Peu de gens ont la chance d’apprendre d’un véritable maître, mais le musicien, compositeur et producteur Mikel Hurwitz a eu cette chance à deux reprises.

Il n’utiliserait peut-être pas ces mots, mais après avoir choisi de composer des musiques de film comme profession et avoir eu la chance d’observer deux géants de l’industrie — John Welsman et Danny Elfman — au travail a complètement changé son plan de carrière, lui faisant délaisser le monde de la politique latino-américaine pour un univers de sons. Étant lui-même un compositeur primé (pour Ron Taylor : Dr Baseball, un documentaire sur le lanceur qui est devenu le médecin d’équipe des Blue Jays de Toronto) originaire de Toronto, Hurwitz habite maintenant Los Angeles et travaille comme « assistant technique à la bande-son » pour Elfman, ce qui l’a mené à travailler sur des films comme Justice League, Fifty Shades Darker, et les nouvelles versions de The Grinch et Dumbo.

Les heureux hasards jouent un grand rôle dans la vie de Hurwitz. Bien qu’il ait toujours eu un intérêt et des aptitudes pour la musique, il a quitté Toronto à l’âge de 19 ans pour étudier à l’université de Colombie-Britannique où il a obtenu un diplôme en géographie politique et études latino-américaines. Pendant ses études à Vancouver, Hurwitz jouait dans un trio jazz tous les samedis soirs. « J’aurai pu m’inscrire à une mineure en musique, mais l’école de musique de la UBC était très “conservatoiresque”, très sèche. » Ses études l’ont mené à devenir observateur des droits de la personne durant les soulèvements sociaux qui ont secoué Oaxaca, au Mexique, en 2006. « C’était une période de bouleversements politiques assez intenses », se souvient-il. « Je travaillais pou un groupe de droits de la personne indigène. C’était les premiers balbutiements de YouTube et ils réalisaient tous ces petits documentaires. Je les aidais à réaliser leurs vidéos, et ils avaient également besoin de musique. »

Ce fut le moment du premier de ces heureux hasards. Le hasard a voulu que John Welsman, l’actuel président de la Guilde des compositeurs canadiens de musique à l’image et l’un des maîtres maintes fois primé de son art, fût un ami de la famille et avait remarqué le talent musical de Hurwitz alors qu’il n’avait que 15 ans.

« Il m’a invité à l’une de ses sessions orchestrales. C’était la première fois que je voyais comment se déroule ce processus », se souvient Hurwitz. Ce souvenir est demeuré en veilleuse pendant des années, jusqu’à ce que l’opportunité de composer une bande-son se présente à Oaxaca. C’est après son deuxième heureux hasard que, comme il le dit, « ce truc avec la musique peut se marier heureusement à mes activités philisophico-politiques. » L’expérience a changé sa vie d’une telle manière que, quatre ans après avoir obtenu son diplôme de la UBC, Hurwitz a changé de côte et de carrière ; il s’est installé à Boston pour étudier à la Berklee School of Music et il y a obtenu son baccalauréat en composition de trame sonore. Il a depuis travaillé sur des campagnes publicitaires d’envergure nationale, des longs métrages, la télévision et le théâtre, en plus de collaborer avec d’autres compositeurs et producteurs très en vue.

Les leçons d’Elfman

Hurwitz travaille avec Danny Elfman — gagnant de deux prix Emmy, d’un Grammy et nommé quatre fois aux Oscars — depuis trois ans et sept films. Lorsqu’on lui demande quelles leçons il a apprises et dont il se sert dans son propre travail, il en nomme trois.

« La première grande leçon est plutôt ennuyeuse. C’est d’organiser ses fichiers. Sa carrière a connu toutes les variantes technologiques. Il a commencé dans les premiers temps des démos orchestraux alors que c’était possible d’utiliser un échantillonneur, un million de câbles et de modules d’effets, et on pouvait enregistrer un démo orchestral sur une console quatre pistes ou huit pistes à l’aide des premiers Macintosh. » Le premier mandat que Elfman a confié à Hurwitz fut de compiler la banque de sons accumulée au fil des décennies. Ça m’a beaucoup appris, parce que je sais maintenant comment organiser mes choses pour que dans 20 ou 30 ans, si j’ai la chance d’avoir une carrière aussi longue, je puisse retrouver facilement un truc de mes débuts et me dire « Ah ! c’est là que ça se trouve ! » »

La deuxième leçon ? « Nous vivons à l’époque de l’autotrame, une époque dominée par le modèle Hans Zimmer qui comporte très très peu de mélodies et beaucoup de rythmes et de design sonore », explique-t-il. « La trame sonore mélodique est encore là, mais elle n’est pas tendance en ce moment. Malgré tout, Danny a conservé sa capacité à composer des trames mélodiques pour de gros films de super héros, et ça marche, c’est pertinent même pour un public moderne. Ça relève un peu du génie, et c’est vraiment intéressant, pour moi, de voir où tout ça va aboutir. »

« La troisième leçon est également musicale et elle m’est venue après avoir écouté des démos de ses trames sonores et musiques de concert. Ça m’a encouragé, du point de vue de mes propres compositions, parce que j’ai réalisé que tout a un point de départ. On a l’habitude d’entendre le produit final du travail d’un compositeur. C’est un orchestre complet, c’est bien mixé, il y a des tonnes d’éléments d’orchestration vraiment intéressants. On ne réalise pas que tout ça a commencé par une esquisse au piano, une idée toute simple. J’ai une chance inouïe de pouvoir entendre ces germes d’idées. Ce que j’ai appris, c’est de respecter mes propres germes d’idées. Avant de travailler pour lui, j’avais une idée, puis je prenais une certaine distance avant de me dire “c’est de la merde” et passer à autre chose. Je ne considère désormais plus jamais un morceau de musique que j’écris comme étant insignifiant, car il y a toujours moyen de le faire passer au niveau supérieur grâce à la production, l’orchestration, au mixage et à la composition. Ça m’a permis d’en apprendre plus et de respecter mon processus. »

Il n’utiliserait peut-être pas ces mots, mais après avoir choisi de composer des musiques de film comme profession et avoir eu la chance d’observer deux géants de l’industrie — John Welsman et Danny Elfman — au travail a complètement changé son plan de carrière, lui faisant délaisser le monde de la politique latino-américaine pour un univers de sons. Étant lui-même un compositeur primé (pour Ron Taylor : Dr Baseball, un documentaire sur le lanceur qui est devenu le médecin d’équipe des Blue Jays de Toronto) originaire de Toronto, Hurwitz habite maintenant Los Angeles et travaille comme « assistant technique à la bande-son » pour Elfman, ce qui l’a mené à travailler sur des films comme Justice League, Fifty Shades Darker, et les nouvelles versions de The Grinch et Dumbo.