Quand l’émission de télévision Queer Eye for the Straight Guy est entrée dans nos vies en 2003, elle s’est présentée avec une fabuleuse chanson-thème intitulée « All Things (Just Keep Getting Better) ». Cette piste dance-pop avait été écrite par les auteurs-compositeurs canadiens Ian Nieman et Rachid Wehbi, qui enregistrent également sous le nom de WIDELIFE, et elle met en vedette la chanteuse torontoise Simone Denny.

À l’instar de cette émission de transformation, la chanson « All Things » a connu un succès monstre, tourné dans les clubs et les radios du monde entier et remporté le JUNO de l’enregistrement dance de l’année en 2005. On s’en est même moqué à l’émission d’animation pour adultes South Park. En 2018, Netflix a relancé Queer Eye, ce qui a donné une seconde vie à la piste de Neiman et de Wahbi.

Commençons par le commencement. Qu’est-ce qui a amené les réalisateurs de Queer Eye à vous demander de soumettre une chanson-thème?
Ian : En 2002, Rachid et moi avons produit une chanson intitulée « I Don’t Want U » qui a été enregistrée par Nervous Records à New York. Cette chanson s’est hissée à la première position du palmarès Billboard Dance aux États-Unis. Un employé de Scout Productions qui adorait notre chanson nous a contactés pour nous demander si nous étions intéressés à poser notre candidature pour cette toute nouvelle émission.

Cette personne était-elle un superviseur musical?
Ian : En fait, c’était un graphiste de la société. D’après ce que je comprends, c’est lui qui a eu l’idée de nous contacter. Notre candidature a été sélectionnée parmi plus de 10 autres, et on a décroché le mandat.

Quel genre d’orientation vous a-t-on fourni?
Rachid : Ils ont seulement mentionné le titre et le thème de l’émission. Ian et moi n’avions jamais fait d’émission de télévision. Je me souviens très bien d’en avoir parlé avec Ian et qu’on s’est demandé comment on allait faire pour mettre toutes les chances de notre côté. Je sais qu’on voulait écrire une musique avec des paroles. En nous référant au thème de l’émission, on a songé aux paroles « Quand tu es là, tout va toujours de mieux en mieux ». Au départ, on a seulement écrit ce qu’on appelle la version télé, juste le premier couplet et un refrain.

Comment la chanson est-elle devenue un succès radiophonique?
Rachid : Il y a à New York une station de radio qui s’appelle KTU, et je pense que ce que KTU et d’autres stations à travers le pays faisaient, c’était de faire jouer deux fois de suite le thème d’ouverture de 58 secondes qu’on avait écrit pour l’émission. Genre, pour créer une chanson populaire de deux minutes. Parce que les auditeurs appelaient la station en disant : « On aime cette émission. Pouvez-vous faire jouer cette chanson? » Et je pense que c’est ça qui attiré l’attention des maisons de disques et les a amenées à demander la réalisation d’un simple en bonne et due forme.
Ian : Le simple a été sélectionné par Capitol Records à L.A., puis ils ont fait une bande-son, et ensuite on a fait un vidéoclip. Ils ont fermé le pont de Brooklyn à New York, et, Rachid et moi, on s’amuse comme des fous dans le clip. C’est à ce moment-là que c’est devenu plus qu’un thème d’émission de télévision. On avait eu du succès auparavant, mais là, c’était à un autre niveau.

La chanson a eu une seconde vie en 2018 quand Netflix a ressuscité l’émission Queer Eye. Qu’est-ce qui a amené la chanteuse australienne Betty Who à en faire une nouvelle version?
Ian : Je l’ai appris en regardant son vidéoclip sur Netflix.

C’est un autre aspect du métier, non?
Ian : Oui, malheureusement. Si je pouvais revenir en arrière jusqu’à l’année 2003 avec ce que je sais aujourd’hui, il y a des chances que je ferais les choses un peu autrement. La SOCAN a été excellente pour nous depuis le début, et je tiens à la remercier de son aide.
Rachid : Nous possédons toujours 100 % de la part des auteurs. Mais la part de l’éditeur est allée à la société de production télévisuelle.
Ian : Ce qui n’est pas grave. Il faut parfois sauter sur une occasion au lieu de conserver 100 % des droits à tout prix.

Pourquoi croyez-vous que « Tout va toujours de mieux en mieux » est un message qui est toujours d’actualité?
Ian : Parce qu’il donne de l’espoir. On a besoin de rester positif, qu’on soit gai, hétéro, marié ou célibataire. Je pense que Netflix nous a rendu hommage en décidant d’utiliser la chanson-thème originale [pour la relance de l’émission] parce que notre message était toujours d’actualité en 2018.