Si vous avez regardé même un peu la couverture des Jeux olympiques de Rio à la CBC, vous avez sans doute remarqué le montage spécial d’ouverture préparé au son de la pièce « We Don’t Know » du groupe The Strumbellas.
Bien que ce placement de chanson des plus prestigieux soit à juste titre perçu comme une récompense pour The Strumbellas, les membres du groupe n’étaient pas les seuls à fêter cette réussite. Tout comme les entraîneurs d’élite forment des athlètes d’élite, le sextuor lauréat d’un prix JUNO peut compter sur son équipe chez Six Shooter Records, en particulier sur Kim Temple, la nouvelle directrice des licences et de l’édition, qui aide le groupe à atteindre le podium du domaine musical.
Première à occuper le poste de directrice des licences et de l’édition au sein de l’empire Six Shooter, Kim ne recule devant rien quand vient le moment de dénicher des opportunités pour les artistes qu’elle représente.
« En tant qu’artiste, j’ai écrit des chansons, j’ai touché des redevances et j’ai posé des questions concernant l’édition. Je sais à quel point c’est important d’être payé pour notre travail. »
« Je suis très consciente de ce qui se fait au cinéma et à la télévision, parce que j’ai déjà travaillé avec des compositeurs et, pour moi, la musique a un aspect très cinématographique, et je crois que c’est le cas pour de nombreux artistes », commente Kim, expliquant du même souffle comment elle trouve des opportunités de placement pour les artistes de Six Shooter. « Je suis toujours à l’affût de ce type d’opportunités, de même que pour des publicités, mais seulement si le style convient au groupe. Les évènements spéciaux, les diffusions en direct et les utilisations pour le contenu Web sont également des domaines qui m’intéressent. »
Parmi les bons coups notoires de Six Shooter, il faut souligner le succès international de « Spirits », le « hit » des Strumbellas entendu lors de l’épisode final de la série Saving Hope, l’apparition Sam Outlaw dans un épisode de Nashville, de celle d’Amelia Curran dans l’émission Hello Goodbye et le choix de Tanya Tagaq pour composer la bande sonore originale du nouveau film de Zacharias Kunuk, The Searchers. Avec un répertoire d’artistes incluant aussi Whitehorse, The Rheostatics, Hawksley Workman, Jenn Grant, Danny Michel et plusieurs autres, ce ne sont pas les occasions qui manqueront.
La gestion du catalogue de chansons bâti au cours des seize dernières années par la fondatrice de Six Shooter, Shauna de Cartier, et la présidente Helen Britton, sied particulièrement bien à Kim. Batteuse professionnelle qui a assisté au décollage sans précédent du rock indépendant canadien de la fin des années 90 et du début des années 2000, Kim a joué au sein de groupes tel que Bodega, Nerdy Girl et en tant que musicienne indépendante sous le nom de Temple Threat.
Le jour, elle travaillait pour le compositeur Marty Simon (propriétaire et administrateur de Music Revenue Data) dans le cadre de la série de science-fiction Lexx (« Tout ce que je sais sur l’édition musicale et la perception des redevances, je l’ai appris de Marty »). Éventuellement, cet emploi l’a dirigé vers Insight Productions, où elle œuvra pour Canadian Idol (« Plusieurs de mes amis du milieu du rock indépendant se moquaient de cette émission, mais j’y ai appris qu’une bonne chanson, c’est intemporel. »). Kim a même été de l’autre côté de la caméra, en époustouflant un groupe de jeunes musiciens jouant dans un garage de banlieue avec ses prouesses à la batterie, dans une publicité pour la Camry de Toyota (« Quand je déposais mes enfants à l’école, leurs amis me prenaient pour une grande vedette… j’ai fini par avoir mes 15 minutes de gloire. »).
Pour Kim, une journée type commence par la prise de connaissance des requêtes provenant de gens souhaitant utiliser des œuvres du catalogue de Six Shooter, la préparation de présentations à l’intention des directeurs musicaux, producteurs, réalisateurs, monteurs, promoteurs d’évènements spéciaux, les agences de publicité et de jeux vidéo, et ainsi de suite. Elle écoute les nouvelles pièces des artistes qu’elle représente et supervise tous les détails administratifs afférents. Il s’agit d’une liste quotidienne bien remplie pour Kim, mais les dividendes sont souvent importants.
« Les montants varient du budget de chaque projet », confie Kim. C’est le monde publicitaire qui dispose des plus gros budgets pour trouver la pièce parfaite. Les films documentaires en ont le moins, mais j’affectionne cette forme d’art. Mon expérience auprès d’artistes et de compositeurs à l’écran m’a permis de voir des pièces placées dans des émissions télévisées, des films, des bandes-annonces, dans des publicités Web et à la radio pour des montants allant de 2000 $ à 100?000 $. Je rêve de placer une pièce de Tanya Tagaq dans la série Game of Thrones. »
Cela peut sembler étrange, mais Kim explique que l’une des raisons pour lesquelles les artistes de Six Shooter réussissent est qu’ils n’essaient pas de composer pour une émission en particulier, mais sont plutôt encouragés à écrire de bonnes chansons, et c’est la clé du succès de ses présentations.
« Certaines émissions sont axées sur des genres ou thèmes spécifiques, comme des pièces sur les ruptures ou des compositions qui tirent les larmes », explique Kim. « Une des façons de bâtir un catalogue est d’amasser des pièces tristes et les pièces sur les au revoir, ou encore les pièces qui remontent le moral et les chansons de Noël. Mais le catalogue de Six Shooter a été conçu d’une manière totalement naturelle, sans prérequis de style. Notre approche a toujours été axée sur l’authenticité et le savoir-faire. »
« Nous ne serons jamais une fabrique à jingles et nous n’évaluons pas nos artistes selon la quantité de hits. Nous espérons que cela distingue Six Shooter des autres maisons et c’est pourquoi les directeurs musicaux et les réalisateurs font régulièrement appel à nous; ils apprécient nos valeurs et les gens que nous choisissons de représenter. »
Pour Kim Temple, tout est une question d’expérience. Elle comprend donc l’importance primordiale pour les artistes de toucher l’argent issu du placement de leurs pièces, particulièrement dans un monde où les ventes d’albums diminuent et les revenus provenant de la diffusion en continu sont modestes.
« En tant qu’artiste, j’ai écrit des chansons, j’ai touché des redevances et j’ai posé des questions concernant l’édition. Je sais à quel point c’est important d’être payé pour notre travail », affirme Kim. « Je sais ce qu’ils sacrifient pour pouvoir partir en tournée et continuer à créer. Ça me donne envie de me battre pour eux. Et ce qui me passionne, c’est de faire entendre leur musique. »