Avant même d’être officiel, on peut dire que le duo R&B torontois Spiritsaver avait une longueur d’avance sur la concurrence.

Avant Zale et Tajudeen lancent la pièce psilocybine-délique « I’m High, Have You Met Me? » ils étaient – et sont toujours – encadrés par deux des plus brillants gourous de la production au Canada, le finaliste dans la catégorie Producteur de l’année aux Grammys 2023 Matthew « Boi-1da » Samuels (Drake, Beyoncé, Kendrick Lamar, Jack Harlow, Travi$ Scott) et le producteur et auteur-compositeur finaliste aux Grammys Stephen « Koz » Kozmeniuk (Dua Lipa, Kendrick Lamar, Madonna, Nicki Minaj).

Spiritsaver, "I'm High, Have You Met Me?"

Cliquez sur l’image pour faire jouer la vidéo « I’m High, Have You Met Me? » de Spiritsaver.

« Nous avons vraiment de la chance de pouvoir faire écouter notre musique à des gars comme Stephen Kozmeniuk et Boi-1da », dit Zale. « Des gars qui sont pour nous des mentors, avec qui on travaille étroitement et qui nous donnent leurs opinions. C’est comme avoir accès aux meilleurs représentants A&R pour “brainstormer” avec eux. Je suis vraiment reconnaissant de pouvoir compter sur le réseau qu’on s’est bâti toute notre vie. »

Zale n’exagère pas quand il parle d’un réseau bâti au fil d’une vie quand on sait qu’il a rencontré le chanteur d’origine nigériane Tajudeen à l’âge de 12 ans aux studios The Lair.

La feuille de route de Zale est assez enviable en elle-même : à titre de producteur – tant en solo qu’à titre de membre du duo d’auteurs-compositeurs-producteurs The Maven Boys – il a travaillé avec des mégastars comme Eminem, Kanye West, Nicki Minaj, Jennifer Hudson, Meek Mill et Childish Gambino, rien de moins. Il a fait ses premiers pas dans le domaine à l’âge de 13 alors qu’il gérait la page MySpace de Boi-1da, puis, 2 ans plus tard, ils créaient des « beats » ensemble et, à l’âge de 18 ans, il a été mis sous contrat par sa maison de production.

« Mon histoire avec 1 da remonte à loin », explique Zale. « Après j’ai rencontré Koz et je l’ai introduit au système de 1 da. À l’époque, Koz avait deux vies : il faisait de la synchro et des pubs et des trucs pop de 8 h à 18 h, et après on se réunissait et on travaillait jusqu’à 2 h du mat’ sur des trucs à présenter à 1 da. On a fait plein de morceaux ensemble, il y a toute une dynamique familiale qui va plus loin que la musique. C’est pareil avec T [ajudeen] : on est tous des amis avant d’être des collaborateurs musicaux, c’est vraiment comme une confrérie. On veut tous que les autres réussissent. »

Si Zale et Tajudeen se connaissent depuis toujours, leur nouveau projet Spiritsaver est tout nouveau et tout frais.

« On tenait à contrôler notre destinée » – Zale

« On tenait à contrôler notre destinée », dit Zale. « On tenait à être en mesure de créer l’art qu’on a envie de créer. Il y a beaucoup de politicaillerie des deux côtés de l’industrie, que ce soit dans les coulisses ou à l’avant-scène. Là, la différence c’est qu’on peut prendre notre carrière par les cornes et faire ce qu’il faut pour s’assurer que la musique sonne exactement comme on a envie qu’elle sonne. »

« Quand tu travailles dans les coulisses, c’est un peu comme si tu donnais ta musique à un interprète en espérant qu’il va prendre les bonnes décisions. En étant nous-mêmes les interprètes, on est en mesure de créer l’art qui accompagne la musique. Ça va plus loin que le simple fait d’écrire des chansons : c’est une question de développer notre image de marque, faire connaître le style de vie et être responsable de tous ces extras qui sont super amusants comme les shootings photo, tourner des vidéoclips et créer des contenus. »

Tajudeen qualifie la musique de Spiritsaver de « soul écrite par le destin » et affirme que la chimie entre eux a été instantanée, comme en font foi leurs deux premières chansons, « I’m High, Have You Met Me », qui a cumulé 33 000 visionnements sur YouTube en un seul mois, et leur simple actuel, la ballade « Killing Us Slowly ».

« C’est pour ça qu’on a connecté immédiatement : ça faisait un bout que c’était en gestations », explique Tajudeen.

Zale confie que « I’m High, Have You Met Me? » est inspirée par les champignons magiques. « On a commencé à écrire cette chanson après une expérience psychédélique que j’ai vécue », dit-il. « C’est inspiré par mon trip, une projection astrale (quand l’âme quitte le corps). C’est un peu comme naître à nouveau. Les expériences que tu vis dans cette autre dimension avant de réintégrer ton corps c’est un peu ça que Spiritsaver représente pour nous. Pareil pour le nom. »

« Killing Us Slowly » est une chanson sur une peine d’amour, explique Zale. « Ça parle de s’embarquer dans une relation un peu trop vite », poursuit-il. « Des fois les relations amoureuses démarrent en lion parce qu’elles sont basées sur l’attirance plus que sur une réelle compatibilité. On voulait examiner une histoire d’amour de ce point de vue extérieur avec un regard lucide où on voit clairement que les deux personnes ont leur part de responsabilité dans ce qui se passe. »-

Cliquez sur l’image pour faire jouer la vidéo « Killing Us Slowly » de Spiritsaver.

Zale souligne que chacune de ces chansons est dérivée d’une quinzaine de chansons à divers stades d’achèvement sur lesquelles ils travaillent. « J’ai un parcours de producteur, alors je crée des “beats” », dit-il. « Je crée de la musique à l’ordinateur avec T à mes côtés, mais lui c’est plus un gars de mélodies. Il commence alors à trouver des mélodies pour mes “beats” et c’est là que je commence à avoir des idées pour le texte. Avec ça, on se laisse porter par des freestyles pour voir où ça va nous mener. On trouve une “vibe” et quand on a l’impression qu’on tient quelque chose, on se concentre et on passe aux arrangements. Après, s’il y a un concept qui se dégage, on trouve un “hook”, on le coule dans le béton et on peaufine les couplets. »

« On réécrit beaucoup. On a dû réécrire au moins 10 versions différentes de “Killing Us Slowly”. On est constamment en mode expérimentation pour arriver au résultat parfait. »

La prochaine étape pour Spiritsaver est de monter leur spectacle sur scène qu’ils espèrent présenter pour la première fois en 2023. Ils espèrent également lancer une nouvelle chanson toutes les 4 à 6 semaines pour, comme le dit Zale, « être constants ». « Tout ce qu’on fait, on s’efforce de le faire avec originalité et sans égo », dit-il. « On veut juste raconter nos histoires de manière originale, mais en s’assurant que les gens s’y reconnaissent. La musique aide les gens à passer à travers les épreuves de la vie et à avoir un regard frais sur celle-ci. »