Fort d’un catalogue personnel de plus de 1500 chansons, de collaborations avec John Legend et Mariah Carey, entre autres, ainsi que des placements de chansons au cinéma (The Lego Ninjago Movie, Oz The Great and Powerful) et à la télévision (incluant Hawaii Five-O et Hannah Montana), le vétéran Justin Gray a rapidement compris la nécessité d’un manière sécuritaire, accessible et efficiente d’organiser les données de chacune de ces œuvres. Il y a trois ans, Words + Music interviewait Gray au sujet du lancement de MDIIO (rime avec vidéo), « une manière plus facile pour la communauté des auteurs-compositeurs de collaborer, réseauter, faire des présentations et monétiser la musique. »

Un confinement productif
« Ce que j’ai remarqué durant le confinement, c’est que les créateurs qui sont disciplinés sont devenus très actifs et on a voulu leur donner la chance de placer toute cette musique. Les productions de télévision ont repris. On va bientôt constater une résurgence massive du nombre de licences, probablement durant le 4e trimestre de 2020 et en 2021 assurément. C’est le moment de mettre votre musique sur le chemin des opportunités. »

Son service est une réponse pragmatique à un problème dont Gray savait très bien qu’il n’était pas le seul à subir. Un jour, il a réalisé qu’une de ses chansons, un succès international, aurait dû commencer à rapporter des redevances. Après avoir communiqué avec la SOCAN, il a réalisé qu’un « ancien gérant avait assigné les mauvaises chansons au mauvais Justin Gray par inadvertance », raconte-t-il. « On a fini par découvrir que 70 chansons avaient été attribuées au mauvais Justin Gray durant le temps où il a été mon gérant. Il y a tellement de variables qui peuvent faire qu’un créateur ne sera pas payé… Si quelqu’un épelle Gray avec un E, par exemple, si quelqu’un se trompe dans le numéro IPI [un numéro d’identification international assigné aux créateurs et éditeurs afin de les identifier comme ayants droit uniques], ou encore si votre chanson s’intitule “Happy Days”, mais que vous avez décidé de l’épeler “Happy Daze”… »

Gray affirme que MDIIO a évolué de manière « significative » depuis son lancement. Comme il l’explique, MDIIO était « initialement conçu comme dépôt centralisé où les créateurs peuvent stocker leur musique, la partager, soumettre leurs œuvres pour une production et assurer le suivi de toutes ces activités tout en permettant aux utilisateurs d’ajouter toutes les métadonnées utiles à leur musique. On est partis de ça et on l’a bonifié. On est actuellement dans le processus de lancer, un peu plus tard cette année, si tout va bien, quelque chose qui va s’appeler MDIIO+. »

« L’idée, c’est qu’il y a tellement d’auteurs-compositeurs émergents qui souhaitent placer leur musique dans les films et les productions télé. Ils souhaitent générer des revenus grâce à leur passion. Mais on sait qu’une des barrières à l’entrée importantes pour les auteurs-compositeurs émergents est les contacts. Ils ne savent pas à qui s’adresser. Ils n’ont pas accès à diverses opportunités. Ils n’ont personne sur qui compter pour créer et générer des revenus pour eux. Nous avons donc créé ce portail qui permet à tout le monde de téléverser leurs chansons dans l’espoir de licencier leur musique. Et c’est aussi vrai pour les éditeurs. » Gray souligne qu’à peine 4 à 6 pour cent du catalogue de la plupart des éditeurs fait l’objet de licences. Ce nouveau service donnera une chance de plus à l’autre 95 pour cent. MDIIO+ sera un portail de recherche de musique propulsé par l’intelligence artificielle afin de déboucher sur des licences, et c’est ouvert à tous.

MDIIO compte déjà plus de 1500 directeurs musicaux et plus d’une dizaine de studios majeurs de production pour la télé et le cinéma parmi ses utilisateurs réguliers. Quant à MDIIO+, Gray affirme qu’il est « en négociations pour la création de six licences générales différentes auprès de six producteurs et réseaux de télévision majeurs. Chacun d’eux a des exigences spécifiques au chapitre de la musique qu’ils recherchent. Écoutez n’importe quelle émission de télé et vous serez surpris par la quantité de musique qu’on y entend. Chacune de ces chansons doit faire l’objet d’une licence. »

MDIIO et la SOCAN
MDIIO et la SOCAN ont uni leurs forces en intégrant une API (interface de programmation d’applications) pour la déclaration d’œuvres au système de MDIIO. « On sait qu’un des plus gros problèmes de la SOCAN est les métadonnées “sales”, les déclarations d’œuvres erronées, les mauvais pourcentages de parts », explique Gray. « On s’est donné comme mission de nettoyer ces données avant qu’elles arrivent à la SOCAN. Si vous déclarez vos œuvres à la SOCAN par l’entremise de MDIIO à l’aide de l’API de déclaration d’œuvres, on sait que ces informations seront enregistrées adéquatement et avec précision. Ça signifie que vous serez payés plus rapidement, avec plus de précision et en réduisant le nombre de conflits au sujet des droits d’auteur. »

« Nous représentons les créateurs pour leurs licences, mais nous ne sommes pas des éditeurs, ils peuvent avoir leurs propres éditeurs », de dire Gray. « Nous ne réclamons aucune propriété sur leur musique. Nous ne sommes propriétaires de rien. On ne fait simplement qu’établir un lien entre tout ce beau monde par l’entremise de notre portail, sauf que pour faire ça, nous devons être en mesure d’approuver les licences. Quand un membre téléverse sa musique sur MDIIO+, ils nous donnent l’autorisation de négocier des licences. Les licences que nous allons offrir sont essentiellement des licences générales. Ce que ça veut dire, c’est qu’aucune négociation n’est vraiment nécessaire. »

Grâce à plus de 90 points de métadonnées disponibles pour la déclaration d’une œuvre, MDIIO et MDIIO+ « souhaitent consolider le plus d’informations possible associées à chaque œuvre », explique Gray. Quand une chanson est partagée, téléchargée ou soumise, elle vient avec toutes ces métadonnées. Coordonnées de contact, paroles (si tel est votre choix), toutes les étiquettes de métadonnées de recherche, les « beats » par minute, ressemble à « Gimme Shelter » — tout ça, quoi. C’est un outil vraiment incroyable. »