Sur In Copula, Ebril trouve une forme de liberté et nous entraîne dans un voyage sonore entre le lever et le coucher du soleil en explorant les relations entre la flore et la faune. En se reconnectant ainsi à la nature et à elle-même, elle nous offre un album intime et texturé où s’entremêlent folk, lo-fi et shoegaze avec une instrumentation acoustique et électrique qui créent un tout cohérent et immersif aux accents ambient.

Ebril a lancé In Copula en janvier 2025 et dès l’été, l’onirique Stranger in You est devenue virale, inspirant plus de 240 000 créations et générant plus d’un milliard de vues sur l’ensemble des plateformes médiatiques. Elle a dépassé les 10 millions d’écoutes à l’échelle mondiale sur les plateformes numériques, et In Copula cumule maintenant plus d’un million d’écoutes hebdomadaires uniquement sur Spotify. Le 10 novembre 2025, Billboard Canada a annoncé qu’Ebril avait signé un contrat avec Universal Music Canada. (Son premier album, Portals, est paru en 2020.)

Ebril a réalisé ce projet entièrement seule – écriture, interprétation et enregistrement – dans le confort de sa chambre, à l’exception de quelques enregistrements sur le terrain où elle a capté des sons de la nature et même des marchés de rue bondés de gens en Jordanie.

« J’avais un tel besoin de faire de la musique que j’ai décidé d’apprendre, » raconte-t-elle. « J’ai appris à créer des rythmes simples grâce à des tutoriels sur YouTube, en utilisant GarageBand. Je voulais devenir productrice. Je ne voulais pas être chanteuse ou autrice-compositrice. » Une enseignante locale a aussi joué un rôle important dans le développement de ses compétences.

« Quand j’ouvre ma fenêtre, c’est comme si j’ouvrais mon cœur »

Élevée dans une famille stricte et religieuse, Ebril, 22 ans, mieux connue de ses parents sous le nom de Huda Al-Hamami, n’était pas autorisée à sortir après l’école. Elle a trouvé du réconfort dans sa guitare et son ordinateur, créant de la musique dans sa chambre tout en se connectant au monde extérieur à travers Internet et e observant la vie autour d’elle par sa fenêtre ouverte. Elle décrit cette expérience comme une « boucle de rétroaction positive ».

« Je voulais que ça sonne comme si j’étais dans ma chambre et c’est pour ça que je l’ai enregistré dans ma chambre, » dit-elle. « Je ne sais pas comment l’expliquer, mais quand j’ouvre ma fenêtre, c’est comme si j’ouvrais mon cœur. Le son du monde qui m’entoure passe à travers moi, comme une forme d’échange. C’est ce que je voulais que l’album reflète. »

In Copula est truffé de références à la nature et de métaphores scientifiques, reflet de sa fascination pour les relations et les interactions qui façonnent le monde. Le titre est tiré d’un terme biologique latin qui signifie « connexion ». Son intérêt pour la science n’a rien d’étonnant, puisqu’elle a étudié en environnement à l’Université McMaster.

Mais qu’est-ce qui a propulsé la chanson virale, l’album et son succès fulgurant? L’amour.  Stranger in You  raconte une amitié d’enfance qui s’est transformée en histoire d’amour à l’université. Même si Ebril a tout fait pour aimer cette personne malgré l’éloignement qui s’est installé entre eux, la relation n’a finalement pas fonctionné. Mais comme elle le dit si bien « aimer, ça vaut toujours la peine. Ce n’est jamais du temps perdu, même si cet amour n’est pas partagé, parce que ton amour existe indépendamment de tout le reste. Il vient de toi. Il parle de toi, et il dit qui tu es. »

Ebril, StrangerI In You, video

Cliquez sur l’image pour démarrer le vidéoclip de la chanson Stranger in You d’Ebril

In Copula est un bouquet de chansons qu’Ebril a écrites entre 15 et 20 ans, empreintes de nostalgie, d’espoir et d’une douce innocence. Même si elles ont été composées sur plusieurs années, leur sens profond se résume bien dans une ligne tirée de Sugar Maple.

« Il y a une phrase qui, je crois, résume bien l’émotion de l’album au complet : « ’It’s hard to be like a tree / And stand tall for the birds / To sit upon and sing / Their pretty songs to me » [LIBREMENT : « C’est dur d’être comme un arbre / De tenir bon pour les oiseaux / Qui viennent s’asseoir et chanter / Leurs jolies chansons pour moi »] Après une courte pause, elle ajoute « tu comprends, ça c’était moi à 16 ans qui avais tellement envie d’avoir des amis. J’aurais aimé être un érable à sucre avec cette sève sucrée où tous les oiseaux ont envie de se poser. Je me sentais tellement seule. »

Ebril est née en Irak, mais à l’âge de deux ans, la guerre a poussé sa famille à déménager en Jordanie, où ils ont vécu de nombreux moments heureux. Ils ont ensuite émigré au Canada lorsqu’elle avait neuf ans. La famille retournait souvent en Jordanie, et à la fin de chaque séjour, Ebril avait le cœur brisé. Mais après une pause de quatre ans, elle savait que son retour, à 20 ans, aurait une tout autre signification.

« Je savais que je n’allais pas me sentir chez moi », confie-t-elle. « J’allais me sentir comme une étrangère là-bas, même si je me sens toujours un peu étrangère au Canada, mais un peu moins maintenant, parce que j’ai trouvé une communauté ici. » Ce tiraillement émotionnel s’exprime dans sa chanson Anticipate Heartbreak. « Je m’attendais à cette peine, à ce que mon pays d’origine me devienne étranger, d’une certaine façon. »

Elle parle avec beaucoup d’enthousiasme de son processus créatif : « Parfois, les chansons se téléchargent toutes seules, elles viennent de quelque part, et dès que je touche à ma guitare, elles jaillissent toutes seules. Parfois, c’est aussi simple que ça. Ça coule comme de l’eau. J’ai l’impression que quand tu es vraiment à l’écoute de toi-même, de ton intuition, ton subconscient sait quelque chose que tu ne sais pas encore consciemment, et c’est grâce à l’art que tu arrives à l’exprimer. »

« Parfois, les chansons se téléchargent toutes seules, elles viennent de quelque part »

Les voix, qu’elles soient à l’avant-plan ou à l’arrière-plan, sont toujours la dernière étape de la production. « Enregistrer les voix, c’est assez difficile pour moi, tout simplement parce que mon installation change tout le temps et que je n’enregistre pas en studio, » explique-t-elle. Ebril enregistre et mixe ses morceaux tout en entendant les mélodies vocales dans sa tête. « Quand je produis une piste, puis que je chante par-dessus et que je me rends compte qu’il y a des éléments qui entrent en conflit avec la voix, je les enlève, » dit-elle. Elle écrit une chanson à la fois, jusqu’à ce qu’elle ressente une forme d’euphorie, un signe que la chanson – ou l’album – est achevée.

La musique est une passion de longue date pour Ebril. « Je pense qu’on apprend continuellement, ça ne s’arrête jamais, » dit-elle. « Parfois, j’ai des rêves qui dépassent mes compétences, même aujourd’hui, mais ce n’est pas une mauvaise chose. J’ai travaillé très fort pour arriver à reproduire aussi fidèlement que possible ce que j’entends dans ma tête. »

La fille, devenue jeune femme, qui faisait de la musique dans sa chambre cherchait un moyen de créer des liens et de trouver un sentiment d’appartenance. Comme elle le dit à propos de In Copula : « J’ai construit le monde dont j’avais besoin. »