Andrew Allen n’avait que 12 ou 13 ans lorsqu’il a réalisé le pouvoir de la musique pour la première fois. Étudiant le piano depuis la maternelle, Allen a rapidement eu envie d’explorer autre chose que le répertoire classique et a commencé à explorer le monde de la pop — souvent des musiques tirées de films de Disney. « Tout le monde les connaissait et pouvait chanter en chœur », se remémore-t-il au sujet de ses premières prestations pour sa famille et ses amis. « C’était la plus merveilleuse sensation du monde. »

C’est également à ce moment qu’il a réalisé que la musique ne lui permettait pas seulement d’exprimer ses émotions : il pouvait également s’en servir pour aider les autres à faire de même.

Aujurd’hui âgé de 35 ans et comptant quatre EPs et un album à son actif, Andrew Allen, qui est sous contrat avec Sony/ATV, est toujours guidé par le même principe : il écrit des chansons pop honnêtes qui expriment des sentiments réels. Cette approche lui a permis de trôner au sommet du palmarès adulte contemporain canadien à trois reprises en plus de partager la scène avec Bruno Mars, OneRepublic et Barenaked Ladies tout en se bâtissant un auditoire de fans loyaux, mais surtout loyales.

Andrew Allen est né et a grandi à Vernon, en Colombie-Britannique, et il a commencé à écrire ses propres chansons après s’être procuré une guitare électrique (« au grand dam de mes parents qui auraient voulu que ce soit une guitare acoustique ») et avoir formé un groupe de musique alors qu’il était au secondaire. Quelques années plus tard, à l’âge de 21 ans, il a épousé celle qui est devenue Julia Allen après l’avoir courtisée pendant 8 mois. « Mes amis dans le groupe me disaient “Mec, c’est ta Yoko Ono” », raconte-t-il en riant. « Mais je me souviens m’être dit “Je ne vois pas pourquoi je devrais arrêter la musique”. »

Il a tout de même arrêté et, après avoir adopté un mode de vie de 9 à 5, c’est Julia qui, sentant son agitation, l’a poussé à reprendre sa carrière musicale. Il s’est acheté un ordinateur et a décidé d’enregistrer un album à l’aide du logiciel GarageBand. « J’ai créé tout l’album alors que j’avais un emploi à plein temps. » Encore au début de la vingtaine, il a ensuite dévoué son énergie à la tournée, « je jouais n’importe où, dans les boîtes de nuit, les églises, même dans des maisons privées. J’y allais à fond », raconte l’artiste.

« Impossible d’écrire au sujet de la vie si vous ne la vivez pas. »

C’est durant cette période qu’il a écrit une chanson intitulée « Not Loving You », une chanson qu’il décrit comme une lettre d’excuses à sa femme pour avoir passé si peu de temps avec elle. Impressionnée par cette chanson, Julia a contacté le producteur Jeff Dawson au sujet de l’enregistrement d’un album, mais il n’avait pas le budget requis pour retenir ses services. Il a décidé d’emprunter juste assez d’argent pour l’enregistrement d’un EP qu’il a intitulé Andrew Allen, tout simplement.

Le risque a porté ses fruits et sa musique s’est rendue sur le Top 40 adulte contemporain canadien. Peu de temps après, Allen a pris contact avec un représentant de EMI et ila été invité à se rendre à Nashville pour sa première séance de coécriture en studio. Sur place, il se souvient de s’être demandé « c’est vraiment ce que vous faites?? Vous vous assoyez et vous écrivez des chansons ensemble?? »

Mais Allen avait ce qu’il fallait. Au bout d’une séance de quatre heures, celui qui écrit « beaucoup de chansons au sujet de l’amour véritable, pas au sujet d’aventures » est ressorti du studio avec en main le démo de son « hit » de 2012, « Loving You Tonight ». Plus de 100?000 exemplaires ont été vendus et la chanson a séjourné dans le Top 10 adulte contemporain canadien pendant 22 semaines, lui méritant au passage un contrat avec Sony et le catapultant du coup sur la marché de la radio américaine.

Ainsi, en 2012, Andrew et Julian Allen se sont installés à Los Angeles afin qu’il puisse se concentrer sur l’écriture pour d’autres artistes. Et bien qu’il ait créé quelques centaines de chansons et qu’il est très reconnaissant de la chance qu’il a eue de collaborer avec des producteurs de haut niveau, il a également réalisé qu’il n’était pas en amour avec le fait d’écrire pour les autres.

« J’en suis venu à la conclusion que la raison pour laquelle j’écris, à la base, est pour exprimer une idée ou une émotion que j’avais besoin d’extérioriser. Lorsque je faisais ça, les gens étaient touchés. C’était un peu comme écrire des cartes de souhaits pour Hallmark : j’exprimais ce qu’ils n’arrivaient pas à exprimer. »

Andrew Allen

Mais à l’opposé, Allen dit qu’il avait beaucoup de difficulté à canaliser précisément ce que d’autres artistes tentaient d’exprimer avec leur musique : « Je me disais : “Je veux écrire mes paroles, et s’ils vous conviennent, alors allez-y, utilisez-les.” » Malgré tout cela, il a persévéré et a connu un certain succès. On peut entendre des chansons d’Andrew Allen sur l’album « Atmosphere », mis en nomination aux prix Grammy en 2013, par Kaskade, un artiste du domaine de la musique électronique, sur le deuxième album de l’auteur-compositeur britannique Nick Howard ainsi que sur l’album « Ad Occhi Chiusi », certifié double platine, de l’artiste italien Marco Mengoni (« ma musique traverse les barrières linguistiques, c’est magnifique »), pour ne nommer que ceux-là.

Andrew et Julia sont de retour en Colombie-Britannique, à Port Moody, et sont désormais parents (leur premier enfant est né il y a neuf mois), et il est clairement plus à l’aise lorsqu’il monte sur scène pour ses fans. Il repart sur la route cet été en compagnie du batteur Dan Oldfield (et d’un « selfie stick » : sa tournée est très bien documentée) pour faire la tournée des festivals et des salles de concert. Il a également hâte de repartir en Éthiopie, cet automne, son deuxième voyage avec l’organisme caritatif Canadian Humanitarian. Son premier voyage s’inscrivait dans le cadre d’un concours : deux fans pouvaient l’accompagner afin d’y assister à un concert qu’il donnait avec et pour des enfants là-bas.

Quant à ses objectifs à plus long terme, Andrew Allen refuse de trop se commettre à quoi que ce soit de trop spécifique. « L’industrie de la musique change si rapidement », explique-t-il. « J’ai des objectifs, mais je ne me mets pas trop de pression, parce que si je fais ça, je risque de faire des compromis ou de forcer des choses à arriver qui ne le devraient pas. »

Il y a quelques endroits où il rêve de jouer — notamment le célèbre Red Rocks Amphitheatre, au Colorado —, et il adore pouvoir faire salle comble uniquement grâce à sa musique, mais il ajoute illico qu’il ne veut pas que la poursuite de son rêve l’empêche de profiter des bons moments de la vie.

« Impossible d’écrire au sujet de la vie si vous ne la vivez pas », dit-il. « Je suis à un moment de ma vie où j’ai besoin de vérité et d’écrire ce que j’ai envie d’écrire. Et pour le moment, je me concentre sur ce qui est réellement important. »