Son nom de scène est Konrad Abramowicz et son entreprise de production musicale se nomme Vintage Currency, mais il n’y a pour autant rien de rétro ou de « old school » à propos du processus créatif de Konrad Abramowicz.

Établi à Vancouver, le producteur et auteur-compositeur explique à Paroles & Musique que « pour moi, demeurer à la fine pointe de la technologie et des nouveaux mouvements musicaux est crucial. Ces derniers temps, je me plonge sérieusement dans la musique par intelligence artificielle. Je vais probablement finir par me mettre au chômage », dit-il en riant. « J’ai juste besoin d’un moyen, en tant qu’homme d’affaires, d’en posséder une partie, et tout ira bien — “OK ordinateur, tu inventes et je m’en attribue le mérite”. »

Tout au long de la dernière décennie, OldMoney s’est fait connaître par ses nombreux placements dans des jeux vidéo — incluant de nombreux titres EA Sports —, des films, des séries télé et des publicités d’envergure internationale. Il produit également d’autres artistes et publie sa propre musique sous diverses formes, ce qui lui assure une carrière aussi prolifique que couronnée de succès.

Un de ses bons coups, récemment, a été sa contribution au très attendu jeu vidéo Cyberpunk 2077 (indépendamment de la réception réservée au jeu par les « gamers »). « J’ai 27 placements dans ce jeu, je crois que ça fait de moi le producteur avec le plus de placements dans ce projet », explique OldMoney. « Obtenir ce contrat a été intéressant. Je venais de signer avec mon agence de Vancouver, Core Agency et durant une réunion à L. A., ils m’ont dit qu’il y avait ce “truc Cyberpunk” qui était en production. Pour vendre ma salade, j’ai pris la bande-annonce en ligne du jeu et j’en ai retiré tout le son. J’ai refait tout le bruitage et les effets sonores et j’ai recomposé la musique de deux façons différentes avant de leur présenter le résultat final. »

Pour augmenter ses chances, OldMoney a fait des recherches sérieuses sur la musique des trois compositeurs principaux du jeu, Marcin Przybyłowicz, Paul Leonard Morgan et P.T Adamczyk. « J’ai remarqué qu’il y a beaucoup de sons nerveux et plus durs dans leur travail, donc je voulais m’assurer que mon style de mixage et mon choix de sons complètent cela. Il faut faire ça par respect pour leur travail, mais aussi parce qu’ils sont très compétitifs. Ce petit extra de cinq pour cent d’efforts augmente tes chances par une bien plus grande marge. »

OldMoney a dominé sur deux des stations de radio associées au jeu, 30 Principales (latino) et The Dirge (hip-hop).

« Le projet Cyberpunk a été très amusant, mais très exigeant », dit-il. « J’ai veillé à documenter le processus de sorte que lorsque le jeu est sorti, j’ai publié des vidéos sur la création de chaque chanson créée pour ce projet et je m’en suis servi pour lancer ma chaîne YouTube. Il y a un total de 27 vidéos de grande qualité qui durent en 6 et 9 minutes chacune sur ma chaîne. »

« Musicalement, je suis un peu comme un couteau suisse »

Une arme puissante dans l’arsenal de OldMoney est sa maîtrise d’un grand nombre de genres musicaux. Le hip-hop « old school » des années 80 fut sa première passion, mais il a rapidement élargi sa palette.

« Quand je me suis installé au Canada en 1993, je suis devenu un avide consommateur d’influences culturelles », se souvient-il. « J’avais soif d’apprendre plein de genres musicaux de partout à travers le monde. Au début de ma carrière, les gens doutaient de ma perspicacité. Ils pensent que si vous faites quatre genres différents, vous ne pouvez être excellent dans aucun d’eux, mais lorsqu’ils écoutaient ma musique, ils me donnaient une chance. »

« Un de mes atouts les plus importants en studio, c’est que je peux travailler avec des artistes punk, dancehall, Coréens ou latinos. Musicalement, je suis un peu comme un couteau suisse. »

Cette polyvalence lui a permis de décrocher des placements dans Seasons, la série documentaire sur Justin Bieber diffusée sur YouTube l’an dernier. « J’ai 10 chansons placées dans cette production. J’ai fait beaucoup d’hybrides pop et tropical, alors ce projet était parfait pour moi. »

OldMoney poursuit ses collaborations avec d’autres artistes, également, incluant ses compatriotes de la Colombie-Britannique Johnny4Graves et Cerbeus. En plus de travailler ensemble sur Cyberpunk 2077, OldMoney et Graves ont récemment enregistré « We Got the Spin », pièce qui a été choisie comme thème d’ouverture pour Beyblade, une célèbre série télévisée animée japonaise qui connaît un succès mondial.

Comme si ce n’était pas assez, OldMoney prend également du temps, depuis 2018, pour se consacrer à un projet en solo intitulé Single Friend. Il décrit ce projet comme « du hip-hop underground lo-fi, de la musique pour se détendre ou pour étudier », et le matériel qu’il a placé sur Spotify a généré des millions d’écoutes par mois.

« Single Friend est essentiellement un projet de passion pour moi, donc je fais un effort très concentré dessus — donc je ne néglige pas mes autres centres d’intérêt », dit-il. « Ma musique multimédia pour les jeux vidéo, les films, la télévision et les publicités constitue toujours la majeure partie de mon travail. Pourtant, Single Friend me trotte constamment dans la tête, car c’est un reflet assez bizarre de qui je suis. Je m’y consacre dans mes temps libres ; au lieu de faire une balade en moto, je vais passer une heure là-dessus. »

Au cours de ses deux décennies de carrière, OldMoney a travaillé sur des projets avec des artistes de renom comme Future, The Roots, Run The Jewels, Eminem, Snoop Dogg et Illmind (dans le célèbre groupe Smokey Robotic). Mais c’est son interaction avec RZA du Wu-Tang Clan qu’il identifie comme ayant changé sa vie.

« J’ai programmé de la musique inspirée par Wu-Tang pour la gamme de haut-parleurs Boombotix de RZA », dit-il. « Je lui ai confié que j’avais passé ma jeunesse à idolâtrer ses productions. Il m’a conseillé de sortir plus souvent, de voyager plus, de redéfinir les choses et d’aller de l’avant. Quelle source d’inspiration ! »