Le deuxième album de Mariel Buckley, qui vit maintenant à Edmonton après avoir grandi à Calgary, intitulé Everywhere I Used to Be, est un succès immense auprès de la critique : CBC Music a dit d’elle qu’elle est « une nouvelle voix essentielle » tandis que le Edmonton Journal a dit de l’album qu’il s’agit « d’une vitrine sur les incroyables talents de Buckley » et Americana UK a dit : « du matériel sans compromis et honnête… exceptionnel de sincérité ». Buckley a même été encensée par une autre Albertaine d’origine, la légendaire k.d. lang, qui a déclaré : « cette jeune a un avenir très prometteur ».

Mariel Buckley, "Driving Around"

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N’allez pas pour autant croire que le succès était jusqu’ici étranger à Buckley. Son premier album, Driving in the Dark, lui a valu une bourse de plus de 100 000 $ après une première place dans un concours radiophonique provincial commandité par New Country FM, WILD 953 (CKWD-FM) et Alberta Music, et il avait également attiré l’attention de No Depression, CBC Music et PopMatters.

Mais malgré tous ces accomplissements, les textes de Everywhere I Used to Be expriment des sentiments d’échec et de la futilité d’essayer.

Buying cocaine outside the Circle K
Who cares if it kills me anyway?
What’s the point
In staying clean for Christmas? [librement : Acheter de la cocaïne dans le stationnement du Circle K/On s’en fout si ça me tue/Ça sert à quoi/D’être à jeun à Noël?]

 Les textes de l’auteure-compositrice-interprète sont fidèles à ses expériences et elle ne souhaite à personne de vivre ce qu’elle a vécu. Cependant, avec du temps et de l’introspection, Buckley a su changer sa destinée. « Je sais que c’est en partie dû au fait d’avoir 30 ans il y a quelques années », dit-elle. « Je crois que j’ai ressenti un petit changement en dedans de moi qui m’a donné envie de changer certaines habitudes et de jeter un regard sur les difficultés que j’éprouvais. Bref, je pense que c’est arrivé assez naturellement à cause de la manière dont on change en vieillissant. »

L’évolution de son sentiment de respect de soi de Buckley a aussi eu un effet sur ses relations amoureuses. À titre d’exemple, dans la chanson « Everywhere I Used to Be », elle reconnaît mériter mieux lorsqu’elle chante « I have never spoken to anyone/The way that you speak to me » [librement : « Je n’ai jamais parlé à quiconque/De la façon dont tu me parles »]. Plus loin, durant le refrain, elle dit au revoir et s’en va, sachant que c’était la bonne chose à faire.

Elle reprend également la route sur « Driving Around », une pièce où elle chante le sentiment de liberté qu’elle ressent après avoir passé plusieurs jours enfermée avec sa copine queer parce que c’est trop dangereux pour elles de s’afficher en public. « Il y a tellement de gens qui doivent vivre en cachant une partie de qui ils sont », dit-elle. « Ils n’ont pas grandi dans un endroit où c’est permis d’être eux-mêmes et ils ne sentent pas en sécurité d’être eux-mêmes. Je me suis sentie comme ça presque toute ma vie. J’espère simplement que ces gens-là vont m’entendre quand je leur dis qu’il n’y a pas de presse et que le monde les attendra jusqu’à ce qu’ils soient prêts. »

Que ce soit pour fuir les problèmes ou pour les éviter, Buckley est toujours plus à l’aise lorsqu’elle conduit sur l’autoroute. « J’adore faire de la route », dit-elle. « C’est là où je préfère être. C’est là que je trouve la majorité de mon inspiration. »

Mariel Buckley, Shooting at the Moon

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Lorsqu’elle a la chance d’être chez elle, Mariel adore reprendre sa routine créative : elle se lève à 6 h et fait une longue marche avant de s’installer pour écrire pendant de nombreuses heures. « J’adore écrire quand je peux suivre un certain rythme. C’est un des meilleurs “feelings” au monde », confie-t-elle en ajoutant que c’est plutôt rare que ça arrive. « Ça arrive environ deux fois par an que je tombe dans ce “beat” – là. J’aime tellement cette sensation que tu ressens quand t’as quelque chose à dire et que ça sort tout seul. »

Malgré sa croissance personnelle et sa réussite professionnelle, Buckley se sent toujours marginale. « Je pense que c’est difficile de se débarrasser de ça », affirme-t-elle. « Même si j’aimerais me débarrasser de certains côtés négatifs, comme cette impression que le monde entier t’en veut, ça a aussi un côté très motivant et, au final, plutôt sain pour le genre d’art que je veux créer. »

Peu importe l’avenir apparemment radieux de Buckley, il est important qu’elle reste fidèle à cet éthos. « J’espère ne jamais perdre ce côté de moi », avoue-t-elle. « Je crois que c’est important d’être fidèle à soi-même et c’est important pour moi de raconter les histoires des gens sous-représentés. J’espère juste pouvoir continuer à faire ça, peu importe ce que les gens en diront. »