Le Verre BouteilleÉtablissement « Autorisé à vous divertir » par la SOCAN depuis son ouverture en 1996, le bar-spectacle Le Verre Bouteille, avec ses quatre-vingts places, est devenu au fil des ans un lieu privilégié de diffusion pour les créateurs musicaux d’ici. Depuis deux décennies, on se rend au 2112, rue Mont-Royal Est, à Montréal, avec l’assurance d’y trouver un esprit convivial où les auteurs de chansons s’y sentent chez eux.

Ouvert en 1942 sous le nom de Buffet de Lorimier par le grand-père de Nathalie et Sylvie Rouleau, les deux sœurs ont donné une nouvelle vie à l’établissement du Plateau Mont-Royal il y a vingt ans en le rebaptisant. Des musiciens établis, comme Daniel Boucher, Éric Goulet, Luc de Larochelière, Michel Rivard, Mountain Daisies, Damien Robitaille, Marc Déry et Vincent Vallières ont vu dans la vocation chanson du Verre Bouteille un laboratoire où l’on peut explorer, essayer des nouvelles chansons devant public et provoquer des rencontres stimulantes, uniques.

« C’est la compréhension de la réalité de l’artiste », explique Nathalie Rouleau lors du lancement de la programmation du 20e anniversaire le 12 octobre 2016, en faisant référence à la principale raison qui a incité le Verre Bouteille à se procurer une licence annuelle de la SOCAN dès ses tout débuts. « On voulait contribuer. Mais on ne pensait pas que l’aventure allait durer aussi longtemps ! »

Les meilleurs souvenirs de la propriétaire ? « Les lundis avec Luc de Larochelière en 2001, dit-elle sans hésitation, où il a invité plusieurs artistes du Québec, je pense entre autres à Roch Voisine, Laurence Jalbert et même (feu) Claude Léveillée. Un gros succès. Et je pense aussi aux soirées Abbey Road qui ont lieu une fois ou deux par année où Les Ringos (Éric Goulet) et leurs amis jouent l’intégrale du classique des Beatles ».

« On voulait, en étant « Autorisé à vous divertir » par la SOCAN, que tout soit en ordre et conforme. On souhaite que la machine chanson fonctionne sous tous ses aspects », René Flageole, programmateur au Verre Bouteille

René Flageole, musicien de son état, était serveur au début de l’aventure, mais est vite devenu le programmateur du Verre Bouteille. « On est complètement du bord des artistes, dit-il pour justifier cette allégeance à la SOCAN. Oui, on doit gérer une salle, mais je suis très sensible à la réalité des artistes, étant moi-même un musicien, je suis un peu entre l’arbre et l’écorce. Donc on voulait, en étant « Autorisé à vous divertir » par la SOCAN, que tout soit en ordre et conforme. On souhaite que la machine chanson fonctionne sous tous ses aspects ».

Cette licence payée à la SOCAN assure un partage équitable du droit d’auteur, d’autant plus qu’au Verre Bouteille, les interprétations sont monnaie courante. Arianne Ouellet, du duo country Mountain Daisies et présente au lancement avec son comparse Carl Prévost en témoigne : « Dans notre contexte à nous, on fait beaucoup de reprises, les artistes ont souvent envie de chanter autre chose que leurs propres chansons. Puisqu’ils se gâtent en les faisant, c’est d’autant plus normal que les ayants droit soient rétribués en conséquence. »

Un souvenir marquant au Verre Bouteille ? « Nous avons présenté une soirée dédiée à Michel Rivard [voir photo principale en haut de page] qui est un habitué de nos soirées Open Country, raconte Ariane. Il s’est gâté avec ce qu’il appelle ses profs, les Dylan, Neil Young et cie, pour ensuite jouer ses propres chansons à la sauce country et pour clore la soirée nous avons interprété Un trou dans les nuages, revampée bien sûr à notre manière. Et cette version est demeurée, puisqu’on la fait dans le spectacle Sept Jours en mai. »

« La scène est juste assez petite et juste assez grande, confie pour sa part Carl Prévost. Pour moi, Le Verre Bouteille n’est pas un bar, c’est une petite salle de spectacle. On est sur scène et dans le public aussi. Les gens achètent moins de disques, donc c’est important pour nous de jouer dans des établissements licenciés par la SOCAN comme le Verre Bouteille. »

Le Verre BouteilleLorsqu’on demande à Daniel Boucher ce que le Verre Bouteille signifie pour lui, il répond du tac au tac. « Je ne peux pas tout te dire (rires). Je viens ici depuis vingt ans. J’ai fait des spectacles ici avant que Dix mille matins sorte en 1999, on a participé à des jams, c’est devenu le spot de la chanson en français à Montréal. Y a moyen d’essayer des tounes. Avec la SOCAN, enchaîne Boucher, le Verre Bouteille donne l’exemple. Des établissements « Autorisé à vous divertir » par la SOCAN, il y en a de plus en plus, mais il n’y en a pas encore assez, surtout avec ce que la business de la musique est en train de devenir. Si ça ne vaut plus la peine d’acheter un disque, faut trouver d’autres solutions. Le monde évolue, la technologie rend tout accessible, mais c’est aussi dramatique, justement pour cette raison. En attendant qu’on puisse s’asseoir avec les Vidéotron [fournisseurs d’accès Internet] de ce monde, faut manger. »

Et boire, puisque le Verre Bouteille a une sélection enviable de bières du Québec, complément idéal à cette nouvelle programmation anniversaire faite de primeurs, d’exclusivités et de spectacles-surprises. Pascale Picard donne le coup d’envoi les 24 et 25 octobre, Yann Perreau, Damien Robitaille, Daniel Boucher, Antoine Gratton, Jordan Officer et Marie-Pierre Arthur figurent aussi parmi les incontournables. Consultez la programmation au verrebouteille.com.