La Zarra Fatima Zahra fait partie des artistes qui ont commencé « sur le tard », mais elle intrigue déjà grandement l’Europe avec sa voix rivalisant avec Piaf ou Barbara. Œuvrant sous le nom d’artiste La Zarra, la jeune femme de Longueuil signée par Universal Music Canada et Polydor France, fera paraître un premier album, Traîtrise, le 3 décembre.

« Le succès des derniers mois, je ne peux même pas l’expliquer », s’étonne encore Fatima Zahra qui, bien qu’elle ait toujours eu un intérêt marqué pour la musique, était sur un autre projet de carrière.

« Jusqu’à tout récemment, j’étais coiffeuse, explique-t-elle. Ça m’a vraiment aidé, mes années de coiffure. J’ai aiguisé mon oreille, en écoutant Barbara tout en coiffant. Je n’ai pas fait de cours ou d’école de chant et je ne peux pas vraiment répondre quand on me demande je chante dans quelle tonalité », rigole-t-elle. Un désintérêt progressif pour sa première profession et une allergie soudaine à la coloration pour cheveux, qui est survenue comme un signe, l’ont portée vers son rêve musical. « Je n’aurais pas eu ma maturité musicale actuelle sans la coiffure », croit-elle.

Sa rencontre avec le producteur montréalais Benny Adam (Rymz, Tizzo, Zach Zoya), il y a quelques années lui a permis de faire connaissance avec sa propre personnalité « musique », puis l’idée semée à ce moment-là a germé pendant quelques années pour devenir un projet dans la tête de Fatima : elle a eu envie de lui présenter des idées de chansons. « Les quelques titres qu’on a conçus ensemble m’ont valu un succès immédiat en Europe et une maison de disques qui m’a donné les outils pour commencer à explorer d’autres compositions avec des musiciens. » La bonne étoile qui brille pour elle de l’autre côté de l’océan lui a même valu une nomination dans la catégorie Révélation francophone de l’année au gala NRJ Awards qui se tenait le 20 novembre dernier.

Le début de la création d’une chanson, pour elle, est différent d’une fois à l’autre. « Parfois, c’est juste une mélodie ou une première phrase que je veux placer, explique la chanteuse. Je parle d’amour, d’amitié, de relations, mais mes morceaux sont plus des sentiments généraux que des histoires. Ça peut partir de la haine, de la joie, de la colère, mais au bout du compte, il y a toujours cette envie de m’émanciper. Je suis toujours sur le chemin entre la femme que j’étais et la femme que je veux être. » Une chose est sûre, depuis que la musique s’est érigée au cœur de sa vie, Fatima n’a pas l’impression de travailler. « Ce n’est vraiment pas un boulot pour moi, lance-t-elle. Je fais le ménage chez nous et je chante et les refrains viennent à moi naturellement. Quand la créativité entre chez moi, ça peut durer longtemps, les idées déferlent. »

Contrairement à certains succès qui naissent en ligne grâce aux partages et aux « likes », La Zarra ne doit son ascension fulgurante qu’à son talent remarqué et célébré d’un coup. « Je n’aime pas me montrer et je ne comprends rien au concept d’influenceurs. Ma popularité a commencé avec les gens de l’industrie qui ont dit “quelque chose arrive”, relate-t-elle. Je voulais vraiment une carrière à l’ancienne. Je voulais travailler avec un label qui te signe d’abord et ensuite tu travailles. Je regarde le public réagir à ma présence dans le paysage musical, petit à petit. Je vais chercher de nouveaux admirateurs un par un et je crois que c’est la seule manière d’envisager une carrière en musique sur le long terme. C’est exactement ça que je veux. »

Après la musique, produite avec le temps devant soi et les outils pour adoucir le parcours, la scène se présentera à La Zarra qui ne peut pas encore affirmer qu’elle est à l’aise avec le concept. « La musique, c’est tellement nouveau que je n’ai pas encore eu le temps d’apprivoiser la scène, dit-elle. En studio, tu peux te reprendre, dans un clip, tu peux te réchauffer, mais sur scène, tu ne peux pas mentir. On entre dans la création du spectacle et je réarrange mes chansons pour que ce soit plus organique, plus vivant. C’est le vrai défi qui commence. »

Même si elle compte promouvoir son album en France d’abord, elle est convaincue que l’engouement d’outre-mer pourra éventuellement être aussi fort au Québec. « Je suis Québécoise, mais je sais que le marché français est difficile donc je veux en profiter, mais au fond, je veux que les deux existent. J’aimerais aussi faire connaître mon album dans le nord de l’Afrique. Et… il y a le monde entier. »