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Le International Indigenous Music Summit : Generations Strong a fourni des vitrines musicales puissantes et des conférences hautement éducatives tout au long de sa plus récente édition qui avait lieu du 31 mai au 4 juin 2023, principalement dans la nouvelle salle TD Music Hall du Massey Hall, dans le centre-ville de Toronto.

Le Gala d’ouverture, présenté le 31 mai a donné le ton en beauté au reste des activités. Goombine, de la nation Yuin en Australie, a chanté d’une voix perçante, accompagné seulement de deux bâtons dont il jouait pour le rythme et il a partagé quelques-uns des chants ancestraux transmis de génération en génération depuis des milliers d’années. Sebastian Gaskin a mené son trio soul/R&B dans une prestation qui a mis en valeur sa voix tour à tour douce et puissante et sa guitare électrique incendiaire. Elisapie et son groupe ont présenté en avant-première des reprises chantées en inuktitut de chansons qui ont créé un « espace sûr » pour elle durant sa jeunesse et qui figureront sur son prochain album, notamment « Heart of Glass » de Blondie et « Time After Time » de Cyndi Lauper. Maimouna Youssef (alias Mumu Fresh) et son groupe ont proposé des révélations intenses à propos de sa vie en tant que femme noire et chacta au Mississippi.

Le jeudi 1er juin avait lieu la conférence d’ouverture, Generations Strong, et Alfredo Caxaj a parlé de l’émigration du Guatemala vers le Canada et de la fausse idée selon laquelle il n’y aurait plus d’oppression des peuples autochtones au Canada. Par l’intermédiaire d’une interprète, Sara Curruchich a déclaré : « L’impact de la colonisation pèse lourd sur nos épaules », ajoutant que la musique a le pouvoir de mobiliser les gens et que les chants de résistance peuvent être essentiels à la survie et à la guérison.

Le même jour était présenté un atelier intitulé Taking it to the Street: You made a beautiful record . . . now what? La première chose à faire, a déclaré Roslayn Dennett, directrice générale de Folk Music Ontario, est de « de prendre une grande respiration, parce que la planification ne fait que commencer. » Mme Dennett a reçu l’appui de Matt Maw, directeur et gestionnaire principal des artistes de la maison de disques Red Music Rising, détenue et exploitée par des Autochtones. « Demandez-vous ce que vous souhaitez accomplir et à quoi ressemble le succès pour vous, et travaillez en fonction de ça », a-t-il expliqué. Jorge Requena Ramos, directeur général du West End Cultural Centre, à Winnipeg, a déclaré : « Apprenez à connaître votre public et son comportement. Commencez par bâtir votre auditoire. » Andrés Mendoza, vice-président de la CARAS, a pour sa part affirmé que « c’est bon de prendre un peu de recul. Entourez-vous de gens en qui vous avez confiance et qui ont une oreille que vous respectez. » Tao-Ming Lau, fondatrice et agente de la Blue Crane Booking Agency, a mis l’accent sur l’importance de la prestation en direct lors du lancement d’un album dans sa ville d’origine : « Quel genre de spectacle est-ce que ça va être? Qui sont les gens que vous voulez voir dans la salle? Dans quelle salle allez-vous jouer? Combien coûtera le billet d’admission? »

Le 2 juin, la modératrice Ange Loft, mieux connue comme membre du groupe Yamantaka Sonic Titan, accueillait Susan Aglukark, Clayson Benally et l’ancienne Louis Lahache, une ancienne d’Anishnaabek, dans le cadre du panel Art as an Act of Survival. Mme Loft a parlé de la « protection de notre esprit dans l’industrie de la musique » et de la façon dont l’art n’est pas seulement un acte de survie, mais aussi de résistance et d’autodétermination. Mme Aglukark a expliqué que ses débuts en tant qu’auteure-compositrice-interprète ont exigé d’elle beaucoup de vulnérabilité et de courage, et que le but ultime de son art était la guérison, et non le succès. Clayson Benally, de Black Mesa, en Arizona, a déclaré que « l’art, c’est la vie, l’art, c’est l’identité ». Benally a raconté comment la relocalisation forcée de sa famille à cause des mines de l’a amené à considérer la musique comme une part importante de son identité – d’abord par le biais du punk rock, « à cause de la colère et de la vérité » qui s’en dégagent. Lahache a déclaré que même en tant qu’aînée, elle était « en deuxième année » lorsqu’il s’agissait de réapprendre la langue et la culture qui lui avaient été enlevées lorsqu’elle était jeune fille, parce que sa famille avait dû les abandonner pour éviter qu’elle ne soit emmenée dans un pensionnat indien comme l’a été son frère. À propos des chants cérémonials qui ont été interdits par le gouvernement, elle a déclaré : « Nous n’allons pas les laisser nous empêcher de continuer à chanter ».

Vendredi également, l’atelier Forging Change – Mainstream Cultural Competencies, qui s’est tenu au Native Canadian Centre de Toronto, a examiné les barrières systémiques, le racisme et les structures coloniales qui continuent d’empêcher la pleine participation de la communauté musicale autochtone à l’industrie de la musique grand public. Alan Greyeyes, Denise Bolduc, Cynthia Lickers-Sage et Marek Tyler ont examiné certaines des façons dont les alliés peuvent devenir des co-conspirateurs, et comment cela doit se traduire par des actions concrètes dans l’industrie en ce qui concerne les protocoles, le langage contractuel, les avenants culturels, et bien d’autres choses.

Le vendredi soir, les Official Showcases : TD Music Hall mettaient en vedette des prestations Lacey Hill, du Beatrice Deer Band, de Curtis Clearsky and the Constellationz, de Phyllis Sinclair et de l’animatrice Shaneen Robinson ; tandis que le showcase du samedi mettait en vedette NIMKII and the NINIIS, Tia Wood, Sechile Sedare, et Miesha and the Spanks.

Le dimanche 4 juin avait lieu un panel intitulé Sustaining Climate Activism and Resilience, durant lequel Leela Gilday, Neil Morris (DRMNGNOW), Hinurewa te Hau, et Aaron Prosper ont discuté des façons dont les artistes autochtones – qui continuent de sensibiliser la population aux effets dévastateurs et aux menaces croissantes du changement climatique – peuvent soutenir la croissance des espaces artistiques autochtones et entreprendre au mieux le travail visant à tracer une voie vers un avenir plus durable.

Toujours le dimanche, l’atelier Production & Songwriting était présenté dans les bureaux de Universal Music Canada, partenaire de l’événement, et il a permis à Raven Kanatakta, Hill Kourkoutis, Sebastien Gaskin et Derek Hoffman d’offrir des conseils pratiques sur les outils du métier. Leur objectif était d’aider leurs collègues musiciens autochtones à perfectionner leur art, à créer des contacts, à s’y retrouver dans les frais et le droit d’auteur, à se bâtir une boîte à outils et à trouver du soutien dans la communauté.

L’événement s’est achevé par la réception de clôture Ishkode Records & Friends
, animée par le vétéran animateur de radio Dave McLeod et mettant en vedette des prestations remarquables d’Amanda Rheaume, cofondatrice d’Ishkode, d’Aysanabee, de Digging Roots (duo composé de Raven Kanatakta et de ShoShona Kish, cofondatrice d’Ishkode), d’OMBIIGIZI, et de Sebastian Gaskin.

Le sommet a était commandité en partie par la SOCAN et la Fondation SOCAN.