Medium Plaisir, le premier album de l’auteure-compositrice et guitariste de Québec, arrive finalement à nos oreilles après un long parcours formateur dans différents concours : Petite-Vallée, Cabaret Festif! de la Relève, Festival international en chanson de Granby, finaliste (3e position) aux 24e Francouvertes remportées en 2020 par Valence, entre autres.
« C’est une opportunité, les concours, mais c’est insidieux des fois, ça joue avec ton égo et ta confiance, par exemple aux Francouvertes où il y a des juges devant toi qui prennent des notes. C’est dur et c’est un test d’humilité ».
À l’écoute des douze nouvelles chansons de la musicienne de 24 ans, ce disque singulier est une énorme bouffée d’oxygène, une incarnation de la pureté pop face à laquelle on ne peut que s’incliner. Révélation Radio-Canada chanson 2021-2022, sélectionné dans La bande des six 2021 de la SOCAN et finaliste au prix Chanson de la SOCAN (Ta Main) l’année dernière, gagnante du Prix Slaight Music 2021 soulignant la relève des auteurs-compositeurs canadiens remis par le Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens pour sa chanson Ta main, on peut affirmer que le décollage de la fusée Ariane est bien amorcé. La Maison Fauve l’a prise sous son aile et s’occupe de sa gérance.
« En m’impliquant dans la coréalisation (avec le guitariste Dominique Plante), j’ai beaucoup appris et cheminé dans mon parcours. Et humainement, d’être confronté à mes limites et à lâcher prise sur certains aspects, c’est encore un travail ‘’in progress’’. Se concentrer sur la bonne affaire, ne pas se poser continuellement des questions, des fois on a des œillères, on devient obnubilé par ce qu’on est en train de faire, un moment donné ça devient un peu aliénant et ça nous éloigne du but créatif ».
Alexandre Martel (Anatole, Mauves), qui a coréalisé Darlène d’Hubert Lenoir, est venu prodiguer ses conseils en fin de processus. « Il a mis le doigt sur ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Est-ce que la chanson est encore bonne, est-ce que c’est moi qui ne suis plus capable de l’entendre ? Ces chansons posent un regard extrême sur moi. J’ai commencé à les écrire au début de la pandémie et parce qu’il ne se passait tellement pas grand-chose autour de moi, j’ai été contrainte à puiser au fond de ma personne afin d’exprimer des choses urgentes. Mais il y a des passages qui ont été inventés de toute pièce et baignent dans la fiction. Les choses sont ainsi magnifiées parce qu’un moment donné ma vie n’est pas si intéressante pour que ce soit forcément un reflet de mon journal intime ».
« Ça peut être confrontant faire un album. On a enregistré pendant tout l’été dernier au studio Le Nid à St-Adrien et on a peaufiné tout l’automne les maquettes de chansons chez Dominique. On s’est tellement posé de questions. On a voulu virer les chansons de bord, en abandonner quelques-unes pour en composer d’autres, c’était assez intense durant cinq jours. Mais j’ai aimé ça ! »
Ariane Roy propose une palette musicale étonnante. Medium Plaisir est un album dont la profondeur ne s’étiole pas au fil des écoutes. C’est concocté avec méticulosité. Avec cette suite à son EP Avalanche, le modus operandi est souvent le même : cela commence en douceur, l’orchestration se fait sentir à mi-parcours et ça se conclue avec beaucoup d’amplitude sonore, de choeurs satinés avec des mélodies qui co-existent avec les cascades affolées des guitares. « On s’est vraiment amusé, assure-t-elle. C’est mon dada de lancer quelque chose de petit et d’ajouter des sonorités, de construire. »
Leur péché mignon, c’est les harmonies vocales, les chœurs, et le tandem ne se prive pas de le faire savoir. « Ça occupe une grande place dans mon projet musical. J’ai toujours été attirée par ça. Ça explique la présence de Lou-Adriane Cassidy et Odile Marmet-Rochefort ».
Ariane Roy a le culot de sa jeunesse, outillée pour élaborer des pièces au pouvoir hypnotisant ou des balades évanescentes en lâchant quelques notes fragiles comme en témoignent Automne, Miracle et Ce n’est pas de la chance, par l’argumentation chatoyante de ses riffs, des voix qui grimpent haut vers le ciel, pendant que derrière, on lui sert des accompagnements sur un plateau.
Apprendre encore, la meilleure chanson de Medium Plaisir à notre avis, vous accroche tout de suite avec ses notes de piano et pourrait trouver son chemin jusqu’au grand écran : « On a passé trois jours à la peaufiner. En retournant chez moi le soir, je me suis bu une coupe de vin en me disant qu’est-ce que je vais écrire sur cette musique ? Pour moi c’est une chanson de colère dans l’affirmation. Il y a comme une autodérision et une humilité : voici ce que je suis. Ça parle de cheminement et d’apprentissage et ça trahit mon âge ».