Il y a deux ans, ElyOtto, alias Elliott Platt, 17 ans, n’aurait jamais pu prévoir qu’il vivrait une pandémie sans précédent en tant qu’adolescent ordinaire, qu’il publierait des chansons sur SoundCloud et qu’au sortir de ladite pandémie, il serait devenu une des stars de TikTok. C’est pourtant bien ce qui s’est produit dans la foulée de la publication de son immense « hit » viral.

À l’heure actuelle, « SugarCrash! » est en quatrième place des chansons les plus aimées de tous les temps sur TikTok. Elle cumule plus de 100 millions d’écoutes sur Spotify, a été remixée par Kim Petras et Curtis Waters et elle a atteint la 11e position du palmarès Hot Rock & Alternative de Billboard. Le printemps dernier, le magazine SPIN a sacré ElyOtto le « visage de l’Hyperpop ». Il a depuis lancé les simples « Let Go », « Teeth » et la plus osée « Profane ».

EllyOttoElyOtto, dont la musique est éditée par Otto Dynamite Ltd, a commencé à écrire de la musique en 2016 et à publier ses chansons sur SoundCloud l’année suivante. Côté sonorité, il s’est inspiré d’artistes pop expérimentaux et du rap qu’il entendait sur SoundCloud. « J’avais l’habitude de passer plein de temps à surfer au hasard sur SoundCloud pour essayer de trouver les trucs les plus obscurs », explique l’adolescent de Calgary. « Je suis tombé sur quelqu’un qui s’appelle Kid Trash Pop et j’étais comme “wow, c’est quoi cette musique?!” C’était crotté, robotique, artificiel, luisant et coloré. Je n’avais jamais vraiment entendu ça en musique avant et j’étais super intrigué. Plus tard, j’ai découvert 100 Gecs et je me suis dit qu’il fallait que j’aille dans cette direction, c’est une musique hallucinante qui me semblait super amusante à créer. »

Créer le magnifique chaos que peut être l’hyperpop a été un processus d’essais et d’erreurs avec des beats contradictoires et des influences punk jusqu’à ce qu’ElyOtto finisse par trouver quelque chose qui fonctionne. « J’ai fait plein de tounes terriblement mauvaises que j’ai détruites, mais dans le lot, il y avait “SugarCrash!” qui sonnait vraiment bien », raconte ElyOtto.

Mais comme il l’explique, « SugarCrash! » est née de l’amalgame de plusieurs pièces différentes. « Les paroles viennent d’une autre chanson », dit-il. « L’instrumentale date de mes débuts, genre le lendemain du début de la pandémie, et elle était très orchestrale. C’était pas du tout de l’hyperpop. J’ai totalement oublié cet instrumental pendant très longtemps. J’y suis revenu avec des paroles que j’avais écrites en une journée, c’était presque de l’improvisation, mais pas à 100 %, et je me suis enregistré avant de la transformer en morceau hyperpop. Ç’a cliqué. »

La pièce n’est pas devenue virale comme elle l’est maintenant du jour au lendemain, mais sa popularité a été immédiate. « J’ai publié ça vers minuit le 26 août 2020 et le lendemain j’ai fait une petite vidéo promotionnelle sur TikTok en me disant qu’il y aurait peut-être quelques amis qui iraient l’écouter », poursuit ElyOtto. « Je ne m’attendais pas à ce qu’elle explose comme elle l’a fait, mais chaque fois que je rafraichissais la page, le nombre de “likes” augmentait et je recevais des commentaires du genre “ça va être gros” ou “c’est vraiment génial”. J’avais de plus en plus d’abonnés et je faisais les 100 pas sur le quai de la gare de train en me disant “mon Dieu, je ne peux pas croire ce qui est en train de m’arriver!” C’était vraiment très excitant. »

Pendant toute l’année qui a suivi, « SugarCrash! » a poursuivi sa conquête du monde et elle a même été utilisée dans une vidéo de Nick Luciano qu’il a envoyée à ses millions d’abonnés le 23 février 2021. « Je n’ai pas compris tout de suite que ma chanson était devenue un phénomène planétaire jusqu’à ce que, un an plus tard, plein de monde l’utilisait dans leurs TikToks », se souvient ElyOtto.

Désormais sous contrat avec RCA Records, il prépare la parution de son premier EP et continue de créer de nouvelles chansons. Préférant écrire en solo, il affirme que toutes les expériences qu’il vit peuvent lui inspirer une chanson, ce qui signifie qu’il écrit des chansons aussi souvent que possible et peu importe où il se trouve. « En général, j’attends que l’inspiration me vienne », explique-t-il. « C’est souvent quand je suis dans le bus, car le trajet pour me rendre à l’école est très long, alors j’ai le temps de laisser les textes et les mélodies me venir en tête. J’essaie de vivre plein d’expériences dans des partys et d’autres trucs que les jeunes de mon âge vivent afin qu’ils puissent s’identifier à ce que je crée. »

Quand il ne travaille pas dans GarageBand, ElyOtto utilise également la guitare, le banjo et, à l’occasion, le piano pour composer ses musiques. Si vous croyez que le banjo est aux antipodes de l’hyperpop, le jeune artiste s’empressera de souligner qu’il n’est pas un artiste unidimensionnel.

« Je crée dans plein de genres différents », affirme-t-il. « Je ne suis certainement pas prisonnier de l’hyperpop, mais c’est quand même ce que je crée le plus ces derniers temps parce que c’est vraiment amusant à faire. Tout se passe dans l’ordinateur, alors je peux travailler n’importe où, dans le bus ou ailleurs. Mais à la maison, quand je joue avec un groupe ou durant une séance de création, tant qu’il n’y a pas d’ordinateurs impliqués, je préfère écrire dans des genres comme le folk, le punk et le bluegrass. »

Ces autres facettes de sa création sont sur la glace pour l’instant pendant que le jeune créateur se concentre sur son exploration de l’univers hyperpop dont ses fans sont affamés. « Je travaille sur des vidéoclips avec des amis de l’école », confie-t-il. « On fait des trucs un peu plus lo-fi, mais j’espère avoir accès à un studio de cinéma pour créer des trucs un peu plus léchés et professionnels pour mon EP. Je vais créer plein de visuels pour cette musique et j’espère que mes fans ont hâte de voir tout ça, parce que je sais que moi j’ai hâte. »