« Pour nous, ça faisait partie de notre groupe, car on n’écrivait jamais pour d’autres artistes. On a déjà touché de beaux chèques [de la SOCAN], très utiles, et on espère en avoir d’autres, mais on ne peut pas vraiment compter là-dessus à l’heure actuelle. »

Comme Royal Wood, et sûrement comme bon nombre de ses pairs et contemporains, Liam Corcoran considère les diffusions sur CBC Radio comme essentielles à sa survie.

« Quand on écrit des chansons et qu’on vit au Canada, la CBC nous aide à aller de l’avant, » dit Liam Corcoran, qui prévoit continuer à jouer sur scène et à enregistrer au sein du groupe Express avec son cousin Kinley Dowling.

« Si vous donnez un spectacle et que la CBC l’enregistre, vous êtes très bien payé. Vous serez bien rémunéré pour tout ce que vous faites. Quelques-uns d’entre nous ont eu des projets en parallèle, et avec seulement quelques diffusions, on voit toute la différence au bout du compte. C’est une surprise à laquelle on ne s’attend pas du tout. La CBC paye pour tout ce qu’elle diffuse et il faut lui en être très reconnaissant. La vie serait bien difficile sans elle. »

Le producteur exécutif de CBC Radio 2, Kai Black, dit que les listes de diffusion de la société d’État puisent largement dans les œuvres des artistes indépendants.

« Notre réseau réunit une foule de genres musicaux, et avec 50 pour cent de contenu canadien, c’est évident que la musique indépendante demeurera très importante, dit M. Black. Parce que finalement, quand on a fait le tour de tout ce que les grandes étiquettes ont fait paraître, il y a encore beaucoup de place à combler. » 

« La vie serait bien difficile sans la CBC. » — Liam Corcoran

Il suffit de jeter un coup d’œil à une liste de diffusion de Radio 2 au moment d’aller sous presse, soit en octobre 2013 : on y retrouve bon nombre d’artistes indépendants comme Arcade Fire, Matt Epp (avec Serena Ryder), City and Colour et Joel Plaskett qui bénéficient de mises en onde deux ou trois fois par jour. Et M. Black dit que la liste de diffusion de CBC Radio 2 a été récemment réduite à 21 chansons, soient dix étrangères et onze canadiennes.

« Nous avons réduit leur nombre parce que nous voulons les faire entendre plus souvent au public, explique-t-il. Des recherches ont démontré récemment qu’il faut faire jouer une chanson au moins cinq ou six fois avant que les gens décident s’ils l’aiment ou non. Avec le roulement actuel, les chansons resteront probablement deux ou trois mois. »

Comment un artiste parvient-il à figurer sur cette liste? M. Black explique qu’après avoir passé en revue les données de DMDS (un système de livraison de l’industrie musicale numérique pour les nouvelles chansons), iTunes et les blogues pertinents, son équipe de programmation musicale, dont Julian Tuck et Jeannette Cabral, le rencontre à toutes les deux semaines pour déterminer les chansons qui seront ajoutées ou retirées de la liste.

« Nous écoutons les chansons au complet et utilisons une feuille de critères pour évaluer chaque chanson afin d’éviter d’être uniquement subjectifs, dit M. Black. Techniquement, est-ce que ça sonne bien? L’interprète a-t-il une voix intéressante? Y aura-t-il polarisation d’un certain public parce que la chanson est trop unique? Y a-t-il un élément accrocheur discernable? Est-elle construite selon le modèle classique du refrain et des couplets? Et surtout, est-ce que les Canadiens, après l’avoir écoutée, souhaiteront la réentendre? »

La musique indépendante est aussi « follement importante » pour les radios universitaires et communautaires, affirme Shelley Robinson, directrice exécutive de l’Association nationale des radios communautaires et universitaires, à Ottawa, qui regroupe 42 radios universitaires anglophones en ondes et en ligne.

Bien que le taux employé dans le sondage de la SOCAN ait été de 4,60 $ par diffusion lors de la distribution d’août 2013, Mme Robinson dit que cette musique fait partie intégrale de ces stations. « C’est de la culture locale, ce sont des voix locales et des choses que l’on n’entendra nulle part ailleurs, ajoute-t-elle. C’est l’épine dorsale de notre secteur. »