Après avoir œuvré dans le monde de la publicité pendant des années, Marc-André Gilbert a renoué avec sa passion première, la musique, de façon éclatante. Rencontre avec un collaborateur né, qui a laissé sa trace sur des productions de Charlotte Cardin, d’Aliocha Schneider, d’Alex Nevsky et d’Ariane Moffatt, entre autres.
Lors du Gala des Victoire de la Musique, en France, le 14 février dernier, le gratin de l’industrie musicale française a eu droit à un doublé surprise lorsque Charlotte Cardin est montée sur scène pour interpréter Ensemble, en duo avec son amoureux Aliocha Schneider. Et bien que l’auteur-compositeur-interprète franco-québécois n’ait remporté aucun des trois prix pour lesquels il était en lice ce soir-là (dont celui de révélation de l’année), la performance avait pour lui des airs de consécration.
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Alors qu’Aliocha échangeait des couplets avec sa muse, on a pu sentir un frisson traverser le public. Et dans la salle, personne n’était aussi ému que l’auteur, compositeur et réalisateur Marc-André Gilbert, collaborateur régulier de Charlotte et cocréateur d’Ensemble. « Je savoure chaque moment où j’ai la chance de faire ce que j’aime et à ce moment-là, j’étais envahi par un immense sentiment de gratitude et de reconnaissance, se souvient-il. Ces instants-là donnent un sens à ma vie. »
Au-delà de la gratitude, cette soirée a eu de réelles retombées pour le musicien originaire d’Alma. « Oui, ça m’a ouvert des portes”, confirme-t-il. En fait, je suis en négociation pour plusieurs projets et j’entrevois que ma vie va beaucoup se passer à Paris cette année. C’est un immense privilège de pouvoir exporter son talent. »
Élevé par deux profs de musique, et disposant lui-même d’une solide formation académique, Marc-André a, pour ainsi dire, la musique dans le sang. Mais après quelques tentatives infructueuses, il a décidé de mettre son talent en veilleuse. « Mes parents m’ont toujours encouragé dans mes projets musicaux, mais ils étaient aussi bien placés pour savoir à quel point ça peut être un métier stressant. À un moment de ma vie, j’en ai eu assez de l’incertitude et des difficultés financières ; je n’étais plus capable de me demander comment j’allais payer mon loyer en allant d’une petite gig à une autre. Le stress était en train de tuer ma passion. »
Marc-André a donc consacré ses énergies à créer un studio de production publicitaire, qu’il a vendu, avant d’en monter un autre, nommé Parade, qui a le vent dans les voiles en ce moment. « Je me suis découvert une passion et un talent pour l’entrepreneuriat, mais j’ai toujours continué à faire de la musique dans mes temps libres », précise-t-il. « C’est pour ça que je m’appelle Dimanche sur Instagram: c’était le seul moment où je pouvais me consacrer entièrement à la musique alors c’est un jour sacré pour moi. »
Un jour, Marc-André a décidé de donner une deuxième chance à sa carrière musicale en faisant écouter quelques maquettes à Jason Brando, cofondateur de Cult Nation et partenaire créatif de Charlotte Cardin. « Il a adoré ce qu’il a entendu et comme il était en train de réaliser ce qui allait devenir l’album de Charlotte, il m’a tout de suite proposé d’embarquer sur le projet. J’ai dit oui, avec plaisir. Il m’a envoyé la maquette de Passive-Aggressive et c’est comme ça qu’on a commencé à collaborer.”
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À travers son travail avec Charlotte, Marc-André comprend qu’il n’a rien d’un mercenaire de studio. Lorsqu’il s’investit dans un projet, ce n’est jamais pour lui qu’un simple travail. « Pour moi, il est essentiel d’établir une véritable connexion humaine pour que je puisse travailler avec quelqu’un, explique-t-il. Un artiste qui te confie sa création partage avec toi la chose la plus précieuse qu’elle a : son intimité. Il faut le traiter avec tellement de fragilité, tellement de respect. C’est pour ça que j’aime m’impliquer le plus tôt possible, afin de pouvoir canaliser toute mon énergie à sublimer cette fragilité-là. »
Son approche humaine et sensible l’amènera à co-réaliser l’album Incarnat d’Ariane Moffatt, un autre jalon majeur de sa carrière. « Ariane, c’est une force créative incroyable et elle est habituée à tout faire elle-même », explique Marc-André. Elle est débarquée avec une vision claire et des chansons déjà tellement solides ! Je pense que je n’avais pas encore complètement trouvé mon style et ma priorité était de sublimer ce qu’elle me présentait sans le gâcher. Le challenge avec elle, c’est de ne pas tomber en mode « yes man », tout en témoignant tout le respect que j’ai pour son art. Il y avait un équilibre à trouver par rapport à ça. »
Équilibre atteint avec Aliocha Schneider, grâce auquel Marc-André Gilbert a pu approfondir son talent d’auteur-compositeur en plus de perfectionner son travail de réalisateur. « Aliocha est un type extrêmement intelligent et sensible. Quand on a commencé à travailler ensemble, il était motivé à s’affranchir de l’image de l’acteur qui chante et il se lançait en français après un début de carrière en anglais. J’ai lu et écouté un tas de trucs car je voulais parfaire mon écriture en français. On est donc littéralement partis de zéro: Ensemble, on l’a créée ensemble, justement, en jammant dans mon salon. »
De son salon de Montréal à la cérémonie des Victoire à Paris, Marc-André Gilbert suit sa voie vers le succès, carburant à l’instinct et à l’émotion. « Je peux avoir l’air ésotérique lorsque je m’exprime comme ça, mais je parle souvent de la création musicale comme d’une lumière », lance-t-il. À en juger par la quantité de projets de qualité auxquels il travaille actuellement, on peut dire qu’il n’est pas prêt de tomber dans l’ombre.