Quelle est la différence entre les droits sur l’œuvre et ceux sur la bande maîtresse?

Avant d’aller plus loin, il est important de noter que ce texte a été traduit de l’anglais et que, dans la langue de Shakespeare, « song » fait référence autant à une œuvre musicale chantée ou « suggérant » le chant, tandis que dans la langue de Molière, la définition de « chanson » est strictement réservée à une œuvre musicale comportant du chant. Ainsi, pour cette traduction, nous utiliserons « chanson » pour désigner une œuvre « vocale » et « pièce » pour désigner une œuvre instrumentale. Les droits sur une œuvre sont issus de la composition (musique) et de l’écriture (texte) d’une œuvre musicale avant même que celle-ci ne soit enregistrée. « Bande maîtresse » désigne les droits rattachés à l’enregistrement de l’œuvre. L’enregistrement est ce que vous écoutez à la radio ou sur les services de diffusion en continu, l’enregistrement d’une œuvre par un interprète. Comme le créateur n’est pas nécessairement le propriétaire de l’enregistrement – qui est généralement l’interprète ou la maison de disques –, ces deux droits permettent d’assurer que tous les ayants droit sont rémunérés adéquatement pour leur contribution.

Les auteurs-compositeurs, compositeurs, paroliers et éditeurs de musique sont habituellement les propriétaires des droits sur une œuvre musicale. Lorsqu’un auteur-compositeur, un compositeur ou un parolier conclut une entente avec un éditeur de musique, les créateurs de la musique et l’éditeur partagent généralement la propriété des chansons. L’éditeur s’affaire ensuite à maximiser les revenus qu’il peut tirer d’une œuvre musicale en les proposant à des interprètes, en les plaçant dans des productions audiovisuelles au cinéma ou à la télé, dans des publicités ou des jeux vidéo, ou tout autre support ou situation où les chansons peuvent rapporter le plus de redevances possible.

Au Canada, c’est généralement le producteur d’un enregistrement sonore qui est le premier propriétaire des droits de bande maîtresse. Lorsqu’un artiste-interprète conclut un contrat d’enregistrement avec une maison de disques, les enregistrements qu’ils produisent ensemble sont généralement détenus par la maison de disques. La maison de disque tente ensuite de maximiser les revenus qu’elle peut tirer de l’enregistrement sonore en vendant le plus grand nombre de copies possible par l’entremise de licences et d’efforts de distribution, y compris dans d’autres territoires.

Quand des artistes travaillant en collaboration avec une maison de disques produisent une nouvelle chanson, l’enregistrement original aura au moins deux propriétaires : les propriétaires de la chanson ou de la pièce (les droits sur l’œuvre musicale) et les propriétaires de l’enregistrement sonore (les droits sur la bande maîtresse). Par exemple, TOBi, Alex Goose et Hannah Vasanth détiennent les droits sur leur œuvre musicale, une chanson intitulée « Family Matters » (l’œuvre n’ayant pas d’éditeur), et RCA Records détient les droits sur la bande maîtresse de l’enregistrement interprété par TOBi sur son album Elements Vol. 1.

Autres cas d’espèce, si une œuvre musicale est créée, interprétée et enregistrée par une personne sans participation d’un éditeur ou d’une maison de disques, c’est cette personne qui détient tant les droits sur la chanson que les droits sur la bande maîtresse. À titre d’exemple, Julian Taylor a créé et enregistré sa chanson « Wide Awake » et il détient par conséquent les droits sur l’œuvre et les droits sur l’enregistrement, bien que les droits sur la bande maîtresse sont en réalité détenus pas la maison de disques Howling Turtle dont il est le propriétaire.

Les redevances de synchronisation génèrent des revenus par l’entremise de musique protégée par un droit d’auteur qui est combinée ou « synchronisée » avec un support visuel. Les licences de synchro accordent le droit d’utiliser des œuvres musicales accompagnant une production audiovisuelle : film, télé, publicité, jeux vidéo, diffusion en continu, vidéoclips, etc. Toute utilisation d’une œuvre musicale protégée par un droit d’auteur dans un projet pour l’écran nécessitera ainsi une licence de bande maîtresse octroyée par les propriétaires de l’enregistrement sonore afin d’autoriser l’utilisation de cet enregistrement et une licence de synchronisation octroyée par les propriétaires de l’œuvre musicale en tant que telle pour une utilisation partielle ou totale de l’œuvre musicale. À titre d’exemple, si vous souhaitez utiliser la plus récente chanson de Loud Luxury dans une vidéo commerciale, vous devrez obtenir une licence de bande maîtresse et une licence de synchronisation.

Les droits sur l’œuvre musicale (chanson ou pièce instrumentale) se subdivisent en deux droits distincts : le droit d’exécution et le droit de reproduction qu’on appelle parfois droits « mécaniques ».

Le droit d’exécution génère des redevances quand une chanson ou une pièce instrumentale que vous avez créée, cocréée ou éditée est jouée publiquement, que ce soit à la télé, à la radio, sur une plateforme numérique, comme musique de fond, en spectacle, dans un film, etc. Le rôle de la SOCAN est de percevoir et répartir les redevances que les créateurs ont gagnées de plein droit lorsque leurs œuvres sont exécutées en public.

Le droit de reproduction (ou droit « mécanique ») désigne le droit d’autoriser la reproduction de votre œuvre musicale sur divers supports, incluant la diffusion en continu, les téléchargements, disques compacts ou vinyles, cassettes, DVD, etc. Lorsque des copies de vos œuvres sont créées sur ces supports, des redevances de reproduction vous sont dues et la SOCAN s’assure que vous les recevez.

La SOCAN peut vous représenter tant pour le droit d’exécution que le droit de reproduction, et ce, pour virtuellement tous les types de supports audio, audiovisuel, numérique ou physique qui existent. Nous négocions des ententes de licence au nom de nos membres et clients pour l’utilisation de leurs œuvres musicales et nous veillons à ce qu’ils soient rémunérés équitablement pour leur extraordinaire talent. La SOCAN est essentielle pour recevoir toutes les redevances que vous avez gagnées lorsque votre musique est exécutée ou reproduite partout dans le monde.

Pour en savoir plus : https://www.grenier.qc.ca/chroniques/18657/ce-que-vous-devez-savoir-sur-les-droits-musicaux



Ray-On, Ludivine Lavenant, Iohann Martin, Mitsou Gélinas« Ça fait plus de 25 ans que nous travaillons ensemble, Iohann et moi, avec nos partenaires qui sont compositeurs de musique à l’image », explique Mitsou d’entrée de jeu. « Avec les trois acquisitions que nous avons faites (Harris & Wolff, Maisonnette et Ray-On), nous voulions offrir un service sous la bannière unique de Ray-On ». Ray-On offre donc des services musicaux uniques pour les productions audiovisuelles, comprenant la composition de musique originale, la recherche et supervision musicale, la libération des droits, ainsi que l’accès à une banque de musique prélibérée comptant plus de 3000 œuvres principalement québécoises et canadiennes.

Iohann Martin, qui a co-fondé Dazmo (25 films, 15 séries télé) avec Mitsou, sa partenaire d’affaires, il y a un quart de siècle, avait déjà des liens d’affaires avec Harris & Wolff, spécialistes du placement de musique à l’image. Il a flairé le bon coup, afin de diversifier ses activités de production musicale.

« On envisageait d’offrir un service complémentaire de musique qui meuble une scène, qui n’est pas nécessairement reliée à une trame narrative de musique, mais plutôt pour l’ambiance, pour colorer, un complément d’une bande sonore. Il y a une volonté de maximiser le potentiel artistique à réaliser de la musique qui entre dans un genre que j’appelle nuance musicale ».

« C’est vraiment en travaillant sur la musique de la série à succès La Galère que nous avons mesuré le défi, se souvient Martin. On devait écrire trois ou quatre tounes par émission en plus de la trame sonore, la commande était devenue lourde ».

Avec l’achat de Ray-On, l’offre musicale devenait complète. Son catalogue de musique préexistante comporte une plate-forme intuitive avec des accès directs pour les monteurs, les réalisateurs et les producteurs, mais aussi précise Mitsou, « avec une sélection d’artistes d’ici dont les œuvres sont renouvelées fréquemment ».

La série Mégantic, qui sort prochainement sur le Club Illico, est le nouvel accomplissement du collectif. Dazmo, c’est d’abord une équipe de compositeurs, Sari Dajani, Rudy Toussaint, Pierre-Luc Rioux et Iohann Martin, dorénavant sous la gouverne Ray-On, qui a chapeauté tout l’aspect musical via son nouveau service de supervision musicale.

Ce qui amène dans ce nouvel environnement des experts en synchro et en libération de droits musicaux. Ludivine Lavenant est très fière de ce catalogue unique et diversifié d’artistes compositeurs canadiens et québécois. L’une dont elle vantera tous les mérites aux Netflix et autres Disney+ du monde compétitif du placement musical est la nouvelle Olivia Khoury « qui fait du jazz-folk à la Bon Iver » pour incorporer sa musique dans des séries, des films et des publicités.

« Et c’est une manière tellement efficace pour les musiciens de se faire connaître, ajoute la patronne. Nous voulons démocratiser, faire connaître le service de supervision musicale, qui est trop peu connue au Québec. Pour nos clients, Ray-On est un one stop shop, une opportunité pour les productions d’avoir des services intégrés. La synchro d’une chanson sur une télésérie ou un film peut avoir un impact majeur sur le développement du profil d’un artiste. Les superviseurs de musique sont des curateurs de musique, ils jubilent quand on leur envoie de la nouvelle musique originale qui n’est pas encore sur le marché. C’est le edge d’offrir une musique qui va sortir dans trois mois : avoir quelqu’un de très connu à proposer a beaucoup moins d’importance à leurs yeux », confie-t-elle.

« Quand nous avons commencé en 2013, on se faisait souvent demander de la musique préexistante, raconte la chevronnée gardienne des sons. Une banque de plus de 3000 œuvres comme la nôtre pour la télé, le cinéma et la publicité, avec un moteur de recherche qui répond aux commandes musicales du client : un homme ou une femme qui chantent, une chorale, un bpm en particulier… ça n’existait pas au Québec. »

« C’est l’un de nos objectifs des prochaines années, explique Mitsou, faire connaître nos compositeurs à travers nos plateformes et appuyer une nouvelle génération de musiciens d’ici. Dès le départ, je me suis donné le mandat de favoriser davantage le talent féminin en composition de musique à l’image et en réalisation » Une étincelle traverse son regard : « la musique est aussi importante pour une production visuelle que l’éclairage! Il faut savoir bien s’en servir ».

Ray-On, Ludivine Lavenant, Iohann Martin, Mitsou GélinasSimon Bourdou travaille étroitement avec Mitsou, c’est lui qui sollicite des contrats pour les membres de son équipe de compositeurs chez Ray-On dans la jungle infinie de productions visuelles mondiales. Il a passé cinq ans à M pour Montréal et Mundial Montréal avant de faire le saut en 2017. « J’ai toujours été près des artistes émergents, faire découvrir de la musique c’est l’essence même de mon travail, dit-il avec en arrière-plan quelques Prix SOCAN sur les murs de son bureau, entre autres pour la série canadienne How It’s Made.

« Les réalisateurs et producteurs nous expriment leurs besoins musicaux et ensuite l’on recrute l’équipe de compositeurs qui cadre le mieux avec la musique demandée. On s’est rendu compte que le plus gros potentiel d’exportation et de revenus pour les artistes, c’est vraiment l’audiovisuel, observe Bourdou ».

Parmi les artistes de l’écurie, on note le rappeur et producteur Boogat, le compositeur Mathieu Vanasse, le chanteur latin Ramon Chicharron, le guitariste jazz derrière Les Triplettes de Belleville, Benoît Charest, la pop électro de Carole Facal, l’auteure-compositrice prometteuse Naïma Frank, presque tous ont leurs œuvres en synchro hébergées chez Ray-On.

Les meilleurs coups de placement musical chez Ray-On? Mitsou les défile par cœur : Emily in Paris et Tiny Pretty Things (Netflix), Soulmate (Amazon Prime), Woke (Sony Pictures) – et on en passe – des clients publicitaires appelés Nike et Red Bull, un jeu vidéo d’Ubisoft, Crew 2 en synchro (libération de droits et catalogue), le film The Death and Life of John F. Donovan (2018) de Xavier Dolan, la comédie canadienne Wong and Winchester…

Ray-On laisse augurer une offre alléchante, surtout que la compagnie a atteint son degré de cohésion en un an. Mitsou est directrice artistique, un rôle pivot pour créer les bons liens avec les producteurs, réalisateurs et artistes.

« Faut le dire, Mitsou, t’es passionné de ça les trouvailles, lui lance Iohann. Quand ta curiosité musicale commence à s’amoindrir, compte sur elle pour te faire découvrir plein d’affaires! ».



Déjà un 12e album pour le prolifique Dumas. Il y a pourtant cinq ans qui séparent cette nouvelle parution intitulée Cosmologie du précédent Nos idéaux (2018). Pour les besoins de la cause, Dumas s’est associé principalement à Philippe Brault à la réalisation et Jonathan Harnois à la coécriture des textes. Si l’on retrouve les thèmes existentiels et du temps qui passe qui lui sont chers, Cosmologie est résolument ancré dans le présent plutôt que dans le passé nostalgique de son album précédent. Sur le plan musical, l’apport de Philippe Brault se fait sentir en appuyant davantage sur les sonorités électro qui ajoutent un aspect synthétique, mais intime à l’ensemble qui se veut volontairement plus brute que ses opus précédents. Dans cette capsule, Dumas nous explique le processus créatif derrière Cosmologie, un album au souffle court (35 minutes), mais qui ne risque pas de s’essouffler de sitôt.

Vignette vidéo Dumas

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