CorneilleCorneille n’a aucun projet ces jours-ci. Aucun disque ni tournée en vue. Libre comme l’air. « L’écriture de mon autobiographie (Là où le soleil disparaît, 2016) m’a fait découvrir une autre façon d’utiliser les mots, or, c’est plus fastidieux pour moi de retourner au format d’écriture de chansons comme je le faisais avant. J’ai besoin d’une pause. »

Son album le plus récent, Entre nord et sud, remonte à 2013. Un disque épatant de dix-sept pistes écrites par Corneille auxquelles se sont joints entre autres les rappeurs français Youssoupha, Kerry James et Soprano. « J’adore le hip-hop, mais je ne me sens pas assez bon pour en faire. Avec eux, c’était une belle façon d’en incorporer à ma musique. »

Revenu au Québec depuis mars de la tournée européenne du rat pack québécois appelé Forever Gentlemen aux côtés de Garou et Roch Voisine, il constate avec le sourire: « enfiler un costard tous les soirs, c’était très naturel pour moi. Je suis un admirateur du genre crooner comme tout le monde, ce n’était pas un univers nouveau pour moi. Ces chansons, je les chantais sous la douche ou pour endormir mes enfants ! »

Le chanteur a donc retrouvé femme et marmots, puis a jeté l’ancre et balancé l’agenda. Sauf pour Les Francofolies de Montréal, le 9 juin prochain au Club Soda. « Ce spectacle est le prétexte à ne jouer en mode acoustique que mes succès, un beau soixante-quinze minutes de mon best, ça va être la fête ! »

Cinq musiciens et deux choristes épouseront les contours de la voix suave et soul de l’élégant chanteur. « On m’invite aux Francofolies au rythme d’une fois tous les deux ans et cette année, il était facile d’accepter la proposition des programmateurs : souligner avec un spectacle unique et exclusif les quinze ans de mon premier disque Parce qu’on vient de loin, qui est paru en 2002. »

Un premier, faut-il le rappeler, certifié double-platine en France seulement, qui a propulsé le Rwandais d’origine et citoyen canadien depuis 2004 dans les hautes sphères de la célébrité. Le disque-double en concert de 2005, le Live, comme disent les français, atteint pour sa part le statut Triple-Platine. Des chiffres mirobolants.

Un petit coup de rétroviseur ? Corneille, avec six albums derrière la cravate, a comme on le sait une carrière parallèle fort intéressante en Europe, assortie de collaborations diverses, parmi celles-ci, des participations aux disques Génération Goldman en 2012 (Quand tu danses) et GG2 (Bonne idée). De l’humanitaire (Africa Live en 2005), de la pop soul (l’Eurovision 2006, devant un jury présidé par Charles Aznavour). Résultat de cette visibilité, il fut signé chez la mythique étiquette américaine Motown en 2007, un coup fumant qui n’a malheureusement pas eu le succès escompté.

Et, en 2014, il assiste Garou comme juge à The Voice en France. « J’ai adoré. On pourrait penser que dans une grosse machine comme ça on perd l’essence des choses, mais j’ai vu ça autrement.  La France et le Québec, c’est pas si différent. J’ai deux carrières parallèles, mais j’ai établi très tôt dans ma carrière sur ces deux territoires de ne faire que la musique qui me tente. Je ne fais pas de distinction de public. Par contre, j’ai l’impression qu’il y a plus d’alternatives en France, au niveau des moyens financiers et du nombre d’opportunités. »

Quelle réflexion porte Corneille sur le chemin parcouru, sur cette quinzaine pas banale du tout ?

« Je m’ennuie très vite et je fais un métier où c’est plus safe d’avoir une certaine constance artistique dans ses choix, garder une ligne qui ne déroute pas trop les gens et les médias. C’est pourquoi, ce que j’ai fait hier, je n’ai pas le goût de le répéter, je pense que mes (six) disques sont assez différents. Sinon, j’aurais l’impression d’étouffer. J’ai une carrière faite d’albums qui ont très bien marché et d’autres pas mal moins (on pense aux deux chanté en anglais, The Birth of Cornelius, 2007 et Sans titre, 2009). Plus le temps passe, plus je ressens le besoin de tout faire ! Je rêve de faire un disque afro-beat avec des musiciens africains. Mais je pense que mon prochain sera un album de reprises. »