Après 15 ans d’existence et une année financière 2012 qui a vu des recettes de 20 millions $, la polyvalente entreprise MapleMusic entre maintenant dans une nouvelle phase de son évolution. Lors d’une somptueuse soirée tenue le 1er mars dernier au Velvet Underground de Toronto, MapleMusic est devenue Cadence Music Group et une nouvelle ère a commencé.

« Il s’agit d’une réorientation », expliquait quelques jours plus tard Iain Taylor, le président et chef de la direction de Cadence Music Group depuis les bureaux de l’organisation qui sont voisins du siège social de Universal Music Canada. « Nous voyons cela comme une réinvention de notre héritage, c’était là le but de cette soirée, et nous sommes fiers de nos 15 années de succès. C’est quelque chose qui valait la peine d’être souligné. »

Il poursuit en expliquant que la création de cette nouvelle image de marque est un signal destiné au monde entier que « nous allons mondialiser nos affaires de la manière la plus efficiente qui soit pour nos artistes. »

« Nous voulons être les partenaires de nos artistes et nous sommes là pour les aider » – Iain Taylor, président et chef de la direction de Cadence Music Group

Ainsi, pour la suite des choses, la nouvelle entité chapeautera Cadence Music (dont l’écurie d’artistes locaux comprend notamment The Pack A.D., de Vancouver, ainsi que les Torontois Ferraro, Megan Bonnell et Royal Wood), Open Road Recordings (Dean Brody, Tim Hicks, The Road Hammers, Doc Walker, et de nombreux autres), Pheromone Recordings (Joel Plaskett, The Dears, Steph Cameron, Alejandra Ribera, et d’autres encore), Fontana North, l’organe de distribution de l’entreprise (Justin Time, Shout?! Factory, Downtown, etc.), Cadence Management (Royal Tusk, Zaki Ibrahim, Poor Young Things, etc.), l’organe d’édition musicale Cadence Songs, ainsi que Fan Experience, l’entreprise de promotion directe (Sarah McLachlan, Hedley, Frank Turner, Classified).

Cadence Music Group

De gauche à droite lors du lancement de Cadence : Iain Taylor, le maire de Toronto, John Tory et Michael Coteau, ministre du Tourisme, de la Culture et du Sport de l’Ontario. (Photo : Andrew Schwab)

Cadence s’est délestée de son système de billetterie en ligne TicketBreak, qu’elle a vendu en janvier dernier à Ticketfly, de San Francisco, pour une somme non divulguée. « C’était devenu trop difficile de concurrencer dans ce domaine tout en se taillant une place dans l’industrie de la musique », explique Taylor, qui a pris les commandes de l’organisation en avril 2015. « Nous nous sommes penchés sur nos compétences-clés et ce que nous souhaitions vraiment accomplir pour nos artistes et nos clients. »

« Si on désire être concurrentiel, il faut couvrir tous les angles du domaine de la musique. Cela ne signifie pas seulement les bandes maîtresses et leur exploitation, mais également comment vous allez vous impliquer auprès des artistes d’un point de vue éditorial, en tant qu’imprésario, et en ce qui concerne l’expérience V.I.P. pour les fans. Ce sont toutes des choses dans lesquelles nous excellons. En fin de compte, il s’agissait de nous recentrer sur ce que nous faisons le mieux. »

La création d’une nouvelle image de marque pour l’entreprise était devenue nécessaire, selon Taylor. Fondée par Andy Maize, du groupe Skydiggers, et son frère Jeff, ainsi les entrepreneurs du domaine des TI Mike Alkier, Evan Hu et Grant Dexter, l’entreprise visait initialement à être un site de commerce électronique et a vu le jour grâce à un investissement initial de 60?000 $, selon une entrevue accordée par Dexter au Globe & Mail en 2012.

« Quand je suis arrivé, il y avait déjà des suggestions qui circulaient voulant qu’un changement de nom soit une bonne idée », se souvient Taylor. « Lorsque j’en parlais avec les parties prenantes de l’industrie, il est rapidement devenu limpide que MapleMusic était perçue comme quasiment trop canadienne. À l’étranger, on nous laissait clairement entendre que “si vous vous présentiez comme une entité un peu plus internationale, ça pourrait jouer en votre faveur”. »

Cadence Music n’a pas tardé à garnir son écurie de plusieurs noms internationaux, dont Amy Lee, l’ancienne chanteuse d’Evanescence, Escondido ainsi que Victoria+Jean. Sans parler d’Alabama Shakes, que Cadence Music a porté à bout de bras jusqu’à l’obtention d’un disque d’or au Canada — leur seule distinction du genre à ce jour — pour leur album Sound & Color, qui a par ailleurs été couronné de quatre prix Grammy.

Jim Bryson, Kathleen Edwards

Jim Bryson et Kathleen Edwards sur scène lors du lancement de Cadence. (Photo : Andrew Schwab)

Taylor s’empresse d’ailleurs de nous confier que plusieurs autres artistes s’ajouteront bientôt à la liste. « Nous avons mis sous contrat plus d’une douzaine d’artistes au cours des trois derniers mois. Nous avons également conclu des ententes avec huit labels, récemment. Et nous allons faire quelques annonces majeures très bientôt. »

Du côté de l’édition musicale, il admet que Cadence Songs est un projet qui suit son cours. « C’est la seule pièce du puzzle qui soit encore à ses balbutiements. Nous contrôlons un certain nombre d’œuvres et nous souhaitons continuer dans cette direction. Lorsque nous signons des ententes de représentation, nous souhaitons également acquérir les parts d’édition. Il y a de nombreuses manières d’aborder le tout, et nous avons des partenaires nationaux et internationaux qui travaillent pour nous, mais nous n’avons pas encore mis la touche finale à notre processus. Quoi qu’il en soit, il ne fait aucun doute que nous voulons devenir plus actifs à ce chapitre. »

Grâce à ses nouveaux bureaux, à une équipe de 25 personnes, plus de 100 labels distribués, ainsi qu’au soutien indéfectible de parties prenantes telles que Universal Music Canada et Slaight Music — en plus de disposer d’ententes de distribution avec Universal au Canada et INgrooves, de San Francisco, pour les États-Unis et le reste du monde —, Taylor affirme sans ambages que son entreprise est prête à conquérir le monde.

« Nous voulons être les partenaires de nos artistes et nous sommes là pour les aider », dit-il. « Les artistes sont plus que jamais des entrepreneurs. Pour nous, il s’agit donc de nous impliquer et de devenir leurs partenaires d’affaires pour pouvoir agir efficacement en leur nom afin de faire prospérer leurs carrières de manière durable. »



Le moins qu’on puisse dire, c’est que Matthew et Jill Barber auront pris leur temps pour enregistrer leur premier album en tant que duo. La discographie combinée de ces deux auteurs-compositeurs applaudis par le public et la critique totalise 14 albums, huit pour Matthew et 6 pour Jill.

Les spectateurs qui ont assisté à une prestation de l’un ou l’autre ont souvent eu le plaisir d’être témoins d’une apparition de l’autre moitié de la paire et ces apparitions ont, à chaque fois, témoigné de la parfaite harmonie vocale qui existe entre les deux artistes.

Les Barbers ont finalement, l’an dernier, décidé de commettre un album conjoint et le résultat est is The Family Album qui a paru le 1er avril. « Ne ne ressentions aucune urgence d’enregistrer un album ensemble », explique Matthew. « Nous savions que cela se produirait un jour et que nous avions toute la vie pour le faire. C’est l’an dernier que nos agendas se sont enfin synchronisés. Jill venait tout juste d’avoir son premier fils, Josh. Elle a suggéré que le moment était venu et je crois que le fait d’avoir eu un bébé l’avait rendue plus sensible à la chose familiale, dans la mesure où elle avait peut-être envie de se sentir plus entourée. »

« C’est très sain pour sa créativité d’écrire avec un objectif différent. » – Jill Barber

Ensemble, ils ont décidé que cet album conjoint et coproduit serait composé de réinterprétations de chansons qu’ils aiment en plus de quelques compositions écrites expressément pour ce projet. Avec Matthew à Toronto et Jill à Vancouver, ils ont chacun passé du temps chez l’autre afin de choisir les pièces qu’ils allaient interpréter et partager leurs nouvelles compositions. Ainsi, trois nouvelles chansons de Jill Barber — « One True Love », Big Picture Window », et « Today » — et deux de Matthew Barber — « Grandpa Joe » et « Sweeter The Dawn » — se sont retrouvées sur la liste finale des pièces de cet album.

Jill a trouvé le défi de composer pour The Family Album particulièrement stimulant. « C’était légèrement différent que lorsque j’écris pour un de mes propres albums », confie-t-elle. « C’est très sain pour sa créativité d’écrire avec un objectif différent. Cela place quelques paramètres intéressants. Je sais que Matt ressentait une certaine pression à ne pas écrire une autre chanson d’amour?; ça aurait été étrange en duo avec sa sœur. Les paroles ne peuvent pas être trop sexy?! »

Le choix du titre de l’album a également sa signification qui dépasse le simple concept de fratrie. « On voulait que ce soit un peu comme un album de famille, plein de nostalgie et d’histoires, quelque chose de chaleureux et de confortable. Je crois qu’on a réussi, à ce chapitre », dit encore Jill. C’est en effet le thème de la famille qui domine leurs chansons originales sur ce disque, notamment la chanson « Grandpa Joe », qui se veut un hommage à leur grand-père qu’ils n’auront jamais connu.

La sélection des pièces qui allaient être réinterprétées a toutefois été un processus un peu plus délicat. « Lorsque vous avez le choix de n’importe quelle chanson au monde, c’est difficile de déterminer sur quoi se concentrer », confie Matthew. « Ça voulait également dire que si l’un de nous deux avait la moindre hésitation, on passait à une autre chanson. »

En fin de compte les six chansons retenues sont trois œuvres de grands noms de la musique canadienne — Neil Young, Gene MacLellan et Ian Tyson —, une chanson popularisée par Leonard Cohen — « The Partisan » —, et une paire de chansons par des auteurs-compositeurs de premier plan du domaine de l’Americana, Bobby Charles et Townes Van Zandt.

Jill Barber, Matthew Barber

« Nous sommes fiers d’être canadiens, mais nous ne voulions pas nous limiter au répertoire canadien », explique Matthew. « C’est lorsque nous avons pris un peu de recul et jeté un regard sur les chansons qui restaient sur notre liste courte de candidates que ce qui en ressortait était, pour le résumer ainsi, une approche très canadienne de l’Americana. »

C’est à l’étape de la recherche que Matthew est tombé par hasard sur une pièce intitulée « Song to a Young Seagull », un trésor caché du répertoire du très regretté auteur-compositeur canadien Gene MacLellan. « Pendant notre remue-méninges pour trouver les chansons que nous allions réinterpréter, j’ai passé beaucoup de temps sur YouTube à creuser, à suivre des recommandations et à écouter des trucs que je n’avais jamais entendus », raconte l’artiste. « J’ai trouvé une version démo de cette chanson chantée par Gene. » Les Barbers ont demandé son avis à leur amie Catherine MacLellan, la fille de Gene.

Fait cocasse, malgré leur talent et leurs carrières respectives, les Barbers n’avaient jamais auparavant tenté de créer ensemble. « En fait, j’ai très peu collaboré avec d’autres en ce qui a trait à la création », explique Matthew. « Ce qui se rapproche le plus d’une co-création, je l’ai fait en 2014 lorsque j’ai travaillé avec Justin Rutledge pour écrire des chansons destinées à l’adaptation théâtrale du film The Graduate. Sur l’album, notre approche — travailler chacun de son côté puis peaufiner le résultat ensemble — a porté ses fruits. »

« Je ne suis pas certaine pourquoi, mais je ne crois pas que nous ferions les meilleurs collaborateurs », confie Jill. « En général, je crois qu’il est bénéfique d’avoir une certaine distance avec ses co-créateurs. » Chanter ensemble, par contre, est une tout autre paire de manches. « Ça semble nous venir tout naturellement », affirme Matthew. « Nous n’avons jamais eu à forcer le moindrement pour établir une belle harmonie. »



Avec ses centaines de spectacles qui s’entremêlent et se recoupent en même temps à travers Austin, le festival South by Southwest (SXSW) est le lieu de tous les possibles pour les musiciens désirant exporter leur matériel. C’est dans le but de maximiser l’impact des artistes canadiens sur ce territoire pour le moins chaotique que la SOCAN a, encore une fois, effectué son traditionnel périple texan.

Avec plus d’une centaine de membres invités à se donner en spectacle, la SOCAN avait un rôle important à jouer durant le volet musical du festival, qui se tenait du 15 au 20 mars dernier.

Responsable A&R pour la SOCAN (ayant comme objectif de tirer un maximum de profit des contacts de la Société pour en faire bénéficier ses membres), Guillaume Moffet a multiplié les rencontres durant l’événement. « On se rend compte qu’en 2016, face à l’offre surabondante qu’il y a à l’international, la musique est, plus que jamais, une affaire de contacts et de relations, explique le Montréalais. À SXSW, il y a beaucoup de business qui se brasse et de meetings impromptus  autour d’une bière. Tout ça fait en sorte que, peut-être pas dans un mois, mais peut-être dans six mois ou un an, il y a des choses qui vont se développer. »

Basia Bulat« C’est toujours difficile de savoir comment les choses vont tourner à SXSW », indique l’auteure-compositrice-interprète montréalaise Basia Bulat, de retour au festival cette année. « On a tous nos attentes, mais il n’y a généralement pas d’impact instantané. Au  moment où on ne s’y attend plus, on peut finir par recevoir un appel pour jouer dans un autre festival. »

Pour Rodney Murphy, responsable A&R à Toronto, SXSW est une vitrine particulièrement intéressante pour les artistes canadiens. « C’est le festival international où il y a la présence canadienne la plus forte, rappelle-t-il. Évidemment, ça ressemble souvent à une grosse compétition. Notre rôle est donc de pousser les artistes devant les bonnes personnes au bon moment. »

À cet effet, le traditionnel Canadian Blast BBQ a, pour une onzième année, attiré les diffuseurs, producteurs et mélomanes internationaux grâce à sa programmation relevée et hétéroclite, élaborée par la Canadian Independent Music Association (CIMA) et soutenue par la SOCAN. On pouvait notamment y voir le duo électro-pop montréalais Milk & Bone, le groupe rock ontarien Arkells, la formation hip-hop manitobaine The Lytics et la chanteuse folk ontarienne Terra Lightfoot.

À sa toute première présence à SXSW, cette dernière a aussi participé à trois autres vitrines, notamment une plutôt mémorable à l’incontournable Canada House, qui prenait place au bar Friend’s sur la très courue 6th Street. « Nous sommes venus ici dans l’espoir de trouver un agent pour une éventuelle tournée américaine, indique la chanteuse originaire de Hamilton. SXSW me semble être un incontournable pour les artistes canadiens qui tentent une percée aux États-Unis. »

De retour pour une deuxième année consécutive au festival, Milk & Bone cherche également à saisir des opportunités chez nos voisins du sud. Signe que les choses vont bon train, le duo dit avoir été témoin d’un engouement plus généralisé, autant durant le Canadian Blast BBQ que durant ses autres spectacles, notamment celui du Poutine party organisé par M pour Montréal.

« L’accueil est plus intense que l’an dernier », observe Camille Poliquin, l’une des deux chanteuses et musiciennes. « On a rencontré plein de gens dans le but de vendre le spectacle à l’international. Il y a notamment l’organisateur d’un festival qu’on convoite qui  semble nous avoir vraiment apprécié. On lui a parlé après, et ça a cliqué. C’est le genre de rencontres qui solidifient les liens. »

Dans le cas précis de Milk & Bone, une présence à SXSW permet, entre autres, de mettre des visages sur des relations virtuelles entretenues depuis plusieurs mois. Pour l’équipe qui accompagne et soutient le duo, l’opportunité est à saisir, ne serait-ce que pour aligner les rencontres avec les producteurs et les diffuseurs. « C’est le genre de présence qui peut confirmer des choses puisque SXSW, c’est avant tout un point de ralliement », résume Guillaume Moffet.

Obtenir un buzz

Ainsi, le festival peut s’avérer bénéfique pour tous les artistes, et non seulement pour ceux de la relève. « Les artistes viennent généralement à SXSW pour se faire découvrir. Autrement, ils viennent pour avoir plus de publicité ou pour obtenir un certain buzz qui fera évoluer leur carrière », explique Michael McCarthy, chef des affaires des membres et développement à la SOCAN. « C’est toujours bon de venir rencontrer les gens les plus influents de l’industrie. »

The Strumbellas
C’est notamment ce qu’a fait le groupe folk ontarien The Strumbellas, qui a reçu un Prix No 1 SOCAN (pour la chanson Spirits) durant son passage à SXSW. Déjà bien entouré par l’étiquette Six Shooter au Canada et par la prestigieuse Glassnote Records aux États-Unis (derrière les succès de Mumford & Sons et Phoenix notamment), le sextuor en était à sa toute première expérience au festival.

« C’était une expérience fabuleuse. On a eu la chance de jouer devant des foules complètement survoltées », raconte le chanteur de la formation Simon Ward, visiblement épuisé après avoir donné 12 spectacles en 4 jours. « Nous n’avions pas d’objectif précis en nous rendant ici. On voulait tout simplement y jouer pour ce que ça représente. C’est l’un des plus gros festivals au monde, donc c’est  certain qu’on s’est fait de nouveaux fans et qu’on a rencontré des gens importants. »

C’est avec le même genre d’attitude que la formation Arkells a remis les pieds à SXSW cette année. Bien implanté au Canada, comme en témoigne le JUNO qu’il a reçu dans la catégorie du groupe de l’année en 2015, le groupe a jugé bon allonger sa tournée américaine avec quelques spectacles à Austin, même s’il ne recherche rien en particulier. « C’est une chance unique de pouvoir jouer devant des gens de partout dans le monde, indique le chanteur Max Kerman. À SXSW, on ne peut jamais savoir ce qui va éventuellement changer le cours de notre carrière. Ça peut même être un showcase devant 10 personnes! »

Dans tous ces cas, la SOCAN joue un rôle de premier plan afin que ses membres rayonnent à l’international. Milk & Bone a d’ailleurs pu bénéficier du soutien de l’organisation depuis ses tout débuts. « Ce sont dans les premiers à avoir cru au projet », admet Camille Poliquin, citant son passage mémorable à la Maison SOCAN Los Angeles l’an dernier. « Ce sont des gens sur qui ont peut compter, qui veillent sur nos droits et qui nous mettent en contact avec les bonnes personnes. »

Le déclin inévitable de l’offre francophone

Pour Guillaume Moffet, il semble pertinent d’aider un groupe comme Milk & Bone à s’exporter puisque son potentiel international est évident. À SXSW, c’est d’ailleurs ce côté «export ready» que les diffuseurs rechercheraient. « Les artistes qui vont se faire repérer ont souvent une équipe solide derrière eux, une équipe capable d’aller chercher un booker et un relationniste américains, qui vont ensuite se battre pour les faire connaître. Si la musique est bonne et que l’équipe n’est pas compétente, ça ne donne rien », juge-t-il.

La question de la langue pèse également dans la balance. Auparavant nombreux grâce à la défunte initiative Planète Québec, les groupes franco-canadiens n’ont pas eu une place de choix cette année. « C’est plus difficile d’avoir un retour sur investissement avec eux, admet Guillaume Moffet. Avec les belles percées que les artistes québécois font en France, c’est souvent plus logique de concerter nos efforts dans des conventions musicales en Europe francophone, par exemple. »

ChocolatRemarqué au dernier CMJ Music Marathon, Chocolat est l’un des seuls groupes francophones à avoir été de la programmation de SXSW 2016. Accumulant les spectacles, le groupe montréalais a réussi à tirer son épingle du jeu grâce à son rock impétueux aux influences américaines évidentes. « Ça a vraiment bien été, résume le guitariste Emmanuel Éthier. Ça m’a même réconcilié avec l’idée du showcase. J’étais déjà venu avec d’autres bands avant, et ça avait été un coup  d’épée dans l’eau. »

Par-dessus tout, les cinq artistes disent avoir apprécié leur expérience puisqu’ils ont pu rencontrer d’autres musiciens de calibre. « C’est pas juste une affaire de business. Il y a aussi le fait de découvrir une scène rock et de sentir qu’on en fait partie le temps d’un festival », indique le claviériste Christophe Lamarche.

Bref, les retombées de SXSW sont aussi nombreuses que les raisons qui poussent les artistes canadiens à y retourner année après année.

2016 aura toutefois été une année particulièrement mémorable pour le cortège canadien. « C’est beaucoup plus intéressant pour les artistes d’ici qu’il y a cinq ans, analyse Guillaume Moffet. En ce moment, il y a une bonne vibe autour de la musique canadienne, entre autres grâce aux énormes succès de The Weeknd, Drake, Alessia Cara et Justin Bieber. Aux yeux de beaucoup de gens, c’est rendu cool d’être canadien. Faut en profiter pendant que ça passe. »