Sir Winston Churchill a dit, un jour, « le succès n’est jamais final, l’échec n’est jamais fatal. Ce qui compte c’est le courage de persévérer. » Il ne saurait si bien dire.
Avant d’entreprendre un projet, je me répète un mantra qui ressemble à ceci : « Écoute, Frew, tu es sur le point de commencer à t’échiner, à souffrir et à angoisser pendant les centaines d’heures qu’il te faudra pour arriver au meilleur résultat possible, sachant malgré cela que les gens n’en ont vraisemblablement rien à foutre?! »
Ça vous paraît défaitiste?? Pas moi. Au contraire, ce mantra m’accompagne depuis longtemps. Je crois qu’il est honnête et, à mon avis, inspirant, parce qu’il me crie la vérité et me supplie de le faire mentir.
C’est grâce à lui que je me resaisis et que j’entreprends un autre projet incroyablement difficile avec la plus grande des satisfactions. Et pour que ce soit clair, ça fait maintenant près de 40 ans que je fais ça.
« Vous devez vivre et respirer, manger et dormir et avoir votre projet à cœur sans aucun compromis, peu importe les défis auxquels vous ferez face »
Eh?! oui, vous devez vous savoir hors de tout doute qu’outre papa et maman, votre sœur et son nouveau petit ami, peut-être le facteur — qui sait?? –, quelques amis et une poignée de fans finis, personne ne se soucie vraiment que vous ou moi écrivions un nouveau livre, enregistrions un nouvel album ou ayons un succès radiophonique pour une première fois – ou jamais plus.
Obnubilé par son besoin de satisfaction instantanée et une surabondance de divertissements en tous genres, l’auditoire dont nous avons tant besoin ne retient pas son souffle collectif en attendant notre prochain chef d’œuvre.
Est-ce que Jim Carrey fera un nouveau film?? Est-ce que les Stones feront une nouvelle tournée?? Est-ce que Sting va réunir The Police pour une tournée d’adieu?? « Zzzzzzzzz?! », peut-on entendre partout dans le monde. Mais alors, si tout le monde s’en fout, pourquoi se donner la peine??
D’abord parce que l’alternative — ne rien faire — n’est pas une option, du moins pas pour moi. Deuxièmement, trouver un « vrai boulot », comme l’a toujours dit ma mère, même APRÈS le succès que j’ai eu la chance de connaitre, n’est pas non plus une option. J’ai eu plusieurs « vrais boulots » et, si honnête et satisfaisant que ce soit, rien ne vaut la création musicale et sa prestation sur scène. Vraiment??
Mais alors quelle est véritablement la réponse si personne ne s’en soucie réellement?? C’est tout simple. Il y a deux règles de base que j’applique dans ma vie :
1) VOUS DEVEZ VOUS EN SOUCIER. Vous seul pouvez y arriver. Relisez la citation de Churchill. Vous devez vivre et respirer, manger et dormir et avoir votre projet à cœur sans aucun compromis, peu importe les défis auxquels vous ferez face, et peu importe ce que dirons les oiseaux de malheur.
2) VOUS et vous seul devez accomplir quelque chose de REMARQUABLE afin que les autres S’EN SOUCIENT, ou à tout le moins quelque chose d’assez remarquable pour que les autres vous remarquent.
Juste au moment où nous commencions à avoir l’impression que sa carrière de comique tirait peut-être à sa fin, Jim Carrey commence à jouer des rôles « sérieux » et NOUS l’avons remarqué : il a gagné deux Golden Globes. À chaque fois qu’on se dit « les Stones sont rendus trop vieux », il construisent une scène encore plus énorme, se lancent dans une tournée encore plus gigantesque, donnent un concert à Cuba et Jagger se donne comme s’il avait encore 25 ans. NOUS le remarquons. Il ne réunit pas The Police, à notre grand dam, mais Sting fait équipe avec Peter Gabriel pour une tournée et NOUS pensons « c’est cool, ça?! » Vous me suivez?? Quelque chose qui sort de l’ordinaire, quelque chose d’au moins un peu remarquable.
J’ai écrit une chanson pour Glass Tiger qui était au moins aussi bonne que n’importe quelle autre chanson que j’avais créée, mais les programmeurs radio et Top 40 ont dit « non ». Au lieu de cela, je suis revenu à la charge avec un album de réinterprétations de classiques des années 80 intitulé 80290Rewind et, soudainement, c’est un peu remarquable. « Dis, t’as entendu le mec de Glass Tiger qui chante du Madonna?? Et il chante aussi du John Waite, du Simple Minds et du Tears for Fears?! » Soudainement, les gens se disent « Ça m’intrigue, je vais l’écouter. »
Je vais vous laisser sur cette pensée : j’ai sur un de mes bras un tatouage où l’on peut lire, NO SURRENDER. Ces mots ont beaucoup d’importance pour moi.
Le 20 août 2015, après avoir tout donné pendant deux mois pour produire cet album, j’ai été au lit et j’ai été victime d’un ACV. Tout le côté droit de mon corps est demeuré entièrement paralysé, j’avais le cœur brisé et l’âme dévastée. Au moment d’écrire ces lignes, je viens tout juste de donner une toute première prestation depuis cet ACV, en direct à la télé, ce matin, et j’ai cassé la baraque. C’était un véritable coup de circuit, et tout ça dans ce qui est probablement le pire médium pour une prestation en direct, la télé. Au moment d’écrire ces lignes, dans quatre jours, je monterai sur scène pour le premier de deux spectacles à guichets fermés dans ma ville natale, Toronto?!
Rien d’autre à ajouter.