AliochaOn l’a vu émerger à l’automne dernier avec un premier EP comme une carte de visite engageante, mais pas tout à fait parachevée. Pour être franche, la même impression m’avait gagnée au concert d’Aliocha lors du M pour Montréal en novembre dernier. On était devant un mélange de candeur sympathique et de plaisir évident, mais le projet demeurait encore un peu vert.

Aliocha s’apprête à lancer son premier album complet. En peu de temps, sa proposition musicale a mûri. Les idées sont mieux synthétisées et les chansons, cousues par un même fil, moins disparates. On prend un réel plaisir à réécouter les chansons folks sous forte influence Dylan (Flash In The Pan en particulier) d’Eleven Songs.

Aliocha revient d’Europe, où il reçoit un bel accueil. En plus de son contrat avec Audiogram, le jeune auteur-compositeur montréalais né en France a signé avec l’étiquette française PIAS. Il rentre tout juste du festival The Great Escape à Brighton en Angleterre.

« On a fait beaucoup de chemin au cours de la dernière année, j’ai pris de l’expérience depuis mon premier vrai concert en mars 2016. Ensuite, j’ai enfilé 15 premières parties pour Charlotte Cardin. Au début, je me la jouais mystérieux… Maintenant mon approche est plus simple et naturelle, et mes chansons ont évolué au fil des concerts. »

Pour toucher le cœur des gens, Aliocha – qu’on a pu voir au cinéma dans Le Journal d’Aurélie Laflamme 1 et 2, Bon cop bad cop, Ville-Marie et à la télé dans Feux et Les jeunes loups – a dû se départir de ses réflexes de comédien. « Au début, j’essayais de livrer une performance, j’avais trop de contrôle. J’ai appris à m’abandonner, à laisser davantage de place à la musique et à l’imprévu. Je me suis dévoilé au public, mais aussi à moi-même, parce que je ne savais pas comment j’allais réagir. »

« Plusieurs m’ont approché et m’ont fait des offres. Tous semblaient connaître, encore plus que moi, la direction à prendre. »

La musique est entrée tôt dans la vie d’Aliocha. Il se souvient de road trips familiaux avec Cat Stevens et Neil Young en trame musicale. Vers l’âge de 10 ans, il s’inscrit à des cours de chant pour suivre les traces de son grand frère. Quelques années plus tard, il s’intéresse à la guitare. « Je jouais en solo, de façon assez confidentielle, dans ma chambre et pour mes amis. » Jusqu’à ce qu’un jour, dans un café, Aliocha fasse connaissance avec un certain Jean Leloup. Ce dernier le prend sous son aile et l’invite à jammer avec les Lasts Assassins. « Jean m’a enseigné l’importance d’avoir des musiciens pour faire éclore le projet. » Le jam est devenu une séance d’enregistrement de 8 maquettes, qui lui ont permis de trouver une maison de disque et un contrat. Généreux Leloup.

Une autre rencontre marquante fut celle avec le réalisateur Samy Osta (La Femme, Feu! Chatterton), avec qui Aliocha partage de nombreuses références musicales : The Band, Beck, Lennon. « Plusieurs m’ont approché et m’ont fait des offres. Tous semblaient connaître, encore plus que moi, la direction à prendre. Puis Samy est entré dans ma vie, il a pris le temps de venir à Montréal pour apprendre à me connaître. On a longuement échangé avant de plonger. Au début, on ne savait pas exactement où on voulait aller, mais très vite on a vu qu’on avait les mêmes albums phares. Ensuite on a travaillé en binôme dans des studios à Paris et Göteborg en Suède. »

Les deux complices ont enregistré sur bandes avec des guitares vintages et trouvé ce son à la fois moderne et rétro qui dans les meilleurs moments donne des petits bijoux comme Sarah.

La troisième bonne étoile d’Aliocha est celle qui brille le plus fort, celle à qui l’album est dédié : son grand-frère Vadim, décédé tragiquement lors d’un accident de voiture. « C’est lui qui m’a fait découvrir la musique. J’ai perdu mon frère Vadim en 2003, alors que j’avais 10 ans, et c’est ce qui m’a poussé à chanter. Mes premières chansons (Milky Way, As Good As You) sont déguisées en chansons d’amour, mais en vérité elles lui sont destinées.

I just can’t believe that you care for me
You know I want to be moved
By the music that has moved you
Talking about your sunny soul,
You know I’ll never be
As good as you…
Everyone, look at the sun

— As Good As You

C’est désormais au côté de son frère Volodia, batteur dans son groupe, sous les clics de l’appareil photo d’un autre frère, le cadet Vassili – trois têtes blondes bouclées au profil semblable –, qu’Aliocha poursuit devant nos yeux son aventure musicale.

Parution de l’album chez Audiogram le 2 juin
En spectacle au FIJM les 29 et 30 juin au Savoy du Métropolis