Dans la foulée des sorties d’albums francophones de l’automne – et la saison est assez faste, merci – un album qui ressort du lot quant à sa direction artistique est sans contredit le surprenant Cordoba de Hugo Mudie. Ferré dans le milieu musical à titre de leader des formations The Sainte Catherines ou encore Yesterday’s Ring, Mudie y va d’une première proposition solo qui détonne des racines musicales qu’on lui connait – tout en gardant ce ton, sarcastique et décalé, qui lui colle à la peau depuis ses débuts.

« C’est probablement l’album qui me représente le plus parce qu’il est sans compromis. C’est la première fois que je peux être ce que j’ai toujours voulu être. Mes chums proches me reconnaissent quand même beaucoup en ce sens… J’ai toujours été un peu plus fucked up et ouvert sur les genres que la moyenne, je pense », raconte le principal intéressé.

Pop Goes La Vie

Hugo MudieNommons les choses comme il se doit : Mudie s’aventure sur des terrains pop qu’on ne lui prêtait pas nécessairement jusqu’ici. « Je ne sais pas si on parle d’un statement pop… De mon côté, c’est venu très naturellement. J’ai toujours écouté beaucoup de musique pop et j’ai toujours basé mes compos sur les mélodies, même avec mes bands. À la différence que c’était exécuté de façon agressive ou country selon les projets pour lesquels j’écrivais. »

En plus de quoi, l’auteur-compositeur se gavait de rap durant l’essentiel de l’écriture et l’enregistrement de la galette. De Kanye West à Chance The Rapper, en passant par Young Thug, notamment : « J’adore la façon avec laquelle ils essaient des trucs au niveau du son, il y a une vraie grande recherche. J’ai l’impression que le genre se renouvèle aux six mois, c’est fou. »

Cela dit, le « naturel » revient au galop le temps de quelques ellipses, sur les titres Ferme ta radio ou Tofu dogs où Mudie renoue avec les consonances punk/hardcore qui l’ont fait briller à ses débuts : « J’ai voulu aller dans du pur Minor Threat ou Dead Fucking Last » et j’aime l’idée d’en garrocher une ou deux sur le lot qui sont complètement punk, comme Beastie Boys le faisait à l’époque. »

Ajoutez à la sauce une grosse dose de Wavves de même que Beach House et vous aurez une idée du côté polyglotte de ce qui vous attend. « C’est un peu ma tentative à faire du Beach House, au fond. » Voilà qui est réglé.

Signant une première réalisation officielle, Alex Ortiz de trio We Are Wolves, est derrière le projet : « Je ne le connaissais pas, et il n’avait jamais fait ça. J’aimais beaucoup ce qu’il faisait avec WAW et sa personnalité semblait musicalement aussi éclatée que la mienne. Dès la première rencontre, la connexion s’est faite et ç’a été écœurant comme collaboration. »

Punk un jour…

Et si la sortie bénéficie d’une belle tribune – Livre d’or est en rotation sur quelques réseaux commerciaux –, l’homme fait aussi quelques vagues du côté médiatiques où il déambule à titre de chroniqueur sur les plateformes d’ICI Première, Urbania et VICE, notamment. Invité à titre de chroniqueur « industrie » plus souvent qu’à son tour, Mudie y allait d’une chronique d’opinion sur le rôle de la critique qui a récemment  mis le feu aux poudres.

En cette ère où les médias sociaux prennent l’essentiel de la place dans l’imaginaire collectif, la pertinence de la critique peine un peu à trouver sa juste place. Et les réactions furent, pour le moins, aussi colorées que la chronique d’où elles sont nées : « Je ne m’attendais tellement pas à ce que ça réagisse aussi fort ! Il y en a quelques-uns qui ont carrément refusé de parler de mon album… En même temps, je trouve ça mieux qu’un pur désintérêt. Ce qui me motive depuis toujours, c’est les trucs qui dérangent. »

Et pour être bien clair : « Même la critique positive me fait chier, je la lis en me disant que son auteur n’a jamais fait de musique. Je persiste à le croire et ça m’enrage par bouts. Et le Québec est si petit, tout le monde est ami, ça me rend fou quand j’y pense trop. Et tout ça, c’est ma vraie personnalité, je n’y pense pas tant avant de me commettre. Pour le monde qui me connaisse, je suis comme ça depuis toujours. À l’école, on me disait que j’étais un leader négatif. Lorsque j’étais au programme de sport études, ma professeure m’avait dit un jour : ‘Tu n’es pas un hockeyeur, tu es une rockstar’, apparemment, elle avait vu assez clair. Et arrive dans la vie le moment où ton gros caractère, tu choisis de la célébrer ou d’en avoir honte. Et si tu nivèles vers le bas, tu vas te sentir mal. Au final : ceux qui m’aiment me suivent. » Autre dossier de réglé.

Et pour ponctuer les quelques accroches de notre guerrier : « C’est le début de ma carrière, j’ai déjà des tounes pour la suite des choses. Le chanteur dans des bands infinis a raccroché ses patins pour l’instant et je ne veux plus avoir à me justifier sur le style que je choisis. Si je veux faire de la défonce, du country ou de la pop, ce sera comme ça, point. » Tenez-vous-le pour dit.