Fierté Montréal bat son plein jusqu’au 18 août, un évènement qui rassemble les différences jusqu’à les faire disparaître. Avec l’art comme principal vecteur de regroupement, tous convergent à Montréal pour mettre en lumière nos similitudes.

Alexandra Stréliski

Alexandra Stréliski (Photo : Raphael Ouellet)

« J’ai principalement accepté de participer à la Pride parce que je crois fondamentalement à la diversité, à la justice et à l’égalité, dit la pianiste Alexandra Stréliski. Le principe de tolérance et de bienveillance est viscéral chez moi et je crois qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire localement, mais surtout dans le reste du monde pour conscientiser les gens à la diversité sexuelle et la diversité de genre. »

Fondé en 2007 à l’initiative des communautés de la diversité sexuelle et de genres, Fierté Montréal est aujourd’hui le plus grand rassemblement de ce type à travers toute la francophonie.

En vedette durant le festival, des artistes appartenant aux communautés LGBTQ+, mais aussi des alliés, s’assurent de faire valoir tout ce qu’il y a de beau dans l’union, quelle qu’elle soit. Le festival Fierté Montréal célèbre la diversité en permettant à tous de rayonner.

Selon Jean-François Guevremont, directeur de la programmation de Fierté Montréal, ce lieu de paix et de célébration est unique en son genre et extrêmement utile pour donner des réponses à ceux qui en cherchent et même à ceux qui n’ont pas l’intention de poser des questions. « On utilise les arts, les activités et surtout la musique d’artistes d’ici, auxquels les gens peuvent s’identifier, pour offrir des messages positifs à ceux qui sont rassemblés. Des gens en questionnement profitent de Fierté Montréal pour venir rencontrer nos organismes, se renseigner. Il est important de savoir qu’on est en apprentissage constant. Comprendre la non-binarité, ce n’est pas simple pour tout le monde. Mais si c’est fait dans un contexte agréable et festif, c’est plus aisé. »

« Je crois qu’au final, il n’y a rien de mieux qu’un gros festival rempli d’amour pour que les gens s’unissent et se fassent entendre », Alexandra Stréliski

La diversité, ce n’est pas que l’homosexualité et l’éducation est à la base de tout, pour  M. Guevremont. Alexandra Stréliski est du même avis. « Toutes les célébrations sont importantes ! Mais dans le cas de la Fierté, c’est évidemment une question de visibilité. On peut penser à tort que la visibilité des homosexuels est avancée au Canada, mais même si c’est de plus en plus vrai pour les homosexuels, la communauté LGBTQ est bien plus variée qu’on le pense. Aujourd’hui c’est aussi la visibilité des gens non binaires, bisexuels, pansexuels, des personnes trans et bien plus encore qui sont en jeu. Et puis je crois qu’au final, il n’y a rien de mieux qu’un gros festival rempli d’amour pour que les gens s’unissent et se fassent entendre. »

Depuis deux ans, Fierté Montréal est l’évènement LGBTQ+ le plus important au Canada. « Ça nous donne une visibilité médiatique immense, croit M. Guevremont. On peut passer par nos artistes pour mettre de l’avant notre positionnement politique. La musique te capte et t’invite ici, mais on a aussi un volet communautaire axé sur la sensibilisation. Tout ça est extrêmement important. » Pour Alexandra Stréliski, qui se produira dans le cadre du spectacle Vagues le 14 août, le positionnement de notre province et de notre pays est idéal pour faire valoir des idées. « Pour moi, le Canada et particulièrement le Québec peut donner l’exemple à d’autres endroits où la cause est moins avancée. »

Son concert réunira plusieurs artistes de la « nouvelle vague ». Safia Nolin, Beyries, La Bronze, Geoffroy, Annie Sama, Anthony Carle, Wake Island et Mathis Xavier partageront la scène avec elle.

La musique est un langage qui rend tout plus facile selon le programmateur du festival. « Que les artistes soient dans la diversité ou non, ils osent s’afficher et soutenir un message, dit-il. C’est un statment que les artistes font en se montrant à nos côtés. Ce n’est pas tout de démontrer de l’ouverture, mais de poser une action concrète, ça peut changer quelque chose. Le fait que Claude Dubois, notamment, ait été avec nous dimanche, ça a surpris les gens. Les gens qui ne s’inscrivent pas dans un contexte de diversité ont besoin de voir des gens qui se positionnent comme ça. C’est un étonnement très positif pour nous. »

Musicalement, Jean-François Guevremont demeure impliqué toute l’année afin de dénicher les meilleurs filons pour intéresser un plus grand nombre de festivaliers. « J’assiste à des évènements et je fais des recherches. On organise des réunions consultatives, dit-il. On était très contents d’avoir une ambassadrice comme Ariane Moffatt en ouverture. Ça ne fonctionnait jamais durant les autres années. C’était une question d’horaire. On est aussi content que d’autres personnalités connues se joignent comme Roxane Bruneau,  Debbie Lynch-White et Safia Nolin. On est aussi très satisfaits de pouvoir faire de la place à des visages de la relève comme Antony Carle, par exemple. »

Alors qu’on reproche aux festivals de ne pas mettre assez de femmes en vedettes, Jean-François Guevremont souligne l’absence de diversité dans bon nombre de ceux-ci. « On se fait dire, par exemple, qu’on a beaucoup de drag queens durant notre festival, mais en avez-vous déjà vu à Osheaga ? Non! Sur 20 spectacles, il y en a trois qui mettent en scène les drags, soutient le programmateur. Ce n’est rien, surtout si on compte à quel point ça vient pallier le nombre déficient dans les autres festivals de musique. »

Pour lui, l’évolution n’est jamais finie. « Les gens, il y a quelques années, nous disaient qu’il y avait beaucoup d’alliés et pas assez de gens queer, se rappelle-t-il. On veut être le plus représentatif possible. On a un bon nombre de lesbiennes du milieu musical. C’est un bon pas en avant pour nous. On veut aussi être diversifié en termes de musiques pour accueillir des gens aux gouts divers.» Il est aussi capital, selon M. Guevremont, de faire en sorte que les festivals du Québec et du Canada cessent de « cocher des cases » de diversités avec « un gai, un trans, une fille, etc. »

Une chose est certaine, c’est que la musique reste un véhicule de messages positifs, quel que soit le message. « Je pense que la musique peut tout simplement mettre de la douceur sur les cœurs qui en ont besoin, dit Alexandra Stréliski. Donc que ça soit des cœurs queers, L, G, B ou T… nous sommes tous semblables dans notre expérience humaine et c’est ça que j’ai envie de mettre de l’avant. »