Cliquez sur l’image pour faire jouer la vidéo « Our Home » de Brett Kissel

Pour de nombreux musiciens, la pause forcée de spectacles en raison de la pandémie a été une pause bénéfique qui leur a permis de se concentrer sur le côté créatif de leur carrière, mais pour Brett Kissel, ce fut tout le contraire. En entrevue lors de la Saint-Valentin 2023, l’auteur-compositeur certifié multi-platine nous a confié à quoi cette période avait ressemblé pour lui.

« Il y avait un immense nuage noir au-dessus de ma vie », dit-il. « Honnêtement, il pleuvait continuellement… Toute mon estime de moi venait de la scène et je me suis demandé ce qui me restait si je ne pouvais pas monter sur les planches. J’étais rempli de doutes et je n’arrêtais pas de me poser des questions du genre “à quoi je sers?” ou “qu’ai-je à offrir au monde si je ne peux pas jouer devant un public?”

La dernière chose que Kissel avait envie de faire, c’était d’écrire des chansons. La créativité n’était tout simplement pas au rendez-vous. Mais à mesure que le temps passait et que Kissel se forçait à travailler, son désir de création est revenu tranquillement. Après s’être longuement regardé dans le miroir, ce père de quatre enfants – qui mène une belle vie hors des sentiers battus partagée avec sa femme dans leur ranch du nord de l’Alberta – a réalisé pour la première fois que même sans les tournées et l’adulation de ses fans, il se suffisait à lui-même.

C’est cette réalisation qui est au cœur de sa bien nommée chanson “Our Home”. D’abord lancée en tant que simple en mai 2022 et figurant également sur son album South – le premier d’un quadriptyque d’albums qu’il lancera en 2023 dans le cadre d’un projet intitulé The Compass Project (librement, le Projet boussole ou Projet rose des vents) sur lequel nous reviendrons, la chanson se veut une ode à l’Alberta. À un degré plus profond, il exprime son amour – et l’importance qu’a pour lui – son ranch à travers des strophes comme “There is something strong about it / There’s something magical about it / There’s something glorious about it / It’s our home” (librement : Y a quelque chose de fort/ Y a quelque chose de magique/ Y a quelque chose de glorieux/ C’est chez nous).

“Ça m’a pris deux années d’introspection”, explique-t-il au sujet de son retour à l’écriture de chansons. “À partir de ce moment-là, j’étais capable de créer librement et sans avoir d’attentes. Je ne jugeais pas. Je n’ai jamais avoué ça avant de manière aussi directe à qui que ce soit… Je suis surpris d’avoir partagé un moment aussi privé, mais la réalité est que j’avais enfin de la créativité en moi et grâce à ça, j’ai pu être beaucoup plus courageux avec ces enregistrements.”

Tout a commencé par une chanson

Kissel raconte que la première chanson qu’il a écrite s’intitulait “Wasting Time”. Il avait sept ans et, selon lui, c’était incroyablement mauvais. Il en récite le refrain en guise de preuve : “If you ask me how I’m doing, I’ll say I’m fine/Ask me what I’m doing and I’ll tell you I’m just wasting time” (librement : si tu me demandes comment ça va, je vais te dire que ça va bien/demande-moi ce que je fais, et je vais te répondre que je fais juste perdre mon temps). »

Si les succès radiophoniques et les récompenses des dix premières années de la carrière de Kissel montrent qu’il ne perdait certainement pas son temps, la vérité est que, dans les mots mêmes de l’auteur-compositeur, le côté créatif de sa carrière n’a jamais été une passion.

« Je suis tombé en amour avec l’écriture de chansons il y a à peine 18 mois », avoue-t-il. « C’est une partie importante de ma carrière et j’aimais ça, mais ça ne me satisfaisait pas autant que de monter sur scène. Les chansons que j’écrivais quand je n’avais aucun souci, à la fin de l’adolescence et au début de la vingtaine, parlaient toutes d’avoir un “hit”. Mes premières années étaient totalement axées sur les statistiques. »

« Aujourd’hui, je me soucie beaucoup plus du “feeling” », poursuit Kissel. « J’écris des trucs que j’aime vraiment plutôt que d’imiter ce que la radio demande. C’est super libérateur. Pour la première fois de ma vie, je suis emballé par le fait d’écrire mes propres chansons. Et j’aime sincèrement ça. »

Alors que notre conversation tire à sa fin, nous lui avons demandé ce qui fait qu’une chanson est bonne. « La chair de poule », dit-il. « Il faut qu’elle te donne la chair de poule. »

Ce courage et ce nouveau désir d’écrire avec le cœur ont commencé avec “Make a Life, Not a Living”, le simple sorti en mars 2021 et tiré de son cinquième album pour une grande maison de disques, What is Life?. Kissel y parle de vivre dans l’instant plutôt que de courir après ce qui est devant soi, ou de regretter ce que l’on a laissé derrière soi.

Dix ans après le début d’une carrière déjà fructueuse qui comprend trois JUNOs, 18 prix CCMA, deux albums certifiés or et 16 succès radiophoniques dans le Top 10, Kissel, qui a maintenant 32 ans, a peu de regrets, mais il a néanmoins décidé qu’il était temps d’y aller le tout pour le tout et, surtout, d’écrire pour lui-même et pas simplement dans l’espoir d’écrire un “hit” pour la radio.

The Compass Project est l’apothéose de cette nouvelle approche artistique. Brett Kissel a annoncé qu’en 2023, il lancerait pas moins de quatre albums. Chacun d’eux sera représenté par un des points cardinaux et représentera un côté différent de son écriture. Pourquoi maintenant? « J’ai senti qu’il était temps d’enlever quelques couches », confie-t-il. « J’avais envie d’aller plus creux. Alors voilà : quatre albums qui expriment les côtés importants de mon art. »

L’album South, paru le 27 janvier 2023, est le premier chapitre. C’est l’album qui ressemble le plus à ce que les fans de la vedette country canadienne ont pris l’habitude d’entendre et d’aimer. Comme il le dit lui-même, « je lève mon chapeau à Nashville et à tout l’amour que j’ai pour Music City ».

Kissel est encore propriétaire d’une maison dans la capitale du Tennessee et, comme il l’ajoute, « j’ai une botte de cowboy de chaque côté de la frontière! Je suis un peu comme un “snowbird”. Je passe la moitié de l’année en Alberta et quand il commence à faire froid, je descends dans le sud. »

Le prochain à paraître sera son album East qui est celui qui surprendra le plus les fans de Kissel. Il le décrit comme un disque d’auteur-compositeur sur l’amour et les relations interpersonnelles qui dévoilera une facette différente de sa personnalité. Suivra ensuite Western où on retrouvera des pièces country et western dans la plus pure tradition avec des thèmes ruraux comme le pétrole et le bétail. L’une d’entre elles, révèle Kissel, s’intitule « Strait Country » et c’est une ode à George Strait, l’un de ses héros country. « Cette chanson-là est trop country même pour les radios country! » lance-t-il en riant.

Finalement, l’album North sera composé des plus grands succès de la première décennie de sa carrière, mais il ne s’agit pas d’une compilation typique. « Il s’agit de mes chansons préférées et de celles de mes fans enregistrées en spectacle dans diverses villes du Canada au cours des dernières années », explique-t-il.