Le party est pogné, le titre du second disque du groupe Lendemain de veille est monté en flèche au sommet des ventes francophones dès sa sortie.

Lendemain de veille« J’ai pris des captures d’écran pour être sûr que c’était vrai », raconte Marc-André Rioux en entrevue Zoom, arborant une casquette avec l’inscription : J’ai Soif. Et avec en toile de fond, les champs de blé d’Inde de St-Louis de Gonzague, tout près de Beauharnois où les cinq membres tiennent leurs origines.

« Il y a quelque chose dans la simplicité qui nous définit, de se rappeler d’où l’on vient. D’ailleurs c’est le sujet de (la chanson) Notre histoire. De se rappeler que nous autres on a été créés dans une charrette à foin pas loin d’ici. On ne se prendra jamais pour d’autres ». Après quatre gars dans le vent, associé aux Beatles, aurions-nous cinq gars dans l’foin ?

Lendemain de veille cumule plus de 3 millions d’écoutes sur les plateformes numériques, joue à Énergie et CKOI. Trois titres en rotation sur les radios commerciales avec un country rock bien expédié et très affriolant.

« On sait que notre musique n’a jamais été conçue pour la radio, mais quand on regarde nos abonnés Facebook, on est plus grand public qu’on pensait. Nous autres on fait du rock agricole et on aime beaucoup les instruments, le banjo, le violon, la guitare lap-steel, la mandoline, l’accordéon -on a beaucoup écouté La Bottine souriante- alors on ne sait jamais d’une chanson à l’autre où ça peut nous mener ».

Différence marquée donc, entre les chansons plus trad du premier disque 1,000 bouteilles avec celui-ci nettement plus achevé dans l’idiome country. Les chansons On était Saoul, Bière au ciel, Une bonne bouteille de vin et autres auraient bien fait les belles nuits des Deux Pierrots, le défunt bar-chansonnier du Vieux-Montréal où les gars ont joué pendant dix ans. « C’est le temps que ça a pris pour qu’on écrive nos propres chansons. Parce que nous avons toujours existé pour la scène, pour faire la fête avec le monde ».

Le party est pogné a été réalisé durant la pandémie. À l’instar des autres productions durant cette longue période, chacun enregistre ses trucs de son côté et on assemble les pistes enregistrées.

Cette fois, les musiciens refusent de s’assagir et ne s’emmêlent pas les pinceaux dans des arrangements trop compliqués : Un tour à maison, Gars de campagne, Notre histoire, Mémère Tremblay, Rioux et sa bande savent faire des chansons qui se suivent et se ressemblent : le couplet léger et le refrain effervescent. Cowboy, un roadhouse blues sous fond de honky tonk a été choisie chanson officielle du Festival Western de St-Tite en 2020.

« La grande famille du country est composée de gens sans jugement auprès des autres. Ça boit d’la canette ben frette pis ça écoute d’la bonne musique », dit Rioux. Le rodéo qui a lieu dans les Grandes Estrades, c’est comme un mini Centre Bell pendant un match des Canadiens. Le monde crie, c’est malade mental. On a joué pendant six ans sur une terrasse là-bas grâce à (feu) Bob Bissonnette qui nous avait chaudement recommandés ». Question de vendre de la bière en masse.

Peut-être avez-vous alors déjà entendu leur «Medley Cayouche», ce pot-pourri des chansons du chanteur western du Nouveau-Brunswick? « On est allé chez lui pour lui offrir une caisse de bière Alpine, sa sorte préférée, ainsi qu’une palette à shooters et nos albums et il est arrivé sur l’entre-fait en Harley-Davidson. L’image était frappante : le vent coupait sa barbe en deux ! Un imposant monsieur, mais heureusement, il nous a adoptés. On a passé l’après-midi avec lui et il nous a joué des chansons pas encore sorties. En entrant dans sa maison, on pouvait voir les titres de ses chansons. Quand il chante qu’il a le portrait de son père dans le salon, ben il a vraiment le portrait de son père dans le salon ! »

Avec ce succès inespéré, il est désormais acquis que ce deuxième album à la joyeuse pochette ouvre des horizons pour Lendemain de veille qui a été nommé à deux reprises au Gala Country 2020. « La raison d’être de Lendemain de Veille a toujours été de faire de la musique festive et rassembleuse alors il n’était pas question qu’une pandémie mondiale nous empêche d’être aussi festifs qu’avant ! »



Almost a half-century separates them, age-wise, but on record, they both sound ageless. In one corner, the legendary Édith Butler, in the other, rising star Lisa LeBlanc. The girl from Paquetville and the girl from Rosaireville take us on Le Tour du grand bois, in a much more rock-oriented context than what we’re used to from Butler. Yet, “those are sounds I know; that’s what I listened to when I was younger,” says Butler, adamantly. “Big guitars like Johnny Cash – that’s not new to me, but maybe it is for the younger generation who aren’t aware of that style? Whatever the case may be, it’s totally my style!”

Edith Butler

Photo: Tony V. Hausser

“It’s been a long time that I’ve been hearing Édith playing with my band, in my mind,” says Lisa LeBlanc about this project, the first she’s taken on as a producer. “I’ve always thought that an album where we re-visit her songs, but with her singing, would be really fun. Édith has written so many good tunes, and I wanted to hear them in that setting,.” And so LeBlanc did, alongside her partners in crime – Maxime Gosselin on drums, Mico Roy on guitars, and her boyfriend Benoît Morier on bass, and various other guitars.

The duo had met in a studio before, when they recorded the McGarrigle sisters’ “Complainte pour Sainte-Catherine” for Butler’s 2013 album Le Retour. But the true spark for this project came while filming the TV show Les Échangistes (hosted by Pénélope McQuade) about three or four years ago. The pair sang one of Butler’s songs, “Ti-Gars,” featured on this project in a pedal-to-the-metal version. “Édith was playing a washboard and she so totally outshone me, it was insane!,” LeBlanc remembers about their appearance on Radio-Canada. “We played the song only once, on that show, but the phone started ringing off the hook,” Butler adds. “Everybody was asking about the album, but there was no album! That’s when we started seriously thinking about it…”

LeBlanc had already planned a sabbatical even before the pandemic hit; this time would be devoted to planning her next album, and exploring another side of her trade: producing. “That’s when I mustered the courage to go to her with that proposition,” says Blanc, who spent a week in Québec’s Eastern Townships where the iconic Acadian Butler now lives. “There’s no denying that Édith is super important for us Acadians,” she adds. “She was one of the first to step out of Acadie playing Acadian music and singing in the Acadian vernacular. She put us on the map, as did Antonine Maillet and Angèle Arsenault. They’re true pioneers, the first to have success in France and Québec. She’s accomplished a lot for us, she paved the way.”

“Lisa came to visit and we spent two weeks together, chatting, eating and taking walks in the woods,” Butler remembers. They also listened to a lot of music. LeBlanc notably played Butler Van Lear Rose, the Jack White-produced 2004 album by the grand dame of country music, Loretta Lynn – which had a major influence on Lisa’s approach for this project: embedding the voice of the great Acadian in a rough-edged jewel box made of folk- and country-tinged rock.

“We poured our hearts, souls, and guts into the album,” says Butler. “The music came naturally; we wanted an album that would ring true. Throughout the recording, Lisa would say to me, ‘I want to bring out the real chick from Paquetville!’ She directed me. I may have a beautiful voice, but if no one gives me directions, that’s all I have: a beautiful voice. Lisa was able to bring out a grain of voice I didn’t know I had in me.”

Together, the two musicians listed the songs that would be featured on this album – original songs as well as adaptations of traditional airs by Butler (“Vishten Avina Vi,” “Le Tour du grand bois,” and “La complainte de Marie Madeleine,” her renowned Marie Caissie adaptation), and a few songs by some of her friends, such as “Ti-Gars” and “Jerrycan” (by Anique Granger).

To top it all off, they also included two covers from the Acadian repertoire. The first one, “Marie Mouri,” is a song penned by David Greely, that Linda Ronstadt also recorded. “Originally, it’s a text that was found on a slave,” says Butler who, very few people know, holds a master’s degree in Ethnography from Université Laval. “I was deeply touched when I heard that story. It’s a beautiful story told from the perspective of a father saying to his young son, ‘You don’t know, you sing and dance, but Marie is dead, and you don’t realize it…’”

The other cover is “Tit Galop pour Mamou,” by Dewey Balfa, a founding member of Frères Balfa, one of the most famous Cajun music groups in Louisiana in the 1960s and ’70s. “I’ve met the Balfa brothers!” says a thrilled Butler. “I participated in this NFB film called Les Acadiens de la dispersion [by Léonard Forest, 1968]. “We went down to Louisiana to meet people, including the Balfa brothers, and we played music together. It’s during the time I spent with them that I heard ‘Tit Galop’ for the first time. That song, to me, is the story of when I met the Balfas.”

For her first stint as a producer, LeBlanc had carte blanche for the album’s musical direction. “What I wanted above all was for Édith to be happy,” she says. “This album is an homage, it’s not my album. It’s also a collaboration, but what mattered the most was to bring out Édith’s voice and personality. That’s the beauty of being a producer: staying in the shadows, not taking up too much space, while still carrying a clear vision for the project.”



Alors que les amateurs de musique attendaient la courte liste des finalistes du Prix de musique Polaris 2021, la directrice générale de l’organisation, Claire Dagenais, a passé sa dernière semaine à l’homologuer. Quelques semaines auparavant, le 28 juin 2021, l’organisation a annoncé que Mme Dagenais quitterait l’organisation après 11 ans, un an seulement après son entrée en fonction comme directrice générale – après que le fondateur de l’organisation, Steve Jordan, a rejoint CBC Music en tant que directeur principal. Mais si certains ont trouvé cette déclaration surprenante, Mme Dagenais affirme que la pandémie de COVID-19 a été la plus grande surprise, celle qui a changé la trajectoire de son mandat à la tête du Polaris.

« La COVID-19 a frappé précisément la semaine où j’ai été officiellement nommée directrice générale du Polaris », explique-t-elle. « Nous étions censés publier le communiqué de presse le 12 mars [2020], mais ce jour-là, les JUNO ont annoncé qu’ils annulaient, alors nous avons reporté l’annonce au 16 mars. La pandémie a tout chamboulé, incluant d’apprendre à être le visage, la voix et l’autorité d’une organisation alors que l’organisation devait tout jeter par la fenêtre – on ne pouvait pas s’appuyer sur ce qu’on avait fait dans pareille situation auparavant.

“Mais c’est pas seulement la COVID. Des questions de justice sociale prenaient également l’avant-plan : racisme anti-noirs et anti-asiatiques, impact du colonialisme sur les autochtones, mouvement #MeToo… Ça nous a touchés comme ç’a touché tout le monde et on voulait s’assurer qu’on participait à la conversation de manière adéquate. On s’est assurés que même si on était occupés, on n’ignorait pas la réalité autour de nous et tout ce qui se passait en temps réel. Je suis très fière de ce qu’on a accompli.”

Naviguant au cours d’une année sans précédent avec une équipe de créatifs réduite, mais dévouée, le Polaris a pu maintenir la trajectoire avant-gardiste pour laquelle l’organisation est connue – 2020 a vu le prix de 50 000 $ remis au rappeur montréalais Backxwash, le premier gagnant transgenre. [Note de la rédaction : l’auteure de cet article, Chaka V. Grier, faisait partie du Grand Jury du Polaris 2020 composé de 11 membres.]  Ce n’était que le plus récent prix dans une cohorte célébrant la diversité des nouvelles voix qui inclut également Lido Pimienta, Kaytranada et Haviah Mighty. En 2020, le prix Polaris a été décerné dans le cadre d’une cérémonie de remise des prix virtuelle, au lieu de son habituel gala en personne, qui présentait des vidéoclips dynamiques créés par chaque candidat et des cinéastes de la relève. Claire Dagenais affirme que sans son équipe, en interne comme en externe, le festival n’aurait pas pu se dérouler aussi bien.

“Même si notre équipe de salariés est petite, il y a des gens, nos sous-traitants, des rédacteurs de subventions avec lesquels nous avons travaillé et que nous sollicitons régulièrement, qui sont tous des personnes de très haut niveau”, dit-elle. “Je pense que trop souvent, ces personnes ne reçoivent pas leur part de gloire ou la juste appréciation de l’effort qu’elles ont réellement fourni. Et ils le font parce qu’ils aiment ça, pas nécessairement parce que ça leur permettra de se payer un yacht un jour. Ça prend des gens qui croient en vous et qui travaillent avec vous pour que de grandes choses se produisent. Nous leur devons d’essayer d’exceller, d’être transparents et de faire de notre mieux, même si la situation n’est pas idéale. Il faut être présent.”

Leçons apprises
Une fondation solide permet à une organisation d’aller de l’avant même durant une période de changements inattendus. Voici trois leçons que Claire Dagenais a apprises de son mandat comme directrice d’une équipe en pleine pandémie.
A : « Être capable de traverser une crise est autant une fonction de ce que vous faisiez avant cette crise que comment vous réagissez pendant celle-ci. Le fait d’être préparé, organisé et d’avoir une excellente équipe qui est dévouée, passionnée et autonomisée signifie que vous pouvez déléguer, et les meilleures solutions sont souvent un travail d’équipe. »
B: “Avoir des systèmes et des procédures en place signifie que tu disposes d’une carte routière lorsque la pluie commence à tomber vraiment fort. Et le fait d’avoir des principes directeurs et des mandats permet de demeurer intègre et de préserver la continuité quand tu navigues en terrain inconnu.”
C: « Troisièmement, demande de l’aide et soit transparent. Discute de tes idées avec tes partenaires, tes collègues et avec tous ceux qui comprennent ton organisation et qui sont capables de penser hors des sentiers battus. »

Alors que Mme Dagenais profite de cette pause de l’industrie musicale pour se concentrer sur sa jeune famille, la première employée du Polaris – « Techniquement, Steve [Jordan] a été le premier employé, mais en termes de réels employés, j’ai été la première », corrige-t-elle en rigolant – se souvient de l’époque où la stagiaire estivale qu’elle était accueillait certains des plus grands noms de la musique canadienne au gala. Lorsqu’on lui demande quel a été, selon elle, le plus grand impact de Polaris sur la musique jusqu’à présent, elle répond que le premier est la manière dont il a fait tomber les barrières entre les artistes et leurs fans.

« Il n’y avait rien de plus excitant que de libérer quelques billets pour le grand public », raconte Dagenais. « Les premières années où j’y ai travaillé, il n’y avait que des artistes et des représentants des médias et de l’industrie. Quand on a transporté le gala au Carlu, on a été en mesure d’ouvrir les billets au balcon au grand public et c’est devenu très intéressant quand les artistes eux-mêmes ont commencé à nous demander “je suis assis à une table, mais mon ami est ici en admission générale – où est-ce qu’on peut se rencontrer ? Et je leur répondais simplement ‘où tu veux ! Il n’y a aucune barrière entre les artistes et le public, ici.’

Quant à elle personnellement, c’est la longue liste qui a changé la donne.

‘Ce que j’aime de la longue liste et du prix Polaris en général, c’est que nous présentons tout sur un pied d’égalité’, dit-elle. ‘En ignorant l’aspect genre, les gens ne peuvent pas avoir de préjugés ou de préférés. Avoir des catégories par genre n’est pas une mauvaise chose, mais quand tu regardes la longue liste, t’es obligé d’avoir l’esprit ouvert. Il y a des types de musique que j’ai peut-être eu plus de mal à essayer parce que je me disais : ‘Oh, je ne suis pas à fond dans ce genre de musique, alors je ne sais pas si je vais aimer ça’. Mais quand on te les propose dans une liste sans aucune frontière ou limite, tu te dis, ‘bon, je vais essayer ça’. Ça m’est arrivé tellement de fois.’

‘Parfois, les gens s’inventent des règles autour de ce qu’ils aiment ou n’aiment pas, et je pense que la Polaris leur donne la permission d’aller au-delà de ces règles. On vous donne la permission de ne pas aimer quelque chose tout en l’appréciant. Un style musical peut ne pas être pour toi, mais tu peux quand même apprécier le fait qu’il a une valeur pour quelqu’un d’autre.’

Le lauréat du prix Polaris 2021, choisi parmi la courte liste de cette année, sera annoncé le 27 septembre.