La chanteuse et auteure-compositrice professionnelle Shirley Eikhard a succombé au cancer le 15 décembre 2023 à l’âge de 67 ans, à Orangeville, en Ontario.

Alors qu’elle n’avait que 15 ans, le membre SOCAN Eikhard a écrit la chanson « It Takes Time » qui, interprétée par Anne Murray, deviendra un No 1 au palmarès adulte contemporain en 1971. Ce succès lui a permis d’être invitée aux émissions The Anne Murray Special et The Tommy Hunter Show de la CBC. Elle a remporté le prix JUNO de l’artiste country de l’année en 1973 et 1974 et elle a été intronisée au Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens en 2020. Ses chansons ont été enregistrées par des artistes comme Cher, Amy Grant, Rita Coolidge et Emmylou Harris. Musicienne autodidacte qui jouait de la guitare, du piano, de la basse, de la batterie et des percussions, de l’harmonica chromatique, du saxophone, du banjo et de la mandoline, Sirley Eikhard a lancé 18 albums entre 1978 et 2021.

Son plus grand succès commercial a toutefois été une chanson qu’elle a écrite au milieu des années 80 alors qu’elle travaillait à Nashville. Écrite en une vingtaine de minutes et présentée à d’innombrables artistes sur une période de sept ans, « Something to Talk About » a été enregistrée par Bonnie Raitt en 1991 pour son album Luck of the Draw qui a solidifié la renaissance de la carrière commerciale de l’auteure-compositrice-interprète et guitariste entrepris deux ans auparavant. « Something to Talk About » s’est rendue en 5e position du palmarès Billboard des simples et a été en nomination pour l’enregistrement de l’année aux Grammys en 1992. C’est toutefois le prix de la meilleure performance vocale féminine que Raitt a remporté pour l’enregistrement de la chanson. « Something to Talk About » a même inspiré une comédie dramatique mettant en vedette Julia Roberts en 1995, un film où son personnage apprend que son mari la trompe.

Shirley Eikhard est née à Sackville, au Nouveau-Brunswick, de parents qui jouaient tous les deux de la musique et sa propre passion s’est développée très tôt. Elle vivait à Oshawa, en Ontario, au moment de sa première apparition au Mariposa Folk Festival, en 1969, alors qu’elle était au tout début de son adolescence. Lorsqu’elle a lancé son premier album en 1972, elle avait tranquillement délaissé le folk pour se tourner vers le country pop. On y retrouvait une version de « Smiling Wine » de Sylvia Tyson qui a connu un franc succès sur les ondes des radios canadiennes, succès qu’elle connaîtra de nouveau en 1976 avec une reprise de « Say You Love Me » tirée de son album Let Me Down Easy.

Il y aura par la suite une pause d’une décennie dans sa discographie, de 1977 jusqu’à la parution de Taking Charge en 1987, alors qu’elle gérait un problème avec sa voix. Elle n’a pas pour autant chômé et a notamment écrit le succès « Kick Start My Heart » qui figurera sur l’immensément populaire album éponyme d’Alannah Myles paru en 1989. Le succès de Bonnie Raitt ayant considérablement accru le profil d’Eikhard lui a permis de lancer son album If I Had My Way (1995) sur lequel elle revenait en territoire musical familier. Trois ans plus tard, elle enregistrait pour le légendaire label jazz Blue Note. C’était tout naturel pour Eikhard qui chantait des pièces de Billie Holiday en concert depuis fort longtemps.

Au fil des années 2000, Eikhard s’est consacrée à la peinture et elle a lancé des albums modestes, mais de grande qualité qu’elle a principalement créés en solo en plus de consacrer du temps à des causes sociales, notamment les droits des animaux et l’environnement. Son dernier album sera On My Way to You paru en 2021.

La SOCAN offre ses plus sincères condoléances à la famille d’Eikhard, à ses amis, à ses collègues musiciens et autres de l’écosystème musical, à ses fans et à tous ceux qui ont apprécié sa musique.



Si vous êtes créateur de musique, il y a fort à parier qu’à un moment ou un autre de votre processus, vous voudrez utiliser la musique de quelqu’un d’autre, que ce soit par le biais d’un échantillon, de l’enregistrement d’une reprise ou d’une étude, par exemple. Peu importe le cas, il existe un moyen légal de le faire tout en respectant les droits d’auteur de l’auteur-compositeur et de l’éditeur de musique, et en leur assurant une rémunération équitable. En général, c’est une simple question d’obtenir leur autorisation.

Échantillonnage
Si vous échantillonnez une chanson, le ou les ayants droit de l’enregistrement de la chanson et le ou les ayants droit de la chanson elle-même doivent tous accorder leur permission. Par exemple, si vous voulez échantillonner le solo de la chanson « Hasn’t Hit Me Yet » de Blue Rodeo, vous devez obtenir l’autorisation d’utiliser l’enregistrement de Warner Music Canada, et l’autorisation d’utiliser la chanson de ses créateurs, soit Jim Cuddy et Greg Keelor, et/ou de son éditeur, Thunder Hawk Music.

Dans la plupart des cas, lorsqu’un éditeur de musique est impliqué, il a contractuellement obtenu l’autorisation de négocier le paiement et de fournir l’autorisation au nom des auteurs et compositeurs qu’il représente. Si c’est le cas de Cuddy et Keelor, vous obtiendriez l’autorisation des trois ayants droit de la chanson auprès de Thunder Hawk Music.

Enregistrer une reprise
Si vous souhaitez enregistrer une reprise d’une chanson originale protégée par un droit d’auteur, vous devez obtenir l’autorisation des ayants droit de la chanson, mais pas des ayants droit de l’enregistrement original de celle-ci. Si, par exemple, vous voulez réarranger « Hasn’t Hit Me Yet » en déplaçant le moment où le solo est joué dans la chanson ou encore en ajoutant un couplet, vous devez obtenir la permission des auteurs, Cuddy et Keelor – probablement par l’entremise de leur éditeur, Thunder Hawk Music, et l’autorisation de Thunder Hawk Music en tant que telle. Il en va de même si vous souhaitez enregistrer une reprise de la chanson.

Reproduction d’une reprise
Quiconque souhaite copier sa version d’une chanson protégée par le droit d’auteur – sur un pressage de 500 vinyles, par exemple, ou sur un service de diffusion en continu – doit d’abord demander l’autorisation du ou des détenteurs du droit d’auteur en obtenant une licence « mécanique », c’est-à-dire une licence de droit de reproduction. Reprenons l’exemple de « Hasn’t Hit Me Yet » : il vous faudrait à nouveau obtenir l’autorisation pour la chanson uniquement auprès de ses créateurs, possiblement par l’entremise de leur éditeur, et celle de l’éditeur lui-même.

Les services tiers
Dans tous les cas ci-dessus, il existe des services tiers qui peuvent accorder des licences sur des chansons en votre nom lorsque vous souhaitez la réinterpréter, mais au final, il faut toujours obtenir l’autorisation des ayants droit, que cette autorisation soit obtenue par l’entremise d’une société ou par vous en personne. Vous devriez par ailleurs toujours vérifier attentivement que cette organisation opère de manière légale et légitime avant de retenir ses services.

Utilisation équitable
La notion d’« utilisation équitable » est semblable, mais pas exactement la même au Canada qu’aux États-Unis. Au Canada, cela signifie qu’il n’y a pas de violation du droit d’auteur lorsqu’une petite partie de l’œuvre est utilisée à des fins privées d’étude, de recherche, d’éducation, de parodie, de satire, de critique, de revue ou de journalisme. L’utilisation équitable est une évaluation au cas par cas basée sur des facteurs établis par les tribunaux canadiens. Par exemple, si vous présentez une conférence privée sur l’écriture de chansons et que vous faites jouer « Hasn’t Hit Me Yet » pour illustrer ou enseigner certaines techniques – comment écrire un excellent refrain, par exemple –, vous n’avez pas à obtenir une permission au préalable.

Domaine public
Au Canada, une chanson ou une composition entre dans le domaine public 70 ans après l’année du décès du dernier créateur, compositeur, parolier ou auteur survivant de l’œuvre. Aucun droit n’est habituellement payable si la chanson ou la composition exécutée appartient au domaine public. Autrement dit, 70 ans après le décès du dernier compositeur survivant de « Hasn’t Hit Me Yet » – qu’il s’agisse de Jim Cuddy ou de Greg Keelor – la chanson sera dans le domaine public, et pourra alors être enregistrée sans aucune permission.

Pour des réponses à d’autres questions fréquemment posées sur le droit d’auteur et sur le fonctionnement de la SOCAN, consultez notre FAQ.

 



La SOCAN pleure la mort de l’emblématique auteur-compositeur-interprète canadien Ian Tyson, décédé le 29 décembre 2022 à l’âge de 89 ans alors que la SOCAN était en hiatus.

Tyson a été intronisé au Canadian Country Music Hall of Fame en 1989 et au Panthéon de la musique canadienne en tant que membre du duo Ian & Sylvia en 1992. Il a également reçu membre de l’Ordre du Canada en 1994 et il a reçu le Prix du gouverneur général pour les arts de la scène en 2003. Il a été intronisé au Alberta Order of Excellence en 2006 et au Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens en 2019. Ian Tyson a également remporté le JUNO du Meilleur artiste Country en 1987.

En 2005, les auditeurs de CBC Radio One ont élu le classique de Tyson intitulé « Four Strong Winds » meilleure chanson canadienne de tous les temps. Il a eu une profonde influence sur de nombreux artistes, dont notamment Neil Young, qui enregistrera « Four Strong Winds » pour son album Comes a Time en 1978. Johnny Cash l’a également enregistrée sur son projet American V : A Hundred Highways paru en 2006. Ian Tyson a lui-même chanté « Four Strong Winds » lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’hiver de Calgary en 1988.

Les réactions à la mort de Tyson ont fusé de toute part sur les réseaux sociaux. Son collègue auteur-compositeur-interprète de musique cowboy, Corb Lund, a écrit sur Facebook : « C’est le cœur lourd que j’apprends la mort de mon vieil ami Ian Tyson… Le Canada et le monde ont perdu un auteur-compositeur et un interprète légendaire et un défenseur de toujours de la romance et de la réalité de l’Ouest… »

Steve Kane, ancien président de Warner Music Canada, écrivait quant à lui dans une publication sur Facebook : « Les mots légende ou icône n’arrivent même pas à décrire Ian Tyson. Il fait partie du tissu même de l’identité canadienne. Il a porté nos histoires sur la scène mondiale. Il a gardé la tradition de la poésie cowboy en vie… »

Le député Charlie Angus et leader du groupe folk-trad Grievous Angels à lui aussi écrit sur Facebook : « Ian Tyson a défini la musique canadienne. C’était un original authentique. Il a écrit tellement de chansons incroyables. “Four Strong Winds” demeurera toujours la chanson canadienne par excellence. »

Né à Victoria, en Colombie-Britannique, il a grandi à Duncan avant de devenir cowboy de rodéo à la fin de l’adolescence et au début de sa vingtaine. Il s’est mis à la guitare pendant sa convalescence après une blessure infligée par mauvaise chute lors d’un rodéo. Il s’est rendu à Toronto sur le pouce et c’est là qu’il rencontrera une jeune chanteuse du nom de Sylvia Fricker avec qui il formera un duo musical. Sous le nom de Ian & Sylvia, ils seront – avec Gordon Lightfoot, dont Tyson était le mentor à ses débuts – parmi les vedettes canadiennes phares du boom folk du début des années 1960 qui nous a également donné Bob Dylan, Phil Ochs et Joan Baez.

Après s’être marié en 1964, le duo a réalisé près d’une douzaine d’albums et a écrit certaines des chansons canadiennes les plus aimées comme « Four Strong Winds », « Someday Soon » et « Summer Wages » de Ian, ainsi que « You Were on My Mind » de Sylvia – des chansons reprises d’innombrables fois par des artistes comme Dylan, Neil Young et Judy Collins, pour ne nommer que quelques-unes de ces reprises. Au tournant des années 60 à 70, Ian et Sylvia se sont réinventés en tant que pionniers du country rock. Leur groupe The Great Speckled Bird avait pour égaux les Byrds et The Flying Burrito Brothers dans la création d’une forme plus actuelle, mais fidèle à la tradition de la musique country.

Après avoir animé une émission musicale à la télévision nationale canadienne de 1970 à 1975, le mariage de Tyson et Sylvia a pris fin et il est retourné à son premier amour : entraîner des chevaux dans les ranchs du sud de l’Alberta. Après trois ans passés au pied des Rocheuses, Tyson a enregistré l’album Old Corrals & Sagebrush, composé de chansons de cowboy traditionnelles et nouvelles. Depuis le début des années 80, Tyson a lancé 15 albums célébrant la vie de cowboy sur le label Stony Plain Records.

La renaissance de la culture cowboy s’est amorcée lors du premier rassemblement de poésie cowboy d’Elko en 1983, où une petite coterie de cowboys et d’artisans proches des cowboys s’est réunie dans une petite ville du nord du Nevada. Tyson a été invité à interpréter sa « nouvelle musique Western », et n’a manqué qu’un ou deux rassemblements au cours des presque 40 années qui ont suivi.

Ian Tyson, membre de l’ASCAP pour la plupart de sa vie, laisse dans le deuil son fils Clayton issu de son premier mariage et sa fille Adelita issue de son second. Il est possible de faire un don à la Ian Tyson Legacy Fund ici. La SOCAN offre ses plus sincères condoléances à la famille, aux amis, aux fans et à tous ceux et celles qui ont apprécié la musique de Ian Tyson où qu’ils se trouvent dans le monde.