Post ScriptAmour fatal, paru le 14 avril dernier est leur premier EP exclusivement en français depuis les trois pièces qu’ils avaient lancées en 2013. À leurs débuts, ils ont sorti un album bilingue en 2015, des singles en français, puis un EP anglophone en 2019. Le duo franco-albertain Post Script fabrique des mélodies qui savent vivre dans toutes les langues. Alors qu’ils pourraient s’apitoyer sur leur état insulaire, Paul Cournoyer et Steph Blais embrassent leurs attraits uniques, prêts à jouer toutes les cartes pourvu que la musique soit dans le paquet.

Faire partie de la scène culturelle, en Alberta, c’est faire partie d’une petite famille. « J’ai grandi dans une famille francophone, dit Steph. Ma tante faisait un spectacle chaque année pour les francophones du coin. J’ai commencé la musique comme ça. Les écoles sont très impliquées avec les programmes de musique aussi. C’est beau de voir que même si on n’est pas plusieurs, il y a un noyau qui produit du nouveau matériel et qui veut que ça dure. »

« Il y a des gens qui nous ont inspirés, ajoute Paul. On nous a donné l’exemple qu’on pouvait chanter dans les deux langues aussi. Pour nos demandes de spectacles, c’est plus approprié parfois de jouer en anglais, mais on a tout ce qu’il faut pour pouvoir jouer les deux cartes. »

Là où les difficultés se font sentir, c’est lorsque vient le moment de bâtir un réseau. « Il y a une scène intéressante de festivals en été en Alberta, mais on n’a pas de réseau de salles de spectacles comme le ROSEQ au Québec, précise Paul. C’est impressionnant de voir ce que les artistes ont comme possibilités là-bas. » Avec une population plus petite, même pour se produire en anglais, les salles ne pleuvent pas. « On n’a pas de salle de spectacle moyenne, renchérit Steph. On peut jouer devant 50 personnes ou bien dans un stade. À part à Edmonton ou Calgary, il n’y a pas d’industrie, pas de label, sauf pour le country anglophone. » « Ça pourrait être pire, mais ce n’est vraiment pas parfait », complète Paul.

Même s’ils font de la musique depuis plusieurs années, Paul et Steph sont toujours heureux d’incarner l’émergence musicale de l’Ouest, conscients que les opportunités y sont moins tangibles. « Sur Avec toi, d’ailleurs, on parle de quand on était quatre dans une chambre d’hôtel pour faire de la tournée. C’est pas toujours facile l’émergence », rigole Paul.

Le texte et la musique naissent en même temps pour le duo, peu importe la langue dans laquelle ils écrivent. « On est vraiment du genre à accrocher sur la mélodie, dit Paul. C’est du travail collaboratif. On complète souvent les idées de l’autre. » C’était ensuite un choix créatif de se rendre à Moncton pour enregistrer le EP avec Benoit Morier. « Il vient de Winnipeg et c’est vraiment un gars passionné, soutient Paul. On voulait réimaginer nos arrangements avec lui et pousser notre fil conducteur indie rock, surf rock. Maxime Gosselin qui joue aussi avec Lisa LeBlanc a travaillé avec nous. On s’est vraiment donné une cohérence en choisissant ces gars-là. »

Si Louis-Jean Cormier, Jimmy Hunt, Chocolat et Peter Peter inspirent beaucoup Paul, ce sont les voix de Cœur de pirate, Safia Nolin et Les sœurs Boulay qui influencent davantage Steph. Dans tous les cas, l’inspiration musicale francophone, pour eux, prend racine dans l’est du pays. Le duo a laissé passer la pandémie avant de sortir ses « tounes en banque ». « Comme on avait fait un EP exclusivement en anglais, on avait le goût de faire du franco, lance Paul. Ça aide avec les ressources humaines, faire un album juste en français ou juste en anglais. Ce n’est pas facile de promouvoir un album bilingue. »

La vie sur la route, l’amour à distance, les horaires opposés font partie des sujets qui ont inspiré le couple pour ce EP. Bien qu’elle ait été écrite avant la pandémie, Échos nous enchaîne à nos espoirs de jours meilleurs avec des phrases qui s’insèrent à merveille dans l’époque : « je m’étouffe sous le poids de mes attentes », « est-ce une fin que je vois à l’horizon ». Si j’te disais nous laisse entendre les deux voix d’un couple séparé par les kilomètres. Un amour qui s’attend et s’entend malgré la distance.

La route et les concerts leur manquent, mais Paul et Steph ont répété et ils sont prêts pour la suite. « Heureusement, on est en couple ensemble donc on a pu jouer, rigole Steph. On est sur un kick créatif, autant en français qu’en anglais et on pense vraiment que de retrouver le sens de la communauté, après la pandémie, ça va juste faire grandir notre désir de faire de la musique pour les gens, devant les gens. »