ChancesChances c’est Geneviève Toupin (Willows), Chloé Lacasse (gagnante des Francouvertes en 2011) et Vincent Carré (Antoine Gratton, Alex Nevsky, Mountain Daisies, Monsieur Mono). Deux chanteuses-claviéristes et un batteur. Révélés tous les trois sur le disque Lunes de Lacasse, l’aventure a pris une nouvelle tournure avec la création du trio à parts égales: tout le monde s’éclate, explore, fonctionne essentiellement à l’instinct, des mondes sont inventés.

« Le futur, c’est le mélange des cultures, raconte la Manitobaine Toupin depuis Baie-Comeau où Chances joue en première partie d’Alex Nevsky pour les trois dernières dates de sa tournée. Chanter en Ojibwé (sur la chanson Shine), une langue algonquienne que je ne maitrise pas du tout même si je suis métis, c’est dans mon arbre généalogique. D’où je viens, la présence autochtone on la ressent très fortement. À Winnipeg, il y a même des réserves dans la ville. Ce sont mes racines ».

Ce besoin de s’abreuver, cette volonté d’aller de l’avant. Sur les dix titres déployés dans Traveler, la musique est rayonnante, puissante, addictive même.  Comme une bouffée musicale au pouvoir cathartique. Grâce aux harmonies vocales arrangées avec beaucoup de cohérence sur des déferlantes de claviers, l’évasion est métaphysique.

« Chloé et moi on a suivi des cours de chant indiens (chant carnatique), on s’en est inspiré beaucoup »,  raconte Toupin, tandis que Lacasse affirme: « on s’est aperçu que nos voix blendaient rare, c’est un projet de liberté, chanter à plusieurs c’est vraiment l’une des grandes joies de la vie. Mais ça nous prenait d’abord les beats de Vincent pour nous guider. Le cœur de notre musique, c’est le rythme et les harmonies vocales, explique-t-elle. On voulait mélanger le côté très moderne à la Milk and Bone à quelque chose de plus grand que nous ».

Lacasse mesure la portée du sacrifice: « le travail des maquettes en studio m’a beaucoup demandé, des fois tu peux passer des heures à gosser sur des sons. On a mis douze mois pour réaliser le disque et avancer dans le processus de création une chanson à la fois. On a longtemps discuté du projet avant même de s’embarquer dans l’écriture. Pendant deux mois, nos 5 à 7 ont été riches en échanges d’idées.

Composer à trois, ça s’est fait plus naturellement que je ne l’aurais cru. C’est plus long que d’habitude, mais c’est une musique qui demande à être arrangée en studio pour pouvoir savoir ce qu’on va faire après sur scène », poursuit-elle.

Traveler regorge aussi de textes au fort pouvoir d’évocation: « On veut que notre musique donne de la force aux gens malgré le contexte politique actuel qui sévit aux États-Unis, clame Geneviève Toupin. Ça a éveillé notre colère. On vit dans un monde d’images, d’apparence, de popularité… »

Le dispositif de scène est efficace: deux claviers aux extrémités de la scène et le batteur et pourvoyeur de rythmes, Vincent Carré, au milieu. « J’ai personne en avant de moi, explique Vincent Carré qui a joué sur les premiers disques de Chloé Lacasse. Ma batterie est placée là où le chanteur devrait être. Mais je suis très expressif quand je joue et le public aime ça. Je fais des mimiques sans m’en apercevoir… Une chose que j’ai découverte avec Chances, c’est de baisser le volume de mon instrument. On a joué hier à Baie-Comeau (avec Nevsky) dans une salle de 900 places, mais on peut jouer le lendemain dans un café de 30 places à Trois-Pistoles, faut s’adapter ».

« Oui il y a de l’électro et on s’en vient s’amuser.  J’ai fabriqué des beats avec des logiciels qui ont donné le ton à l’exploration. C’est un autre terrain de jeu. Les filles voulaient que ça sonne autrement. Je viens d’une famille de femmes, l’égalité des femmes c’est très important chez nous, je me sens super bien dans l’univers des filles. On a été aspiré par le projet, cette bulle-là, on la vit à fond ».

En spectacle les 30 juin et 1 juillet au M2 du MTelus
dans le cadre du Festival international de Jazz de Montréal