration. Tu viens de gagner un Grammy!” »

Ce n’était cependant pas le premier prix qu’il remportait. Il a déjà à son actif quatre Latin Grammy, incluant celui du Meilleur nouvel artiste gagné en 2010, deux JUNO et, plus récemment, le Prix Hagood Hardy de la SOCAN.

Alex Cuba, Quiero Quedarme

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Ce qui ne veut pas pour autant dire qu’il s’assoit sur ses lauriers, puisqu’il mène actuellement plusieurs projets de front. Sa première parution en 2023 sera la pièce « Quiero Quedarme », le troisième simple tiré d’un EP à paraître plus tard cette année.

« Pour moi, ce projet est le mariage parfait entre ma “vibe” viscérale et les éléments électroniques », explique-t-il. « Pendant la pandémie, je travaillais sur l’album qui a remporté le Grammy, mais j’ai aussi commencé à travailler sur ces chansons qui ont un côté soul électronique. »

« C’est un album 100 % en solo ; une voix, une guitare et au moins 20 chansons. Il y a un lien avec ma récente tournée en solo ; ça m’a beaucoup inspiré. Je fais tout ça parce que je veux me concentrer sur l’écriture de chansons. Tout ce qu’on entend ces temps-ci est tellement axé sur les “hooks” qu’on dirait que l’art d’écrire des chansons avec des ponts qui semblent parfaitement naturels est en train de se perdre. J’ai déjà sept morceaux enregistrés pour cet album acoustique. Il sera principalement en espagnol parce que je veux qu’il soit très honnête et plein de soul, ce qui est plus facile pour moi dans ma langue maternelle. »

« Le plus important pour moi dans la musique, c’est la mélodie », poursuit-il. « Une mélodie contient une quantité phénoménale d’informations et elle fait ressentir quelque chose aux gens. Je crois que c’est pour ça que la tournée canadienne en solo que je viens de terminer a connu autant de succès. C’était juste moi sur scène et les gens pleuraient, riaient et s’amusaient. »

« Je crois que les mélodies sont le cadeau de la musique. Tu peux passer des mois ou des années à écrire des paroles pour une mélodie. La plupart des gens sont capables de faire ça, mais la mélodie est le vrai cadeau, celui qui arrive d’on ne sait où. »

“Mes fans me suivent parce qu’ils ne savent jamais dans quelle direction je vais aller”

Cuba se lance continuellement de nouveaux défis sur le plan musical, comme en témoigne la variété stylistique de son catalogue où on retrouve des éléments latins, du soul, de la pop et du rock. « Ce dont je suis le plus fier, c’est qu’au fil des huit albums que j’ai lancés, il n’y a pas une chanson qui ressemble à une autre », dit-il. « Mes fans me suivent parce qu’ils ne savent jamais dans quelle direction je vais aller. C’est très sain pour un musicien et auteur-compositeur. Si tu fais toujours la même chose et que tes fans en prennent l’habitude, tu vas être pris au piège quand tu vas avoir envie de faire quelque chose de différent. Je suis tellement content d’avoir cette liberté créative. »

Contrairement à bon nombre de ses pairs, il a de bonnes raisons d’être reconnaissant pour la pandémie. Dans l’impossibilité de maintenir son horaire de tournée habituellement très chargé, il a profité de l’occasion pour se construire un studio maison qui a eu un impact majeur sur sa créativité.

« J’ai enregistré Mendo dans mon salon », dit-il, « mais j’ai maintenant transformé notre garage en studio. La température y est stable, ce qui permet à mes instruments de rester accordés. Je perds la notion du temps quand je suis là et c’est vraiment inspirant. »

Aaron Miguel, La Aguja

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Ces nouvelles installations permettent également à Cuba d’accomplir le travail de production qu’on a commencé à lui offrir. « Ce dont je suis le plus fier à propos de mon Grammy, c’est qu’on peut y lire “Alex Cuba – Artiste, Producteur, Ingénieur”, alors c’est comme trois Grammys en un. Le lendemain de ma victoire, j’étais submergé de textos et de courriels d’artistes qui me demandaient de les produire. J’ai hâte de pouvoir passer plus de temps à la maison pour travailler sur des productions, mais je vais prendre grand soin de ne pas laisser ça devenir une “job”. »

Une partie de ce travail de production est pour Aarón Miguel, un artiste que Cuba à mis sous contrat pour sa maison de disques Caracol Records. « Je suis également en train de mettre les touches finales à la musique de Mi Tierra – Homeland, un livre audio d’un ami Américain qui s’appelle David Lindes », confie l’artiste. « C’est un livre génial sur le traumatisme de l’immigration et il y a des chansons qui accompagnent les histoires et moi j’ajoute des instrumentations et de la production à ces chansons. »

Il est également très excité par un autre projet. « T’es le premier à qui j’en parle : ça va s’appeler Voicess of My Family. J’enregistre des chansons avec des membres de ma famille et j’envisage d’en faire un mini-documentaire où je vais me rendre à Cuba pour enregistrer et filmer aussi. »