Le Gala Country 2024 récompensera la communauté musicale country du Québec le 24 octobre prochain au Mtelus, à Montréal. Fidèle à son habitude, Paroles & Musique se penche sur les cinq artistes en nomination dans la catégorie Découverte.
Jay Kutcher
Jérôme Couture a choisi le nom de scène Jay Kutcher pour une raison fort pratique : son country nouvelle mouture mâtinée de pop vise d’abord le marché anglophone. « C’est la meilleure façon pour eux de prononcer Couture et que ça sonne un peu français », nous apprend Kutcher
Public ciblé à l’international donc, une décision qui, de toute évidence, limite la diffusion de ses chansons dans les stations de radio country francophones au Québec. Mais le musicien de 40 ans a tout de même trouvé son public.
Jadis choriste dans la revue musicale à succès Elvis Story, puis dans Les Misérables et Québec Issime, le finaliste à La Voix en 2013 (l’année de Charlotte Cardin, précise-t-il) n’est pas le dernier venu. En 2015, la SOCAN soulignait d’ailleurs sa maestria en honorant sa chanson Goodbye Girl. Depuis, il a réalisé trois albums publiés chez L-Abe. « Mais le country est le véhicule idéal pour mon timbre vocal ».
Son EP éponyme chanté en anglais est paru en février 2023 sous sa propre étiquette Les Productions G-Cout inc. « Je n’ai pas peur de faire des ballades, je suis avant tout un gars doux et romantique, je ne suis pas un cowboy qui tire du gun et qui est constamment sur le gros party avec sa musique. »
On note également que son dernier tube Happy Hour s’est hissé dans le Top 40 du palmarès country canadien. « Je fais de la musique accessible pour que les gens me suivent. Je ne pouvais plus faire uniquement de la pop, on me disait que c’était trop chanté, trop accrocheur, moi je suis un gars heureux, je fais de la musique positive. Ma force, c’est les vers d’oreille. »
Trudy
Ce n’est pas un hasard si Trudy Simoneau est nommée dans quatre catégories différentes au Gala Country cette année. Pour l’ex-gagnante d’Occupation Double Afrique du sud en 2019 et ancienne concurrente à The Voice en France en 2015, ses astres sont désormais alignés. Elle offrira d’ailleurs une courte performance durant le Gala.
Son mini-album de neuf titres intitulé Go Solo est sorti en 2023. Trudy aime privilégier les mélodies et les refrains. Signée à 18 ans par son gérant de l’époque, Corey Hart, via Warner France, elle poursuit parallèlement son autre ambition, le mannequinat.
En plus de figurer parmi les Découvertes de l’année, elle est en lice pour trois autres statuettes Willie : Prix du Public, Interprète féminine – Autres langues et Album – Autres langues. « Je suis vraiment contente. J’ai 32 ans et j’en suis à mon quatrième contrat de disque ». Cependant, un album complet sur Universal France fut mis sur les tablettes et n’a finalement jamais vu le jour. « On trouvait que mes chansons n’étaient pas assez commerciales », explique Trudy.
Durant cet intermède, elle a composé les chansons de Go Solo. Connor Seidel en est le réalisateur, lui qui a veillé au succès des albums 1969, de Bobby Bazini, de Half Moon Run, etc. Les chansons Shouldn’t Have To et You and Your Golden ont donné de très beaux clips et sa présence au Festival Lasso à Montréal lui a donné des ailes. « Aujourd’hui, je m’autoproduis, c’est une grande fierté de faire moi-même les choses. Et surtout, je sens enfin une forme de reconnaissance avec cette nomination en tant que compositrice-interprète. »
Les Gars du Nord
Ils étaient quatre le temps de deux albums. Ils sont maintenant sept. Le troisième tome, Les fils du père, est paru en 2023 et a propulsé à l’avant-scène ces bardes aguerris. Un changement de cap salutaire pour les Néo-Brunswickois du Nord qui, jusque-là, étaient perçus comme un groupe « du temps des fêtes. »
« Après dix ans d’existence, le groupe avait besoin de changement, confie Danny Boudreau. Pour nous, c’est un peu notre premier album. On a écrit des chansons en se disant : on va voir où ça nous mène. On est heureux parce que 80% de nos spectacles se passent au Québec et la réception est excellente. »
Ni entièrement country, ni musique traditionnelle, Danny Boudreau nous explique depuis le village de Petit Rocher la nouvelle philosophie du groupe qui, rappelons-le, compte dans ses rangs Wilfred LeBouthillier, révélé au public il y a plus de vingt ans. On serait tenté de les comparer avec Salebarbes, mais Boudreau y voit une distinction. « Nos couleurs country et nos racines acadiennes et celtiques ne sont jamais loin quand on compose nos chansons qui parlent des régions, mais aussi des souvenirs d’enfance. Notre succès est un peu surprenant parce qu’au départ nous n’étions pas destinés à un plus large public. »
« On écrit beaucoup en privilégiant les harmonies des voix et en se partageant les couplets et ça fait plaisir de constater que les gens sont attirés par la simplicité de ce que l’on a à leur offrir. »
Émilie Daraîche
Fille de Paul Daraîche et nièce de la reine de la chanson country Julie Daraîche, Émilie a, depuis l’âge de seize ans, accompagné l’illustre paternel, figure emblématique du country, partout au Québec.
Arborant un tatouage du visage de Céline Dion sur la cuisse, et un autre du prénom de la diva à l’intérieur du bras gauche, la nommée au Gala Country avait beau avoir baigné dedans toute sa vie, son plan de carrière n’était pas tracé.
Ailleurs, c’est le titre du plus récent disque de la country girl de 32 ans, celui qui lui a valu d’être mise en nomination dans deux catégories, soit : Découverte et Album Country classique. « J’ai été très surprise en apprenant ma nomination dans la catégorie Découverte parce que j’ai déjà publié deux albums! »
Ailleurs est sorti en 2023 sous la gouverne du chanteur populaire Mario Pelchat. Elle et lui se connaissent bien puisque c’est Émilie elle-même qui manipule encore aujourd’hui le téléprompteur lors de ses spectacles.
Christian Turcotte, son conjoint et complice à la création a été d’un inestimable apport. « Moi, je n’écris pas et je ne compose pas, de préciser Daraîche, mais je savais que je voulais réaliser un second album à saveur folk-country. »
Le modus operandi du tandem est le suivant : la chanteuse propose des sujets de chansons et c’est avec l’aide d’une petite équipe d’auteurs qui écrivent pour elle qu’elle débroussaille ses préférés et arrête ses choix. Parmi ceux-ci, on remarque Danny Boudreau (Les Gars du Nord), Stéphane Blanchette, Mario Pelchat, David Myles, Léa Jarry et Cindy Bédard. « Je me suis quand même impliqué dans le processus de création, s’empresse-t-elle de mentionner, en exprimant mes souhaits sur la composition des instruments, de la couleur des chansons. »
Andie Thério
L’auteure-compositrice autodidacte de Beauharnois Andréanne Thériault s’affiche clairement à l’enseigne new country. Nommée dans les catégories Interprète féminine – autres langues, album country – autres langues et Découverte, sa participation au collectif de sept chanteurs et chanteuses appelé Grande Ourse lui vaut en boni deux autres nominations.
« Le country, ce n’est pas un choix que j’ai fait ; c’est en composant ma musique que la filiation avec ce genre musical s’est produite », d’avouer Therio. Je compose seule depuis l’âge de treize ans et j’ai toujours été vulnérable et sincère avec moi-même. À la base, mes chansons sont dictées par mes émotions. »
Back to You (Disques Far-West), son plus récent disque autoproduit, a vu le jour en 2023, proposant du coup un nouveau et rafraîchissant chapitre à She’s Good, son mini-album de 2022 sur lequel on a pu débusquer une belle pépite country, Good Memories.
L’été 2024 lui a permis d’accumuler 14 dates de spectacles. On repère vite celle du Festival Lasso qui connaît un franc succès en milieu urbain depuis son inauguration au Parc Jean-Drapeau il y a trois ans. Andie en était déjà à sa deuxième participation à cette grande fête du country, elle qui était aussi de l’affiche du Festivent de Lévis en première partie des illustres Brother Osborne.
Le célèbre festival de St-Tite figurait aussi dans son itinéraire festivalier. « Toutes ces occasions m’ont ouvert plein de portes », constate-t-elle avec satisfaction. « Il n’y a pas de jalousie entre nous, dit-elle, faisant allusion à la grande confrérie country au Québec. Tout le monde s’entraide pour se tirer vers le haut. Le milieu du country, c’est tellement une grosse famille! »