C’était il y a un an, au plus fort du confinement pandémique, quand une opportunité en or s’est présentée à Ashley Jane. « Tout d’un coup, tu comprends ce que les gens veulent dire lorsqu’ils parlent d’une offre que tu ne peux pas refuser », dit-elle. Avec une date butoir non négociable de 48 heures, le résultat final était né : la chanson « How Lucky Am!? » On pourra l’entendre dans la production hollywoodienne Press Play mettant en vedette Danny Glover (Lethal Weapon), Lewis Pullman (Top Gun: Maverick) et Matt Walsh (Veep).

Ce n’était toutefois pas sa première excursion dans l’univers de la musique de film. « Après que [mon groupe] In the City a sorti son premier EP, Changing Times, nous obtenions beaucoup de placements », déclare Jane, dont les chansons ont été entendues dans des séries télévisées telles que Workin’ Moms, Heartland, Kim’s Convenience, et d’autres.

Ce n’était toutefois pas par chance qu’elle s’est retrouvée au bon endroit au bon moment. Cette opportunité était le fruit de son partenariat créatif avec Stephen Krecklo qui avait été approché par le réalisateur du film. Krecklo – que Jane avait rencontré au Centre canadien du film (où elle et son partenaire In The City, Timon Wientzek, étaient le premier duo d’auteurs-compositeurs à être accepté dans la prestigieuse résidence musicale de la famille Slaight) – passait beaucoup de temps sur Twitch, le service de diffusion en continu qui, bien que principalement destiné aux jeux, propose également des diffusions de musique et de contenu créatif « dans la vraie vie ».

« Tout ce que tu peux faire, c’est ton mieux »

Conseils pour placer une chanson en synchro

  1. « Apprenez le rôle d’un directeur musical avant de vous lancer dans le réseautage. Faites vos devoirs sur l’étiquette de la façon de vous présenter et consultez les conférences et les exposés sur la supervision musicale – la Canadian Guild of Music Supervisors est une excellente ressource à cet égard. »
  2. « Soyez organisé. Assurez-vous que toute votre musique contient toutes les métadonnées exactes : interprète, auteur, compositeur, coordonnées, genre, organisation de droit d’exécution (ODE), etc. Et surtout, répondez-leur rapidement : leurs échéanciers sont souvent extrêmement serrés! »
  3. « Écrivez de la musique que vous aimez – le reste va suivre naturellement. Les gens voient parfois l’écriture pour la synchro comme une forme d’art à part entière, mais je pense que si tu te donnes comme mission d’écrire la meilleure chanson que tu peux, tout le reste va se mettre en place. »

« De fil en aiguille, Stephen est devenu membre d’une communauté de pairs avec qui il partageait de temps en temps la musique qu’il avait créée », explique Jane. « Puis, un jour, quelqu’un lui a écrit “je suis un réalisateur à L.A., je travaille sur un film en ce moment et j’ai entendu ta musique. Je me demandais si tu pourrais m’envoyer pour utiliser à différents moments du film?” Il m’a ensuite téléphoné pour me donner un peu plus de détails sur ce qu’il cherchait. On ne savait pas qui c’était, ç’aurait pu être n’importe qui, mais en fin de compte, c’était vraiment un réalisateur qui travaillait sur un film avec de grosses têtes d’affiche. »

Et c’est là qu’ils ont appris qu’ils disposaient de 48 heures.

« On a travaillé assez souvent ensemble au cours des dernières années, mais on n’avait jamais travaillé à distance », raconte Jane. « On a toujours travaillé physiquement dans la même pièce. Ç’a été une expérience intéressante de collaborer sur une des plus grosses opportunités de notre carrière au moment où on n’avait pas le droit de sortir de chez nous. »

Ils se sont mis au travail et ont soumis une chanson qui, bien qu’elle ait été dans le Top 3, n’a finalement pas été retenue. Il en fallait plus pour les décourager et ce « rejet » les a même excités. « Tout ce que tu peux faire, dans un cas comme ça, c’est ton mieux », croit Jane. « On trouvait qu’on avait fait du bon boulot, surtout considérant qu’on l’a fait via Zoom et qu’on n’avait jamais travaillé comme ça avant. Le fait qu’ils aient trouvé que c’était une bonne chanson était suffisant pour nous. »

Mais ce n’était pas suffisant pour l’équipe de production du film. Une semaine plus tard, le réalisateur les a de nouveau appelés. Il avait besoin d’une autre chanson et le délai était encore une fois de 48 heures. Mais cette fois-ci, ils ont visé dans le mille. « How Lucky Am I? » portait bien son titre.

Ce sont les relations personnelles que Jane a entretenues avec soin qui la tiennent occupée. « Je suis dans une position vraiment unique où, au Canada, j’ai d’excellentes relations avec les directeurs musicaux », dit-elle. « Si, après un premier placement, ils voient que t’es rapide et fiable, la confiance va en grandissant d’un placement à l’autre. Tous mes placements sont le fruit d’une opportunité qui m’a été présentée par un réalisateur, un producteur, un directeur musical ou un autre collaborateur sur le plan musical. Le fait d’avoir des contacts des deux côtés a été vraiment utile. C’est une excellente façon de se bâtir une bonne réputation. »