Depuis que le rappeur torontois Smiley a sorti son nouveau simple et le vidéoclip de sa chanson « Over The Top » mettant en vedette nul autre que le « Certified Lover Boy », à quel point sa vie est-elle devenue « over the top » ?

« Oh ! Bro, complètement débile », dit Smiley, alias Alexandre Morand, que nous avons joint à Los Angeles au téléphone. « C’est malade à quel point ça fait une différence. Quand t’es un artiste canadien, t’as beau être big dans ta ville, quand t’arrives ici, t’es un “nobody”. Mais là, c’est différent. Les gens me reconnaissent et je me fais plein d’amis ici. C’est vraiment “over the top”, pour être honnête. »

Mais loin de lui l’idée de s’en plaindre. « C’est tout ce que j’ai toujours voulu », avoue-t-il. « Mais je sais que j’ai encore plein de choses à accomplir, ce n’est que le tout début. C’est juste ma première chanson destinée au public américain. »

Actuellement en studio pour compléter son album de 16 pièces avec plusieurs producteurs – dont Boi-1da –, le rappeur du quartier de Pelham Park à Toronto profite au maximum de l’occasion qui lui est offerte : il a supprimé tous les excès, s’entraîne deux fois par jour et a perdu près de 20 kilos en six mois.

« Je veux courir sur scène quand je serai en tournée », dit Smiley. « Je ne veux pas une vibe relax. Je travaillais tellement fort pour arriver ici que je ne prenais pas le temps de bien manger et d’aller au gym. Là, je fais exactement ce que j’ai toujours voulu faire. »

Il mange plus santé, mais il avoue d’emblée que sa tentative pour devenir végétarien ne se passe pas sans anicroche. « Quand j’essaie de m’en tenir au régime végétarien, j’ai de la difficulté à tenir plus qu’une semaine », avoue-t-il. « Je deviens irritable et je ne veux rien faire. Je mange une fois par jour. Je n’ai mangé qu’à 15 h et j’ai mangé, disons, du saumon, des œufs et des légumes. Je me sens bien pendant cette semaine-là, je me sens léger, ma peau s’éclaircit, tout a l’air mieux. Sauf qu’à un moment donné, j’ai trop faim et je deviens vraiment en colère. »

Il éclate de rire. « Je veux des résultats rapides, alors je me mets au régime pendant une semaine et je change pour une diète avec de la viande la semaine suivante. »

Peut-être que son programme d’entraînement créera un jour le même buzz que son « flow » nonchalant qu’on peut entendre sur des succès tels que « In My Zone » et « Moving Different ». C’est ce « flow » qui a charmé Drake – sans aucun doute la plus grande star musicale de la planète en ce moment – et l’a incité à prendre Smiley sous son aile.

« Je dirais qu’il y a trois ans, je savais qu’il écoutait ce que je faisais », confie Smiley, que Drake a cité comme une influence sur Scorpion, et il a publié les paroles de « Free Baby » quand Pusha-T a révélé l’existence de son fils dans « The Story of Adidon ».

« Je sais que j’ai encore pleine de choses à accomplir, ce n’est que le début »

« Après, quand il me démontrait tout cet amour, c’est là que j’ai commencé à recevoir un amour différent des États-Unis et d’ailleurs », dit Smiley. « Là c’est devenu sérieux et un peu “freakant”. C’est à partir de ce moment que j’ai été obligé de m’entourer d’une équipe, de gérants et tout ça. »

Jusque là, Smiley trimait dur avec ses comparses musicaux du « OLN crew », dont font notamment partie les rappeurs MKsolive, Ryda et Homie, en plus d’apprendre des techniques de studio avec son voisin et collègue Blacka Da Don.

C’était un processus d’essais et erreurs, au début. « Quand j’ai fait ma première chanson, tout le monde disait que je ne faisais que parler », raconte Smiley. « Ils me détestent aujourd’hui, mais ils me détestaient encore plus dans le temps. Ça fait cinq ou six ans que je rappe, mais au début j’étais vraiment poche. C’était vraiment juste comme si je parlais. Mais j’ai peaufiné ma technique au fil des ans. Je me suis amélioré même si c’était pas le but premier. »

D’abord sur Buy. or. Bye. et sur son « mixtape » A Tape To Remember (tous deux en 2018), puis sur Road To Buy or Buy 2 (The Playlist) et YYZ-LAX (paru sur Warner Music), Smiley a travaillé sans relâche sur son art.

« J’ai fait mes premiers grooves avec des gars du quartier et ç’a généré un buzz en ville », explique-t-il. « On était populaires et on a eu quelques “hits” qui ont généré du buzz en ville. C’était cool, mais après le soutien de Drake, c’était une tout autre histoire. J’ai réalisé que je pouvais carrément vivre de ça, pas juste le faire pour le fun… que je pouvais vraiment prendre soin de ma famille et de mes amis. »

La présence de Drake prend beaucoup de place dans la carrière de Smiley, jusqu’à maintenant, comme en fait foi « Over The Top ». « C’est Drake qui m’a envoyé ça », dit Smiley. « aussitôt que j’ai reçu ce “beat” – j’étais en train de conduire – je me suis stationné pour l’écouter. Il avait déjà enregistré sa piste de voix dans le “hook” ; j’aimais l’intro et j’ai écrit mon texte sur le champ, dans l’auto. Après je n’ai eu qu’à écrire quelques couplets et à choisir ceux que j’allais garder. »

Smiley a l’habitude de travailler très rapidement au début du processus de création de ses chansons. « Quand je suis très concentré et que je m’enferme quelque part pour travailler, j’écris un “hook” et un couplet juste pour sortir l’idée de ma tête », explique-t-il. « Après, peu importe le producteur, c’est lui qui va choisir quelles chansons ont le plus de potentiel et je vais finir celles qu’il a choisies. Mais si on parle juste d’écrire un “hook” et un couplet, ça me prend à peu près 48 minutes. »

Smiley explique qu’il note ses idées dans l’appli Notes de son téléphone. « Quand je suis seul en studio, je “freestyle”, mais c’est pas ma spécialité », avoue-t-il. « Je préfère prendre mes idées en note dans mon téléphone. Mais je “freestyle” plus maintenant parce que ça donne parfois de bons résultats, tu vois ? Mais en général, je passe à travers mes courriels quand les gens m’envoient des “‘beats’, je les enregistre dans Notes, et après, quand je les écoute, je commence à écrire dessus.”

Smiley fait désormais partie de l’écurie OVO Sound de Drake – qui est distribuée par Warner – et il a très hâte d’établir sa carrière aux États-Unis. “Je pense que je suis unique”, dit-il. “Personne ne sonne comme moi. Les gens vont mieux comprendre une fois que mon album va sortir.” Nul besoin de dire qu’il est très reconnaissant de l’aide qu’il reçoit de Drizzy. “C’est lui qui m’a mis dans cette position et il est comme un grand frère pour moi”, conclut Smiley.



La musique en direct est de retour ! Les George Street Festival de St. John’s, Terre-Neuve, a entre autres accueilli Arkells, Glass Tiger, Blue Rodeo, The Reklaws et Robyn Ottolini du 27 août au 1er septembre 2021. Ne manquez pas nos images de l’événement prises par Mike Slute.



En passant d’éditeur spécialisé à éditeur majeur avec un catalogue trié sur le volet qui grossit de jour en jour, la maison torontoise Nagamo Publishing est venue combler un vide. Son désir : solidifier la représentation Autochtone dans l’industrie du film et de la télévision. Et jusqu’à maintenant, l’entreprise en démarrage – dont la croissance s’est faite de manière très naturelle au cours des 18 derniers mois – est couronnée de succès et ne montre aucun signe d’essoufflement.

Parmi les objectifs de Nagamo, il y a celui d’offrir aux compositeurs Autochtones des opportunités de faire preuve de leur talent tout en permettant à ses clients d’avoir accès à leur musique dans tous les genres et provenant de toutes les Premières Nations. Les racines de l’entreprise ont été plantées il y a quatre ans, lorsque Oliver Johnson, le président et cofondateur de la célèbre maison d’édition Bedtracks, a créé une bibliothèque musique de production Autochtone appelée Storytellers. Puis, en 2020, le Aboriginal Peoples Television Network (APTN) a fait l’acquisition de l’entreprise qui est ainsi devenue Nagamo Publishing.

« L’idée de base était de créer une liste d’écoute nichée de musique de production Autochtone que nous mettrions à la disposition de nos clients et des producteurs », explique Nigel Irwin, le codirecteur de la création de Nagamo ainsi qu’un des compositeurs qu’elle représente. « C’était une porte d’entrée incomparable pour moi. Je créais de la musique, à l’époque, mais je ne connaissais pas grand-chose au sujet de la musique de production… Mon rôle a évolué de manière très naturelle. »

Jusqu’alors, il y avait un manque criant de musique de production Autochtone facile d’accès vers laquelle l’industrie pouvait se tourner. Selon Irwin, il y a plus d’une raison pour ce potentiel inexploité dans le marché.

« D’abord, trouver des compositeurs qui se concentrent sur la musique de production n’est pas évident. La plupart des musiciens choisissent le chemin “artistique”, donc le bassin de candidats est d’autant plus petit », explique-t-il. « Par ailleurs, les communautés Autochtones elles-mêmes représentent un bassin restreint, mais il est en pleine croissance – il manque juste un peu d’arrimage pour que les clients potentiels soient au courant de l’offre qui existe déjà. »

Nagamo PublishingEnsuite, il y a également le défi d’informer les compositeurs Autochtones des opportunités qui s’offrent à eux. Avant de travailler pour Nagamo, Irwin était animateur pour divers programmes jeunesse Autochtones et il se déplaçait de réserve en réserve d’un bout à l’autre du Canada. « Je rencontrais des tonnes de jeunes très talentueux, mais aucun d’eux ne pensait possible de sortir de la réserve et de trouver un emploi dans cette industrie super dynamique et cool », dit-il. « Une partie de la mission de Nagamo est d’être le porte-étendard de toutes ces opportunités afin que ces futurs compositeurs les voient. »

Troisièmement, il faut avouer que l’industrie canadienne de la musique n’avait jamais vraiment considéré la représentation Autochtone avant l’actuelle ère de mandats de diversité, d’équité et d’inclusion, une bonne chose selon Autochtone, puisque cela permet d’inviter de nouveaux visages à la table.

Quant au catalogue actuel de Nagamo, il est on ne peut plus diversifié, ce qui joue énormément en sa faveur, affirme Irwin. « Dès qu’on dit à un client qu’il s’agit de musique Autochtone, il y a un immense terrain de jeu qui s’ouvre devant eux », explique-t-il. « Je divise notre musique en deux grandes catégories : contemporain et traditionnel. A Tribe Called Red, par exemple, a donné beaucoup de visibilité à la musique Autochtone dans le EDM/dance, et c’est un des styles musicaux que nous représentons dans notre catalogue. »

Nagamo a quelque chose à proposer dans de nombreux styles musicaux qui conviennent à n’importe quelle atmosphère imaginable qu’une production télé ou cinéma pourrait souhaiter ; œuvres orchestrales ou percussions dynamiques, musique acoustique et chants de gorges traditionnels. Irwin se permet même un peu de « name-dropping » des artistes avec qui Nagamo travaille à l’heure actuelle : Jesse Doreen de la réserve des Six Nations, Andrew Joseph Stevens III, un artiste Mi’kmaq de London, Ontario, connu sur TikTok sous le pseudonyme Drives the Common Man, Mimi O’Bonsawin, une artiste métisse ayant des racines abénaquises, et Jacob Hoskins, de Vancouver.

Par ailleurs, Irwin est très emballé par la récente mise sous contrat de PJ Vegas, le premier artiste non canadien signé par Nagamo. Vegas est un auteur-compositeur-interprète et compositeur de « beats » trap primé originaire de Los Angeles, dont le père Pat est l’un des membres fondateurs du groupe funk-pop Autochtone Redbone (surtout connu pour son succès « Come and Get Your Love » dans les années 70).

Lorsqu’il n’est pas en train de découvrir de nouveaux artistes à ajouter à la l’écurie Nagamo – généralement grâce au bouche-à-oreille – Irwin, dont les origines Autochtones remontent à la nation crie d’Enoch, trouve encore le temps de composer.

« En tant que visage de l’entreprise, mon rôle est d’organiser et de construire, mais j’ai aussi le temps de travailler sur mon art, ce qui est important pour moi », dit-il. « J’ai quelques projets dans les cartons pour des émissions de la série The Nature of Things à la CBC. C’est très excitant… les encouragements fusent de toutes parts ! Les gens sont vraiment intéressés par Nagamo en ce moment. »