L’avenir de la musique passe-t-il par le jeu vidéo? C’est que semblent croire des intervenants des deux milieux qui cherchent à inventer un nouveau modèle d’affaires.

Contrairement au marché du disque, qui, on le sait, poursuit sa chute vertigineuse depuis quelque temps, le monde des jeux vidéo continue sa formidable expansion, générant des revenus enviables de plusieurs milliards de dollars chaque année. Les choses vont tellement bien, en fait, que certains voient le jeu vidéo comme une planche de salut qui pourrait endiguer le déclin de l’industrie musicale. Dans son livre « Building a Successful 21st Century Music Career », Simon Cann, auteur de nombreux guides sur la création musicale et l’industrie qui l’entoure, l’énonce de façon très claire: « Les jeux vidéo sont une excellente façon de gagner sa vie en musique puisqu’ils représentent à la fois une source de revenus et un canal de promotion. »

La meilleure expression de cette nouvelle réalité nous est apparue en octobre dernier. La multinationale française Ubisoft, qui a des bureaux à Québec et à Montréal, annonçait un partenariat entre sa nouvelle division musicale, Ubiloud, et le doyen des labels indépendants québécois, les disques Audiogram. En plus de renforcer la présence d’Ubisoft sur le territoire québécois (d’ici 2020, on s’attend à ce que la firme emploie plus de 3500 personnes dans la province), cette entente de distribution marque une expansion pour les deux parties impliquées, qui s’aventurent ainsi dans des territoires inexploités.

Pour Didier Lord, directeur du groupe musique d’Ubisoft et grand patron d’Ubiloud, la popularité des jeux vidéo offre une occasion en or de faire découvrir de nouveaux talents. Et la nouveauté, il y croit: plutôt que de se rabattre sur des valeurs sûres, il préfère faire bénéficier de jeunes artistes de la notoriété d’Ubisoft. « Le but, c’est de pousser des artistes émergents, répète-t-il chaque fois qu’on l’interroge sur ses motivations. On est très bien établis dans notre milieu et on se rend compte que l’impact du jeu vidéo peut lui permettre de devenir un moteur de la culture. Et comme notre spécialité c’est d’abord le jeu, on va pouvoir profiter de l’expertise d’Audiogram pour nous aider à trouver les artistes de demain. »

« Pour la première fois dans l’histoire, nos ventes de catalogue dépassent les ventes de nouveautés. Il faut donc trouver des avenues qui vont permettre de faire connaître les nouveaux artistes et cette entente avec Ubiloud en fait évidemment partie. » Alixe HD, Audiogram

Du côté d’Audiogram, on accueille ce nouveau défi avec enthousiasme. « On a déjà une maison d’édition, on s’occupe de disques et de spectacles et cette entente nous offre une façon de plus de diversifier nos activités », explique Alixe HD, directrice marketing et promotion. Il est de plus en plus difficile de lancer un nouvel artiste et les chiffres en témoignent: pour la première fois dans l’histoire, nos ventes de catalogue dépassent les ventes de nouveautés. Il faut donc trouver des avenues qui vont permettre de faire connaître les nouveaux artistes et cette entente avec Ubiloud en fait évidemment partie. »

Dans la même semaine où l’on officialisait l’entente avec Ubisoft, Audiogram annonçait aussi une entente de distribution avec Sony Music, confirmant du coup l’inéluctable mondialisation de la musique. Car si le marché international pouvait autrefois sembler presque inaccessible aux artistes locaux, il est maintenant une partie intégrante de tout plan de carrière. Membre fondateur du groupe Muzion, le rappeur Imposs, premier artiste à bénéficier du soutien d’Ubiloud, peut déjà témoigner de l’impact d’une distribution à grande échelle. Depuis que sa chanson Stadium Flow est apparue dans le jeu « Just Dance 2016 », il découvre de nouvelles avenues pour sa musique.

Imposs« C’est vraiment cool de recevoir des messages d’Europe, d’Amérique du Sud ou d’Afrique, ce qui montre que le jeu peut avoir un impact réel à travers le monde, confirme-t-il. Le secret, c’est de convertir cette reconnaissance en ventes et c’est ce qu’on est en train de développer avec ce nouveau modèle d’affaires. Il faut que le marketing suive et c’est là qu’Audiogram entre en jeu, mais il faut aussi que l’artiste soit prêt à embarquer dans la game. »

Ce qui ne veut pas dire que les artistes en seront réduits à créer de la musique sur mesure pour tel ou tel jeu. « Au contraire, on veut trouver des artistes qui ont déjà un univers, une personnalité unique, puis essayer de les intégrer à des jeux qui leur correspondent », confirme Didier Lord, qui n’a pas l’intention de créer une usine où l’on fabriquerait de la musique générique. « Bien sûr, comme le jeu s’appelle Just Dance, on sait qu’on va avoir besoin d’un certain type de chanson, précise Imposs. Mais lors de la rencontre avec les gens d’Ubisoft et d’Audiogram, ils m’ont fait comprendre qu’ils voulaient que je garde mon identité musicale. On leur a fait entendre des trucs sur lesquels on travaillait et ils ont choisi. Il n’y a jamais eu de pression pour rentrer dans un format défini. »

Mais lorsque viendra le temps de développer de nouveaux talents, Audiogram va-t-elle privilégier des artistes qui ont le potentiel de faire carrière à l’international, délaissant son pôle d’incubateur de la chanson francophone d’ici? « Pas du tout, précise Alixe HD. Premièrement, on a déjà dans notre catalogue des artistes anglophones ou qui font dans la musique instrumentale. Et je ne vois pas pourquoi on arrêterait de trouver de nouveaux artistes francophones: des groupes comme Loud Lary Ajust ou Pandaléon, même s’ils chantent en Français, ont un son très actuel qui pourrait tout à fait convenir à plusieurs jeux. »

« Ce qui est bien avec les jeux c’est qu’ils ont tous leur univers propre, confirme Didier Lord. Just Dance va forcément demander de la musique plus pop, mais si vous prenez un jeu comme Far Cry, par exemple (un jeu de tir à la première personne au scénario très élaboré, NDLR), on pourrait très bien y intégrer de la musique plus alternative. »

Didier Lord explique aussi qu’il entend utiliser la musique au-delà de la simple trame sonore du jeu. Il cite l’exemple de Woodkid, dont la chanson Iron a servi à la campagne de publicité du jeu Assassin’s Creed Revelations. « La chanson ne cadrait pas avec la période historique du jeu, mais le ton était idéal pour la pub. Et quand on sait à quel point les bandes-annonces de grandes franchises comme Assassin’s Creed sont attendues, on expose un artiste à un public immense. »

Cœur de Pirate Lorsqu’une marque forte s’associe à une chanson qui l’est tout autant: on assiste à ce qu’on pourrait appeler l’effet iPod. Combien de gens ont découvert des artistes comme la Canadienne Feist ou l’Israélienne Yael Naim grâce à la présence d’une de leurs chansons dans une pub d’Apple? Ubisoft espère faire de même avec ses jeux vidéo pour une nouvelle génération d’artistes.

Ce qui ne veut pas dire que les artistes établis (voire retraités) ne pourront pas profiter de la manne. Si un bon positionnement à l’intérieur d’un jeu peut certainement aider un artiste émergent, quelques vieux routiers ont aussi bénéficié de cette nouvelle plateforme. La plus récente itération de la série Metal Gear, par exemple, nous replonge dans l’Afghanistan des années 1980. On y a donc intégré des chansons d’époque, de Billy Idol à Kajagoogoo, en passant par Europe et Hall and Oates, exposant ainsi de nouvelles générations à des classiques d’il y a trente ans. Et on n’a pas encore parlé des jeux strictement musicaux, comme Rock Band et Guitar Hero. Bien que leur popularité décline d’année en année, ils ont permis à des artistes historiques de développer de nouveaux marchés. Aerosmith, par exemple, a connu plus de succès avec l’édition spéciale de Guitar Hero qu’avec ses albums, qui se sont pourtant tous écoulés à des millions d’exemplaires!

Les possibilités semblent quasi infinies. Au-delà de la simple chanson, on peut aussi imaginer des collaborations plus approfondies avec certains artistes. « C’est ce qui est arrivé avec Cœur de pirate, qui a signé la musique originale du jeu de Child of Light explique Didier Lord. On pensait que son univers musical cadrait parfaitement avec le jeu. C’est vraiment excitant de travailler avec des artistes de ce calibre: il y a quelques années on avait une super collaboration avec Amon Tobin sur le jeu Splinter Cell. »

Musique d’ambiance, trames sonores, pubs… après des années de vaches maigres, on aurait presque l’impression que l’industrie est sur le point de rebondir grâce à l’immense marché vidéoludique. « Il faut absolument développer de nouvelles avenues, ce qui veut dire qu’on va maintenant commencer à fréquenter le E3 (le Electronic Entertainment Expo, la grand-messe annuelle du jeu vidéo) en plus des événements musicaux auxquels ont est habitués, explique Alixe. Il ne faut pas se laisser abattre par la crise, il faut agir. Quand Michel Bélanger a fondé Audiogram il y a trente ans, on ne peut pas dire que la conjoncture était favorable à l’émergence d’une compagnie de disques, mais il l’a fait parce qu’il y croyait. Il a lancé Nouvelles d’Europe de Paul Piché et ça a décollé, puis il est revenu avec Double Vie de Richard Séguin. »

Comme quoi malgré la crise, on peut tirer son épingle du jeu. Du jeu vidéo, en l’occurrence.

 



COLEMAN HELL

Coleman Hell est un artiste pop à la voix chaude qui pourrait très bien devenir la prochaine sensation du monde de la dance music.

Ayant fait ses premières armes en tant que producteur de hip-hop à Thunder Bay, il s’est ensuite installé à Toronto et a commencé à y créer des chansons destinées aux pistes de danse.

Son plus récent simple, « 2 Heads », a été lancé l’été dernier et a accumulé près de 5 millions de visionnements sur YouTube, en plus d’être en rotation fréquente sur MuchMusic, et la critique et le succès populaire ont également été au rendez-vous pour saluer cette pièce.

Explorant de nouvelles avenues pour élargir ses horizons, Coleman Hell a incorporé des éléments de deep house et des « riffs » de banjo afin de faire sentir sa présence sur les palmarès pop.

Son prochain album devrait paraître en 2016.

AARON GOODVIN

Aaron Goodvin joue de la musique depuis très longtemps. Il a participé à des concours de chant dès l’âge de 12 ans et est devenu auteur-compositeur professionnel à 18 ans.

Après avoir visité Nashville à plusieurs reprises pour peaufiner son talent, il a signé une entente d’édition avec Warner Chappell Music et a commencé à créer des chansons pour d’autres artistes, dont notamment le succès multiplatine « Crash My Party » de Luke Bryan.

Aaron a néanmoins tenu à lancer un album à titre d’artiste solo et le résultat fut Knock On Wood, paru en 2015.

« Je suis vraiment excité, car 2016 sera l’année où les gens entendront enfin la musique que j’ai voulu faire toute ma vie », dit-il. « J’ai vraiment très hâte de prendre la route pour faire connaître mes chansons et me faire de nouveaux amis. On se voit par chez vous?! »

Aaron Goodvin lancera de nouvelles chansons au printemps 2016.

SAMANTHA MARTIN

Samantha Martin est une auteure-compositrice torontoise, mais on vous pardonnerait de croire que sa voix et ses compositions pleines de soul proviennent du Sud américain.

En compagnie de son groupe Delta Sugar, leurs chansons country à saveur blues et roots ont fait bien des vagues, ne manquant pas d’impressionner les auditoires du circuit des festivals, dont notamment aux festivals folk de Calgary et Vancouver, au Salmon Arm Roots & Blues Festival, au Dawson City Music Festival ainsi qu’au Summerfolk Festival.

Rien ne semble pouvoir l’arrêter depuis le succès critique et populaire de son plus récent album, Send The Nightingale, lancé en février 2015.

« Nous sommes déjà prêts à reprendre la route des festivals au Canada, incluant le StanFest, en juillet », confirme l’artiste. « Je suis très fière du momentum que Send The Nightingale a créé en 2015 et j’espère de tout cœur continuer à bâtir sur son succès. »



Tout est une question de connexion.

Lorsque la SOCAN a mis sur pied la première édition de son camp de création Kenekt en septembre 2015 aux Shobac Cottages, en Nouvelle-Écosse, le principe était tout simple : permettre à des créateurs à des producteurs de créer des liens créatifs et, en fin de compte, à créer des œuvres qui puissent toucher un vaste auditoire. Ce mandat a été atteint et les liens personnels créés à cette occasion semblent voués à porter leurs fruits dans la carrière des participants.

Nos collègues de Words & Music ont voulu savoir, ce que Sophie Rose, Levi Randall ainsi que Young Wolf Hatchlings ont pensé de leur expérience et des chansons qui en sont issues, dans leurs propres mots.

SOPHIE ROSE

Sophie RoseSophie Rose (à gauche) est une captivante auteure-compositrice-interprète d’à peine 16 ans et la création musicale est sa seule priorité depuis deux ans, moment où elle a signé une entente d’édition conjointe avec Prescription Songs et la très réputée auteure-compositrice Ester Dean. Prescription Songs a depuis proposé les chansons de Sophie issues de son passage au camp à des artistes telles que Rihanna, Selena Gomez, Ellie Goulding, Pia Mia et Hailee Steinfeld. Depuis qu’elle a signé cette entente d’édition, une des chansons de Sophie, « Friends Forever », une pièce qu’elle aproduite elle-même, a été entendue dans une publicité nationale pour la campagne Stand Up To Cancer de MasterCard. On lui a par la suite demandé d’écrire une chanson thème pour la télésérie Guidance produite par Awesomeness TV, et sa pièce « Attention » a reçu un accueil plus que favorable.

Pour Sophie, la chance de participer à Kenekt a semblé venir de nulle part. « J’ai rencontré Chad Richardson [le directeur du bureau de la SOCAN à Los Angeles et idéateur et organisateur de Kenekt] et il m’a invité à participer au camp », explique la jeune artiste. « D’instinct, ma première réaction a été “la Nouvelle-Écosse, c’est trop loin, je ne vais pas là.” Mais Chad m’a dit, “je te promets que ça va changer ta vie si tu y participes”. Je ne pouvais pas refuser. Et ça a bel et bien changé ma vie. »

Sophie Rose avait déjà participé à un camp de création à Los Angeles, mais, dit-elle, « ce n’était que deux jours en studio. Ça n’a rien à voir avec le fait de se rendre ailleurs, dans un environnement pareil. »

L’environnement naturel à couper le souffle où se déroulait le camp Kenekt et l’approche collaborative du camp de création ont certainement inspiré Sophie. « Je n’avais pas d’idées précises quand je suis arrivée là-bas, mais l’endroit m’a incroyablement inspirée », dit-elle. « Chaque soir, lorsque venait le moment de jouer la chanson que nous avions créée ce jour-là aux autres participants, j’avais déjà une tonne d’idées pour le lendemain. »

« Je crois vraiment que les meilleures chansons sont le fruit d’un travail d’équipe et que la même énergie anime tous ses créateurs. C’est comme ça que ça se passait au camp, tous les jours. » – Sophie Rose

La formule interactive lui plaisait d’ailleurs beaucoup. « C’est tellement fréquent, à L.A., d’écrire une chanson, de l’envoyer à un producteur, et la réponse n’est pas du tout le genre d’expérience que vous espériez », raconte Sophie. « Je crois vraiment que les meilleures chansons sont le fruit d’un travail d’équipe et que la même énergie anime tous ses créateurs. C’est comme ça que ça se passait au camp, tous les jours. »

Elle cite en exemple la création de la chanson « Take My Breath ». « J’ai eu l’idée d’un couplet tard la nuit précédente. Je l’ai enregistrée sur mon téléphone et je l’ai fait écouter aux autres le lendemain. Nous sommes partis de cette idée et le reste de la chanson a été le fruit d’un véritable effort de collaboration. Je l’ai écrite avec Michael Bernard Fitzgerald et Dave Thomson, nous étions tous confortablement installés sur un divan et nous échangions des idées et des titres. Lorsque je l’ai joué aux autres le soir venu, Chad s’est écrié “Ça, c’est un hit. Envoie ça à ton éditeur tout de suite?!” Je l’ai envoyée et ils m’ont répondu immédiatement qu’ils l’adoraient. Ils l’ont envoyé à une tonne de gens dans l’espoir d’un placement. »

Sophie Rose fonde également beaucoup d’espoir sur une autre de ses créations issues du camp : « Hands High ». « Le processus de création de cette chanson est un de mes plus beaux souvenirs du camp », se remémore-t-elle. « Je l’ai écrite avec Fredro et David Myles. On n’est partis de rien, personne n’est arrivé avec une idée de départ. Fredro a construit ce rythme vraiment fou et nous avons bâti le reste de la chanson autour de son “beat”, aucun autre instrument. »

La chimie créatrice entre David et Sophie s’est poursuivie après le camp. « Quelques semaines plus tard, David participait à une vitrine ici à L.A., au Capitol Building », poursuit-elle. « Chad, moi, et nos mamans sommes allés ensemble, et le jour suivant, David m’a rendu visite et nous avons créé une nouvelle chanson. » Depuis le camp, Sophie a également collaboré avec Fredo, Levi Randall, Heather Longstaffe, ainsi que Young Wolf Hatchlings. « Lorsque les gars de YWH sont venus à L.A. après le camp, j’ai commencé à travailler sur une nouvelle chanson avec eux et une autre artiste avec qui je collabore parfois, Jackie Young. »

LEVI RANDALL (VACAY)

Levi RandallParmi les autres participants au camp Kenekt se trouvait également l’auteur-compositeur et acteur torontois Levi Randall (à gauche) qui utilise actuellement le nom de scène de Vacay. Il a auparavant été le chanteur de Cardinals et The Juliets, des groupes pop rock ayant connu un certain degré de popularité et qui ont effectué des tournées d’un bout à l’autre du pays.

Levi a décidé de tenter sa chance en tant qu’artiste solo et il croit lui aussi que le camp Kenekt a « changé sa vie ». « Ce fut une des plus belles semaines de ma vie et une des expériences les plus formatrices de ma carrière », affirme l’artiste. « Je ne pourrai jamais assez remercier Chad et la SOCAN de m’avoir donné une chance. »

Deux des chansons qu’il a coécrites lors du camp se retrouveront sur son prochain EP à paraître à l’été 2016. « Shaky Hands » a été coécrite avec David Thomson et David Myles, tandis que « The Other Side » a été écrite par Carole Facal (Caracol) et Drew Scott. « Ces deux chansons correspondent vraiment à la direction que je veux prendre », poursuit-il. « J’ai déjà enregistré les deux pièces, et j’ai demandé à Drew et Carole de chanter des chœurs pour “The Other Side”. »

Les trois autres pièces du EP signé Vacay seront des compositions solo originales. « Quand on travaille seul, on peut accorder autant de temps qu’on veut à une chanson, explique Levi Randall, mais j’ai également les collaborations, car cela permet d’avoir une perspective différente sur la musique et les paroles. »

« Le camp de création Kenekt fut une des plus belles semaines de ma vie et une des expériences les plus formatrices de ma carrière » – Levi Randall



Dans son cas, sa présence de plus en plus fréquente en tant qu’acteur à la télé lui permettra d’attirer l’attention sur sa musique. On a pu le voir dans la populaire série télé The Next Step et il a également décroché un premier rôle dans la série Lost & Found Music Studios qui s’articule autour du monde de la musique. La série a été présentée au Canada sur Family Channel et sera disponible mondialement via Netflix dès mai 2016. « Ce sera une excellente vitrine », croit Levi Randall. « J’espère surtout que les fans de l’émission s’intéresseront à ma musique. Je suis fier de cette série, mais je crois qu’il est mieux que je garde une certaine distance entre mon métier d’acteur et celui de musicien, c’est pour ça que j’ai choisi le pseudo de Vacay. »

Depuis son passage à Kenekt, Levi Randall a de nouveau collaboré avec Drew Scott ainsi qu’avec Ash Koley. « J’ai appris tant de choses au camp », raconte-t-il. « Lorsque j’écrivais en compagnie de Anjulie [Persaud], il m’a appris a laisser paraître un peu de vulnérabilité dans mes paroles. C’est facile de se prendre au jeu de vouloir être cool, et il m’a appris que c’est cool d’être vulnérable. On ne fait pas de la musique pour être cool, mais pour établir une connexion avec les gens. »

Levi précise : « je suis avant tout un musicien. J’ai le jeu d’acteur, mais pas avec autant de passion que la musique. Pour moi, c’est un tremplin vers ce que je désire plus que tout : écrire des chansons qui touchent les gens. » Et si ces chansons sont chantées par d’autres, cela ne lui cause aucun souci. « La majorité des pièces que j’ai coécrites au camp ne correspondent pas à ce que je fais en ce moment, alors ça me ferait vraiment plaisir si d’autres les chantaient », avoue-t-il.

YOUNG WOLF HATCHLINGS

Young Wolf Hatchlings, Jarrel Young, YWHYoung Wolf Hatchlings a aussi connu un certain degré de notoriété avant de participer au camp. Ce duo torontois d’auteurs-compositeurs-producteurs composé de Jarrel Young (à gauche) et Waqaas Hashmi ont connu un immense succès en 2015 alors que le simple « Uma Thurman » qu’ils ont coécrit avec le groupe américain Fall Out Boy a été certifié double Platine. Young Wolf Hatchlings a également été finaliste au MuchMusic Video Awards pour sa chanson « You Lovely You », un simple qui avait été lancé par Universal Canada.

Malgré cela, pour YWH, le camp Kenekt était une première expérience du genre, et Jarrel Young affirme que ce fut une des meilleures expériences de sa vie. « C’est un environnement super amical, mais également un peu compétitif », explique-t-il. « Chaque soir, on se réunissait et tout le monde jouait ce qu’ils avaient composé cette journée-là. Nous étions sans doute les producteurs les moins expérimentés du camp, et nous voulions bien paraître devant tous ces gens. Chaque jour, nous tentions de nous surpasser. »

Jarrel Young aussi mentionne l’environnement naturel du camp comme source d’inspiration, en plus du fait que « tout ce que nous avions à faire, c’était de créer du matin au soir… Et ce que j’en ai retiré de plus important, c’était la confiance de savoir que nous sommes capables de nous surpasser encore plus que nous le croyions. » Cette atmosphère axée sur la collaboration a vraiment plu à Jarrel Young et Waqaas Hashmi. « J’aime particulièrement travailler avec d’autres artistes en personne, dans la même pièce, réaliser des trucs ensembles », d’expliquer Young. « C’est dans de telles circonstances que nous avons eu le plus de succès et nous avons tenté de reproduire l’expérience après le camp également. »

« Tout ce que nous avions à faire, c’était de créer du matin au soir. » – Jarrel Young de Young Wolf Hatchlings

Concrètement, YWH est reparti du camp avec trois pièces solides. « Where Ever You Are » a été coécrite avec Caracol et Sophie Rose. « Nous avons tenté de la placer un peu partout », explique Young. « Nous sommes convaincus qu’elle pourra être utilisée à bon escient?; c’est une excellente chanson avec un message positif. » « 91 Days » a quant à elle été créée en compagnie de David Myles et Anjulie Persaud et Young croit qu’« elle se retrouvera sans aucun doute sur le EP qui suivra celui que nous prévoyons lancer au printemps 2016. Cette chanson a une énergie incomparable. » La troisième co-création s’intitule « Stay True » et est le fruit du travail avec Michael Bernard Fitzgerald et Ash Koley et elle sera lancée sur étiquette Ultra. « Celle-là est sortie toute seule », se remémore Young. « Michael rappe sur la chanson, même s’il est avant tout un chanteur folk. »

Young Wolf Hatchlings a également collaboré avec Sophie Rose dans la foulée du camp. « Nous sommes vraiment excités par ces chansons », poursuit le jeune producteur. « Sophie est incroyablement mature et c’était vraiment chouette d’être dans un tel environnement et de pouvoir observer comment elle travaille.

À mon avis, les chansons issues du camp ont aidé à donner un élan à notre carrière, dans la mesure où nous en avons retiré des chansons qui ont un potentiel commercial élargi. Pour des producteurs EDM comme nous, ça a ouvert beaucoup de portes. Pas seulement pour notre carrière, mais pour nous en tant que personne — ça permet de démontrer qu’on est capables de sortir des limites de l’EDM et de faire de la musique qui peut plaire à un vaste auditoire. »

Visiblement, les chansons et les liens créatifs qui ont été créés lors du Kenekt Song Camp porteront des fruits pour de nombreuses années à venir. À suivre?!