Kayla Diamond, une productrice et maintenant directrice de sa propre étiquette, a écrit des chansons avec Strumbellas, Eden Golan, Sofia Camara et Tynomi Banks, et elle est convaincue que ses débuts en tant qu’artiste lui ont donné l’éducation nécessaire pour lancer Kolossal Records avec ses partenaires Awesome Productions & Management.

Le catalogue de Diamond, qui a participé au remix de Kiso de « I Took a Pill in Ibiza » et de « Feel Something » d’Anevo, a cumulé plus de 50 millions de « streams », nous dit-elle. On retrouve dans son catalogue des chansons originales et certaines écrites pour d’autres artistes, notamment Madalen Duke, Dom Vallie, Morgxn, Jeanick Fournier, Chloe Florence, Sophie Grenier (candidate à La Voix) et Alex Schulz.

« C’était une expérience très intéressante pour moi d’être d’abord une artiste, parce qu’il n’y a pas beaucoup d’étiquettes dont le président sait ce que c’est que d’être à la place de l’artiste, de l’auteur-compositeur et du producteur », explique-t-elle. « Maintenant que je dirige ma propre étiquette, je crois que ça devrait être un prérequis. »

Amarii, Bad Guy, video

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Maintenant qu’elle fait partie d’un tout petit groupe de femmes propriétaires d’une étiquette de disques au Canada, le premier artiste qu’elle a mis sous contrat est un jeune homme qui est connu sous le nom d’Amarii et qui est originaire de l’île de Vancouver. Elle l’a connu lorsque son gérant de l’époque lui a demandé de remixer « Bad Guy », une triste ballade au piano, qui compte à ce jour plus de 54 000 visionnements sur YouTube, et dépassera bientôt les 350 000 écoutes sur Spotify. Kayla Diamond explique qu’elle est en phase de développement avec son jeune artiste et qu’elle ne prévoit pas lancer sa musique avant 2025.

« Ma philosophie A&R est très simple : il faut que je dise “Wow!” pour que tu retiennes mon attention. Je veux que mes artistes réussissent uniquement à cause de leur talent, pas à cause de leur identité de genre ou de leur orientation sexuelle. C’est un jeune de 21 ans et son histoire est absolument magnifique. Il a grandi dans le système des familles d’accueil et il est très fort à cause de tout ce qu’il a surmonté. Il m’a joué une de ses chansons et il a une profondeur incroyable », nous a-t-elle confié.

« Ce qui m’a convaincu de signer avec Kolossal, c’est le fait que Kayla a d’abord été une artiste, comme moi », confie Amarii, dont le vrai nom est Martin Rupprecht. « Elle a déjà été dans mes souliers et c’est pour ça qu’elle peut me guider dans la bonne direction dans l’industrie de la musique. »

Née à Toronto, Kayla Diamond était destinée à une carrière d’avocate, comme ses oncles, son frère, sa belle-sœur et ses six cousins de la célèbre firme torontoise Diamond & Diamond. En 2015, elle était en première année de droit à l’université de Detroit Mercy lorsqu’elle a inscrit sa toute première chanson, « Crazy, » au concours It’s Your Shot de Slaight Music. Le prix du concours était une entente d’édition avec Slaight Music ainsi qu’une entente de distribution avec Pheromone Recordings/Cadence Music Group. Elle a gagné.

Le EP qui en est ressorti, Beautiful Chaos (2017), a été écrit principalement avec Craig McConnell (Céline Dion), et quelques autres, comme Liz Rodrigues (Céline Dion, Eminem) et Mickey Shiloh. On y retrouvait notamment le simple Carnival Hearts qui a cumulé plus de 10 millions de « streams », et le simple suivant, « What You’re Made Of », s’est classé dans le Top 10 des radios adulte contemporain. En 2019, son EP Dirty Laundry incluait des collaborations avec McConnell, ainsi qu’avec Joel Stouffer et Ria Mae, entre autres, mais il a été « mal promu et ç’a été un gros flop », raconte-t-elle.

Un an plus tard, elle était prête à partir en tournée aux États-Unis dont le coup d’envoi serait une prestation à SXSW, mais la COVID-19 en a décidé autrement. Elle et sa femme s’affairaient à construire une nouvelle maison à Montréal et c’est alors qu’elle a décidé d’y inclure un studio dans leur sous-sol. « J’ai toujours eu envie d’apprendre la production », confie Diamond. « Quand j’étais artiste, j’étais toujours derrière les producteurs et je leur demandais comment tout ça fonctionne. »

« On remet le développement des artistes à l’ordre du jour »

Avec tout ce temps libre devant elle, elle a appris à se servir du logiciel de production audio Logic Pro en s’y consacrant de 8 h à 20 h tous les jours. Quand elle s’est sentie prête, « j’ai commencé à travailler avec des artistes émergents afin de bien comprendre ce que c’est d’être dans le siège de la productrice, et je continuais aussi à écrire des chansons. Je me suis rapidement améliorée et j’ai commencé à travailler avec des artistes plus connus. C’est là que les gens ont commencé à dire “Wow! Une nouvelle productrice. C’est fou, on en compte comme 5 maintenant.” C’est pour ça que j’ai voulu me faire un nom, surtout à Montréal. »

Elle a officiellement quitté Slaight en 2021, et en bons termes. « Quand t’es artiste sous contrat avec un label, t’es constamment en train de négocier ceci ou cela parce que les gens te considèrent comme un investissement et ils sont entrepreneurs depuis bien plus longtemps que toi. Tu dois donc faire confiance à tout ce qu’ils te disent et le mettre en action. J’ai absorbé tout ce qu’on me disait. »

« J’étais très à l’affût des changements qui transformaient l’industrie de la musique petit à petit. Il y a eu le boom TikTok en 2020 et j’étais totalement à bord avec TikTok et les réseaux sociaux. Je voyais vers où tout ça s’en allait et le modèle d’affaires de Slaight ne cadrait plus totalement avec mon projet. Alors, je me suis demandé comment je pouvais l’améliorer sans que ce soit moi le sujet du modèle. On remet le développement des artistes à l’ordre du jour parce que la plupart des grandes maisons de disques l’ont abandonné. Ce modèle d’affaires n’est plus aussi efficace qu’avant pour elles. »

Comme elle souhaitait continuer son travail de production, Diamond a fondé Kolossal en partenariat avec le vétéran de l’industrie Asim « Awesome » Awan et l’agent d’artistes Jermayne Clayton de Awesome Productions & Management de Toronto, une entreprise qui représente des artistes comme Vandelux, Dylan Sinclair et DijahSB et qui est déjà distribuée par The Orchard, propriété de Sony Music Entertainment.

« On a maintenant un véhicule pour lancer la musique de nos artistes et les aider et de mon côté, je suis la directrice A&R de ma propre étiquette et eux s’impliquent dans la production et l’écriture », se réjouit Kayla Diamond. « Il fallait que je trouve des partenaires qui me permettraient de développer ce côté-là de ma personnalité. »

Où brillera-t-elle ensuite?

Qu’y a-t-il à l’horizon pour Kayla Diamond? Le 1er juin 2024, elle est devenue la première productrice à s’installer à Planet Studios, le plus gros complexe d’enregistrement de Montréal avec trois espaces principaux, une salle de matriçage et 10 bureaux de production. Elle a été invitée à participer à ce qui est vanté comme « le plus grand camp de création au monde », l’Anti Social Camp, à New York, du 10 au 15 juin 2024, en compagnie de plus de 200 producteurs, artistes et auteurs-compositeurs. Le jour de notre entrevue, elle se rendait à une séance d’écriture avec The Strumbellas, avec qui elle a collaboré sur les chansons « Let Down », « The Hurt » et le simple « Hold Me » pour leur plus récent album, Part Time Believer.

Elle ajoute que ses partenaires d’affaires et elle ont également créé une coentreprise avec la division SNGL de Grayson Music Group afin qu’ils soient le service de synchronisation pour Kolossal, « ce qui permet à tous les artistes que nous mettons sous contrat de maximiser leurs chances pendant qu’ils sont en développement ».

Entre-temps, l’approche de Diamondest de bâtir des équipes sur mesure pour chacun de leurs artistes plutôt qu’une « équipe générique ». Dans le cas d’Amarii, cela inclut un coach vocal et des séances d’enregistrement. « Quand son EP va être prêt, je vais accueillir notre prochain artiste », dit-elle.

L’autre avantage d’être celle qui prend toutes les décisions c’est qu’elle a plein de chansons qui n’ont pas encore trouvé d’interprète. Il n’est pas rare que d’excellentes chansons soient écrites lors d’une séance ou d’un camp de création et qu’une fois qu’elles sont proposées à un artiste, les créateurs doivent attendre une réponse. Diamond, qui a également collaboré avec Good Grief (Bryn McCutcheon et Kirstyn Johnson), Nicolina Bozzo, Sam James et Halo Kitsch, a pleine de chansons qui n’attendent qu’un ou une interprète.

« On vient juste de conclure une entente pour un simple avec Madalen Duke pour un morceau que j’ai produit intitulé “Bones” », nous confie-t-elle. « L’entente est structurée comme un partenariat avec SNGL pour des chansons pour la synchro. On a aussi fait une entente du même genre pour un simple avec Willa. Bref, quand il y a une chanson que j’ai écrite et produite dans laquelle je crois vraiment, j’offre une entente pour un simple à ces artistes. Ce que je leur offre, c’est que ça passe par Kolossal, et on va s’occuper du design, de la production, du mixage et du matriçage. »