Tout le monde peut être une Shirley! Ce n’est pas moi qui le dis, mais bien le groupe Les Shirley qui évolue en trio depuis près de 5 ans. Raphaëlle Chouinard, (chant et guitare), Sarah Dion (basse) et Lisandre Bourdages (drum) forment le groupe dont on aimerait tous faire partie. Le prérequis pour entrer : « être une bonne chum ». Après Forever is Now (2021), leur nouvel album paru en octobre, More Is More, révèle une envie profonde d’en donner plus. Et, ça tombe bien : on en veut toujours plus!

Les Shirley, Nothing Compares

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« Nothing Compares, on l’a composée pendant notre première journée en studio. La toune dure trois minutes et ça nous a pris neuf minutes, l’enregistrer », lance la chanteuse et guitariste Raphaëlle Chouinard. À ce moment, Les Shirley revenaient d’une importante tournée en Europe durant laquelle Agathe Dupéré (pataugeoire) avait remplacé Sarah Dion à la basse. Cette dernière avait laissé son « bébé » partir sans elle puisqu’elle devait se rendre elle-même en tournée avec NOBRO, dans l’ouest du Canada pour faire plusieurs premières parties de Billy Talent. Lisandre Bourdages, avait, elle aussi, recours à une remplaçante, mais dans NOBRO, dont elle fait également partie.

« Tout le monde revenait de 2-3 semaines intenses. Beaucoup de choses s’étaient passées et on avait quelques points sur les i et barres sur les t à mettre. On a jasé et la toune s’est faite dans un char de larmes, se rappelle Sarah en riant de bon cœur avec ses deux comparses. Ça a fait du bien! »

En tant que parolière du groupe, Raphaëlle se sent dans un changement de paradigme qui la ramène à ses premiers textes dans le groupe Syzzors.

« À cette époque-là, c’était vraiment personnel. Je parlais de relations et de certains types de dépendances. Quand on a commencé à jouer avec les Shirley, j’ai eu envie d’écrire sur des futilités. Après, la pandémie a amené beaucoup d’introspection pour tout le monde. J’avais besoin de laisser ressortir cette profondeur-là : parler de solitude et des montagnes russes d’émotions. »

Pour réaliser More Is More avec elles, les filles des Shirley ont d’abord pensé à Marie-Pierre Arthur, puis elles l’ont « ghostée », se remémorent-elles en riant pour tenter leur chance avec un réalisateur américain, puis elles ont changé d’avis et supplié Marie-Pierre, « la Shirley des Shirley » selon les filles, de se joindre au projet. « Elle est un coup de cœur à tous les niveaux. On est fans, lance Sarah. On savait qu’elle était bonne, mais son expertise en musique est difficile à expliquer tellement elle est incroyable. »

Raphaëlle admire ses compétences pédagogiques : « Nos démos étaient très complets et sa paire d’oreilles fraîche nous a aidées à changer les structures parce qu’elle n’était pas encore attachée aux tounes, dit-elle. Les sessions vocales étaient ésotériques. Ryan Battistuzzi (leur ingénieur de son) ajustait mon accent et elle, elle me faisait changer l’intention, par exemple en disant « il faut qu’on creuse » ou « ce bout de toune doit être un cône ». Et même si ça avait l’air complètement farfelu, elle me faisait comprendre des affaires. Je sortais de là complètement échevelée. »

Les Shirley, It's Time

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« C’est sérieusement comme si elle sortait d’un tsunami », ajoute Sarah. Au bout du compte, travailler avec une sommité comme Marie-Pier Arthur « c’est la meilleure décision qui pouvait être prise, assure Lisandre. Et même si ça fait que notre album est un projet women power, on l’a choisie parce qu’elle est la meilleure, pas parce que c’est une femme. »

Cette puissance au féminin est difficile à ignorer, et c’est, en toute franchise, de la puissance, tout court. Lors du lancement de l’album à Montréal, le Théâtre Fairmount a vibré. Il y avait des flammes en bois qui encadraient le trio, accompagné de 4 autres comparses pour l’occasion, dont Marie-Pierre Arthur. « Quand l’une de nous essaie de faire une partie de Marie-Pierre en show, on réalise à quel point on a été encadrées par une personne qui a du talent, parce que c’est difficile en maudit, rigole Lisandre. C’est direct, c’est droit, c’est toujours juste. »

Quand on chante l’album des Shirley au complet, tout en l’écoutant, on réussit à sortir le méchant. Peu importe, c’est quoi, notre méchant. Les voix des trois Shirley qui se mêlent à plusieurs reprises pour générer une power-harmonie, autant sur l’enregistrement que sur la scène, c’est un souffle de vie, une énergie nécessaire.

« C’est peut-être l’énergie du désespoir, suggère Raphaëlle, une façon de crier que la pandémie a été pas mal rock pis qu’on a pu passer au travers. » « On a fait beaucoup de spectacles depuis le premier album et ça nous a donné l’assurance de chanter en chœur, de nous donner cette permission-là », renchérit Sarah. « On le sait, que rien n’est facile, enchaîne Lisandre. Et c’est peut-être comme ça, en le criant toutes ensemble, qu’on va faire le saut de l’autre côté du bout difficile. » Rendez-vous de l’autre côté!