Nikki Yanofsky est rapidement passée de curiosité à jeune prodige, pour finalement s’établir comme artiste accomplie. Tout ça avant même d’atteindre l’âge de 16 ans! Petit retour en arrière. C’était à l’été 2006, par un beau début de soirée au Festival international de jazz de Montréal (FIJM), sur une scène extérieure. Il y avait cette voix qui résonnait. Une voix bien trop assurée pour provenir d’une jeune fille âgée de seulement 12 ans. Pourtant, c’était bien elle qui interprétait des grands standards du jazz. Les curieux s’accumulaient devant la scène afin de découvrir ce nouveau talent. Lors de sa seconde représentation de la soirée, une marée humaine était au poste. La rumeur avait rapidement fait le tour du site.

Cette voix, c’était celle de la Québécoise Nikki Yanofsky et elle allait résonner de nouveau au FIJM en 2007, en 2008, en 2009 et en 2010. Les Montréalais ont ainsi été témoins privilégiés de son évolution. On a l’impression que chaque année, Nikki avait quelque chose à prouver afin de passer du statut de curiosité à celui de véritable artiste.

« Quand j’ai commencé en 2006, je n’avais que 12 ans, mais beaucoup de gens étaient loin de la scène. Ils ne pouvaient pas connaître mon âge. Ils ont juste aimé ma voix. Maintenant, je dirais qu’ils pensent la même chose. C’est vrai qu’au début il y avait un peu d’intérêt parce que j’étais très jeune et que je chantais de la musique très vieille. Maintenant, j’ai 16 ans et l’étape de la jeune prodige est passée. Tout s’est fait naturellement. Je pense que c’est avant tout le jazz que je chante qui m’a apporté ma crédibilité, » considère-t-elle.

Auteure-compositrice
Nikki Yanofsky vient également de franchir une nouvelle étape très importante dans sa carrière. En lançant son premier album studio, Nikki, il y a de cela quelques mois, elle s’affirmait aussi comme auteure et compositrice. Pour elle, il était primordial de montrer cette facette de son talent. « Je pense vraiment que c’était essentiel. J’ai commencé seulement avec des reprises, mais quand les chansons ne t’appartiennent pas, tu souffres naturellement du jeu des comparaisons avec les autres interprètes. Cet album, c’est pour moi l’occasion de présenter aux gens autre chose qu’une voix. Je suis quelqu’un, pas juste une chanteuse! Aussi, quand je chante mes propres chansons, on peut entendre toutes mes influences, » explique-t-elle.

Ses influences proviennent naturellement de ses idoles jazz comme Ella Fitzgerald, qu’elle a interprétée à maintes reprises, mais aussi d’artistes de la nouvelle génération. Sur son album, on sent d’ailleurs que ses compositions se démarquent par leur touche pop et soul actuelle. « Une chanson comme “Bienvenue dans ma vie”, que j’ai coécrite, représente parfaitement mon désir d’intégrer toutes mes influences. Elle est à moitié en français, à moitié en anglais, avec un mélange de jazz et de pop. Elle me définit bien, » affirme celle qui a travaillé sur cet album avec de grosses pointures dont Ron Sexsmith et le réalisateur Phil Ramone.

Il s’agit d’ailleurs du seul moment où elle se permet de chanter en français, et ce n’est pas demain la veille qu’elle offrira un disque totalement dans cette langue! « C’est drôle. Les segments en français sonnent bien parce que j’ai beaucoup travaillé. Pour bien chanter six lignes, ça m’a pris deux heures! Même qu’au début, j’avais écrit “Bienvenue à ma vie”. Après on m’a dit que non, c’est “Bienvenue dans ma vie”, J’ai toujours dit qu’on ne sait jamais, mais j’ai beaucoup de travail à faire à ce sujet. Pour le moment, je me concentre sur l’anglais, » avance Nikki, dont la carrière a pris une ampleur internationale.

Public plus jeune
Chose certaine, offrir ses propres compositions lui permet de toucher un public plus jeune, qui se sent parfois moins interpellé par les standards jazz. « La diversité des chansons a une grande influence sur mon public. Je vois maintenant beaucoup de personnes plus jeunes à mes spectacles. Une chanson comme “I Believe” (chanson thème des Jeux Olympiques de Vancouver, qu’on retrouve aussi sur son album) peut aller chercher tout le monde. »

Il faut cependant garder en tête que ses chansons, Nikki les a élaborées entre 14 et 16 ans. Elles sont le fruit de la créativité d’une adolescente. Se voit-elle les chanter encore dans une dizaine d’années, en tant qu’adulte? « Quand j’écris une chanson, je me dis toujours que je veux qu’elle soit éternelle. Je ne pense pas au fait qu’elle pourrait être un succès ou non. Je veux juste être contente de ce que je fais. Je veux continuer de les aimer, même dans dix ans. C’est pour ça d’ailleurs que j’aime celles qui sont versatiles, qui peuvent aller dans plusieurs directions. Si je n’aime plus certaines chansons, je pourrai changer les arrangements et en faire de nouvelles. Je garde toujours ça en tête. » souligne-t-elle. Une artiste déjà en vue sur la scène internationale à 16 ans… et qui garde la tête froide.