Avant de pouvoir gagner leur vie avec leur art, la plupart des artistes vivent une période de flottement étrange, durant laquelle ils peuvent passer, parfois dans la même journée, des feux de la rampe à la dure réalité d’un métier plus terre à terre. Lorsqu’on la joint au téléphone, la chanteuse Marcie se trouve exactement à ce point. Elle prend une pause de son travail, une tâche de moine qui consiste à sous-titrer des émissions pour les malentendants, pour nous parler de ses aventures d’il y a quelques semaines, alors qu’elle sillonnait la France en première partie des vétérans Mickey 3D.

Pour l’heure, elle s’accommode très bien de cet équilibre : « Je suis contente parce que j’ai un horaire flexible, qui me permet de partir en tournée et c’est très sécurisant. J’aime ma job et j’aime faire de la musique ; pour l’instant, c’est un équilibre qui me convient tout à fait. » Depuis son passage en finale des Francouvertes en 2013 (aux côtés des Hay Babies et des Dead Obies), Marcie alterne les périodes de création et les moments où elle se contente de vivre « pour accumuler des émotions qui vont finir par alimenter les chansons, que je fais plutôt par grosses bourrées que par petites touches », explique-t-elle.

Après un premier disque, paru en 2013 et réalisé par Ludo Pin, elle vient de lancer un mini album sur lequel elle explore de nouvelles textures. Réalisé avec l’aide de Dany Placard et Louis Philippe Gingras, ce mini album de quatre titres, plus brut, contient une reprise de Françoise Hardy (la magnifique Ma Jeunesse Fout l’Camp) et une chanson frappante, Puisque, dans laquelle elle annonce « je serai chanteuse populaire ou j’entrerai au monastère », une phrase amusante qui tient plus de la boutade que de la menace.

« J’ai écouté beaucoup de musique religieuse ces deniers temps et il faut croire que ç’a m’a influencée, explique Marcie. Je ne suis pas croyante moi-même, mais je trouve quelque chose de si pur dans les sentiments qu’on retrouve dans ces chansons. » En plus de la musique de John Littleton, Louisianais d’origine qui a popularisé les negro spirituals en France, elle a aussi allumé sur la musique d’un duo québécois des années 1960 : Les Messagères de Joie.

« Mon amie Marianne a trouvé le premier album des Messagères de Joie dans une brocante et elle a simplement flashé sur la pochette qui montre deux religieuses, la première avec un énorme crucifix au cou et l’autre avec une guitare. On s’attendait à rire un bon coup en l’écoutant, mais au contraire, j’ai trouvé l’écriture magnifique. Oui, ça parle de Jésus, mais c’est plus que ça… j’ai trouvé quelque chose de poétique, en particulier la chanson Je sais que tu es beau, qui m’a beaucoup émue. » Marcie a été touchée au point d’entrer en contact avec l’auteure et compositrice des Messagères, Nanette Bilodeau (autrefois connue sous le nom de Sœur Wilfrid Marie) et de reprendre sa chanson. Aujourd’hui, elle entretient une relation d’amitié étonnante avec cette fringante octogénaire, qu’elle revoit régulièrement.

Si elle n’a pas l’intention de se mettre elle-même à la musique religieuse, elle souhaite quand même que l’inspiration divine soit au rendez-vous pour la suite. Elle a déjà quelques chansons en banque et espère nous offrir un prochain album à l’automne prochain, si Dieu le veut. De notre côté on ira à l’oratoire pour allumer un cierge en espérant qu’elle ne finisse pas au monastère.