Bien entouré, le gagnant de La Voix 2017 arrive exactement là où on l’attendait avec un second disque qui palpite comme les néons en haut de l’affiche.

Avec 2 (disques L-Abe), Ludovick Bourgeois a prouvé qu’il savait voler de ses propres ailes droit vers le soleil levant de l’irrésistible affection des masses. Aidé du producteur et réalisateur Fred St-Gelais, Bourgeois, 27 ans, a coécrit avec lui neuf chansons sur les onze sélectionnées par le duo. Le chanteur populaire, on le sait, a été propulsé sous les feux de la rampe, mais n’allez pas croire qu’il prend son public à contre-pied en s’affirmant ici en tant qu’auteur-compositeur.

« Ce disque est doublement important pour moi, je n’ai pas l’intention de me détacher de mon bagage familial (fils de feu Patrick Bourgeois des BB) ou du fait que je viens d’un show de télé, au contraire, mais je veux que le monde sache que je fais de la musique pour les bonnes raisons. La musique prône en premier. La première chanson de ma vie que j’ai écrite (parmi les trois signées sur le disque éponyme de 2017) c’est -l’hymne à la liberté- Desert Song. Ç’a été un pas pire hit. Ça donne confiance. » La vraie paye, selon lui, c’est de voir le public la chanter mot pour mot. « On part le riff et c’est automatique, on peut arrêter de la jouer, c’est débile ».

Sans les distractions domestiques du chien qui jappe ou du portable qui sonne, les deux musiciens ont choisi d’avaler du bitume en route vers l’ouest américain, du Grand Canyon au Parc national de Joshua Tree, question de favoriser l’écriture de chansons en vase clos.

« Nous sommes partis de zéro avec nos guitares, Fred avec son laptop et un petit clavier MIDI. Dans nos chambres d’hôtel, on a créé des maquettes d’une qualité de production prêtes à jouer à la radio ! Fred, c’est un travaillant. Il se levait à 8h tous les matins. Moi je suis plus sloppy, je me lève à midi… Il a fait en sorte que notre horaire de travail était aussi tight que l’horaire de détente. Fred avait confiance en mes idées en termes de mélodies qui font vibrer. Avec l’encadrement, je pouvais juste m’amuser ».

« Le deuil c’est le début de ben des affaires »

Le retour des paroliers Nelson Minville (qui a coécrit cinq chansons) et Ingrid St-Pierre sur Le saut de l’ange, qui parle d’après deuil, suite à Sur ton épaule du premier disque, reconduits de par leurs qualités d’écrivains de chansons a été bénéfique.

« Ingrid ne me connaît pas tant que ça et elle a réussi à mettre des mots sur cette situation-là en écrivant: Ton départ / Le saut de l’ange / Je brille plus fort / Par ton absence. C’est comme si le départ de Patrick avait fait briller tout le monde. Son phrasé, ses mélodies, quand Ingrid m’envoie une chanson piano-voix, elle est parfaite. Elle est toute douce et moi je suis tout le contraire, c’est une rencontre improbable qui fonctionne ».

L’apport de Steve Marin (2Frères) qui a écrit L’Écho est du même univers rassembleur. « On l’a invité en studio pour faire écouter nos chansons et il a aimé celle-là. Steve est un raconteur et il vise dans le mille en disant que chaque jour c’est une nouvelle vie. Le deuil c’est le début de ben des affaires ».

Autre hit en puissance sur une mélodie irrésistible, Je le ferai, coécrite avec Marc Dupré et Fred avec son message d’espoir:  « on l’a fait en duo parce que je trippais trop sur la toune, ça prouve qu’il est généreux d’être sur l’album de quelqu’un de la relève et ça rejoint tout le monde! Quand l’histoire est triste, il y a toujours un côté positif et lumineux que j’essaie d’amener, c’est le fun parce qu’on n’est pas de la même génération Marc et moi ».

Autre préférée de Bourgeois sur 2, Figé dans le temps, composée par Jeffrey Piton et le duo québécois Kingdom Street: « souvent quand tu n’as pas écrit la chanson tu l’aimes encore plus. C’est un texte qui est fort. C’est ridiculement bon! » Que sera ma vie, dont le clip est sorti en septembre 2019 a été écrite en une heure avoue-t-il.

Ludovick Bourgeois fait de la pop de haut niveau avec des refrains qui tuent. Comme son père. Et le pot-pourri des BB en spectacle? « C’est comme si j’avais hérité de ces hits-là, il faut que je les fasse vivre. Je ne dis pas que personne ne peut les jouer, mais c’est très logique que ce soit moi qui les joue ».