La pop québécoise étant une bête relativement insaisissable, l’une des clés du trousseau que détient une poignée d’élus est sans aucun doute la première position du palmarès radio. Trainant avec elle un Québec élargi qui entonne ses airs et, disons-le, une rondelette somme en redevances, plusieurs s’entendent pour parler d’un « avant » et d’un « après » lorsqu’une chanson bondit tout au sommet.

Nouvelle recrue au « temple des élus », King Melrose commence à en prendre la pleine mesure : « C’est fou, tout a changé […] Avant c’est moi qui appelais les diffuseurs pour présenter le projet, depuis la fin de l’été le téléphone sonne! » Une rutilante suite d’accords, quelques sifflements pour auréoler et une mélodie velcro : il n’en aura pas fallu plus pour permettre au jeune auteur-compositeur-interprète de 25 ans, de se hisser à la pole position avec le premier extrait de son deuxième gravé Bleu.

Le titre en question? « Ne me laisse pas tomber »; vous ne connaissez pas? N’en soyez pas si convaincu; vous l’auriez entendu où? PARTOUT.

Issu d’un milieu convenu de la banlieue montréalaise, et élevé par un père amoureux fou des Beatles, le jeune homme (Sébastien Côté pour les intimes) a tôt fait de comprendre que la scène lui semblait destinée. Et s’il a fait ses premières armes à 16 ans en foulant les planches avec son groupe de reprises de standard soul et Motown, c’est quelques années plus tard, lorsque le réalisateur et imprésario Toby Gendron (Céline Dion, Éric Lapointe, Jean-Pierre Ferland, Jean Leloup, etc.) l’entrevoit sur les planches que les astres s’alignent.

« Avant c’est moi qui appelais les diffuseurs pour présenter le projet, depuis la fin de l’été le téléphone sonne! »

« Initialement, je n’y croyais pas une seconde, on croise beaucoup de gens en cour de carrière qui font beaucoup de promesses donc je me disais que c’en était un parmi tant d’autres. Puis il m’a relancé un an après la première approche ». Et le reste appartient à l’histoire, comme le veut l’adage.

C’est donc sous les bons conseils de son mentor que l’artiste tente sa chance au Festival de la Chanson de Granby en 2010 : « La journée des finales, j’avais fait beaucoup de shows, j’étais brûlé et je me souviens de me dire qu’il fallait que je donne le tout pour le tout ». Manifestement, la résolution porte fruit et l’homme décroche le « Prix du public ». Puis, tout s’enclenche à la vitesse grand V : le Festiblues d’Ahuntsic où il finit bon deuxième; Le Mondial Choral Loto-Québec où il partage la scène avec Grégory Charles; L’offre d’un rôle musical dans le film Les Boys sorti en décembre 2013, alouette. Tout ceci culminant par un premier opus homonyme, sorti début 2014, et truffé de soul et de pop qui fait mouche auprès de plusieurs radios et auditeurs.

King MelroseCe qui nous mène ici, maintenant. Avec un deuxième album, Bleu, de ses dires, plus concis et près de ses sources: « J’ai voulu faire quelque chose de plus intimiste, plus près de moi, au lieu d’embarquer dans un trip d’égo de musicien comme c’est souvent le cas pour le deuxième album […] Si mon premier album allait un peu dans tous les sens, ici, j’installe mon son avec plus de feutre, plus de soul. C’est un peu plus ensoleillé aussi. »

Et si l’homme semble définitivement savoir où il veut en arriver, il tire aussi une grande leçon de ses dernières années, passées sur les chapeaux de roues : « Je n’ai pas de difficulté à me faire aider, la grande différence par rapport à mes débuts. L’art de savoir s’entourer m’apporte beaucoup et je trouve qu’il y a quelque chose de très enrichissant là-dedans. De laisser les gens m’aider. C’est une des plus belles choses que j’ai apprises dans la vie. Sérieusement. »

Ceci tout en étant plus ferré que jamais dans le projet King Melrose: « J’ai aussi appris à écouter un peu plus mon instinct, mon intuition. Plus tu écris des chansons, plus tu risques de taper dans le mille. » Et le jeune homme de conclure en toute transparence: « Je ne veux pas faire de la musique pour jouer tout seul dans ma cave donc oui, j’espère rejoindre le plus grand nombre. »

Et toc.

kingmelrose.com