Elle n’a peut-être que 22 ans, mais Ariane Brunet sait où elle s’en va. Déterminée, souriante, pétillante, elle répond aux questions avec franchise et aplomb. Sérieuse sans se prendre trop au sérieux. Une belle fraîcheur pour cette jeune auteure-compositrice-interprète qui propose une pop raffinée, où elle livre en toute honnêteté ses états d’âme. Son deuxième disque Fusée, lancé en août, charme instantanément avec ses rythmes variés et entraînants et ses mélodies accrocheuses.

« J’ai une plus grande assurance, c’est sûr, » lance sans équivoque Ariane Brunet. Trois ans après Le pied dans ma bulle, la jeune musicienne évolue à pas de géant. Elle a acquis de la maturité, certes, et pose un regard juste sur ce qui se passe dans sa vie, mais aussi autour d’elle. Alors qu’elle avait écrit les textes de son premier disque entre 17 et 19 ans, Ariane Brunet a pris cette fois-ci du galon. C’est la vision d’une jeune femme dans la vingtaine qui réfléchit sur des thèmes universels : l’amour qui va bien ou qui se termine, l’importance de trouver sa place, l’urgence de vivre…

Son album, Ariane Brunet l’avait en tête, mais elle a su s’entourer de musiciens qui lui ont permis de pousser ses idées encore plus loin. Elle éprouve un véritable plaisir à se mêler du processus créatif, et à être présente à toutes les étapes de l’enregistrement. Sa touche se trouve partout sur ce disque, et elle n’a pas eu peur de donner son opinion à son réalisateur et gérant Toby Gendron. « Il m’apprend tout! Il me laisse une grande liberté, et je peux dire ce que je veux entendre. Je suis capable de lui dire aussi ce qui m’énerve. Je n’hésite pas avec lui, il va m’aider à trouver le son que j’ai en tête. » 

« Il en faut du talent, mais je ne pense que ça soit juste ça. Il y a plein de facteurs. »

La musicienne offre une palette musicale très large. Fusée propose une pop avec du « groove » et des ballades, mais flirte également avec la bossa nova (« Que des amants ») et le jazz (« Le temps de vivre »). Et quand on lui demande – devant une réussite si précoce – si elle se trouve du talent, Ariane Brunet répond avec modestie : « Oui, je pense. Il en faut du talent, mais je ne pense que ça soit juste ça. Il y a plein de facteurs qui entrent en ligne de compte pour réussir ou non. Le talent, ça aide, mais il faut travailler fort. »

Avec une si jolie plume, il est surprenant d’apprendre qu’Ariane Brunet se voit plus comme une mélodiste qu’une auteure. Elle se justifie en parlant du syndrome de l’imposteur et affirme qu’elle se sent plus à l’aise pour composer des musiques. « Je suis musicienne, mais ça ne veut pas dire que je suis auteure, précise-t-elle. Je ne pourrais pas juste écrire des textes, alors que je pourrais juste composer des musiques. La mélodie me vient avant tout, c’est là-dessus que je trime, que je me concentre. Et ensuite, dans mes textes, je cherche de belles sonorités, des rimes. Je vais choisir les mots pour qu’ils collent sur mes mélodies. »

La chanteuse Nadja est tombée sous le charme d’Ariane et lui a demandé d’écrire des chansons pour son disque Des réponses. La jeune femme a accepté volontiers de se prêter au jeu, tout en se demandant si elle allait réussir. Finalement, elle a adapté deux textes qui traînaient dans ses tiroirs et cette expérience lui a beaucoup plu. « Quand j’ai entendu ce que ça donnait, j’ai eu des frissons. Nadja m’a aussi demandé de l’aider avec la mélodie, elle avait de la difficulté, je n’en revenais pas, c’était tout un accomplissement pour moi. »

Ariane espère maintenant faire entendre Fusée partout au Québec en donnant une longue série de spectacles au cours des prochains mois. Elle jouera des chansons de ses deux disques et s’attaquera à deux reprises : « Le temps est bon » d’Isabelle Pierre et « Space Oddity » de David Bowie. C’est une idée de son metteur en scène, le comédien et membre de Mes Aïeux, Stéphane Archambault. « Je veux un spectacle dynamique. Je veux que chaque chanson présente un tableau, une émotion différente. Je veux jouer des percussions, de la guitare, du piano, je veux varier les styles, » affirme Ariane, visiblement fébrile lors de l’entrevue qui avait lieu quelques semaines avant d’entreprendre sa tournée.

Vingt-deux ans, deux albums, plusieurs succès radiophoniques, Ariane Brunet est loin de s’asseoir sur ses lauriers. Elle pense déjà à son troisième disque, et espère aborder des thèmes différents. Elle veut entre autres parler d’anxiété, du mal de vivre. Originaire de l’ouest de l’île de Montréal, Ariane Brunet veut également composer en anglais sous un pseudonyme.

Comment voit-elle la suite des choses? « Je suis vraiment contente de mon parcours. Je vois la différence entre le premier et le deuxième disque. C’est du work in progress. J’ai l’impression qu’avec le troisième album, ça sera encore mieux. J’aime monter une marche à la fois, lentement mais sûrement. »